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Cuisine reconstituée - Musée
Saunière de Rennes-le-Château |
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C'est avec un très
grand plaisir que je retrouve le chemin de la
création d'articles courts dédiés au mystère de
Rennes-le-Château. La faute d'une aussi longue
absence incombait à un logiciel sur lequel je
composais mes pages qui ne fonctionnait plus avec
le passage de mon Mac de 32 à 64 bits et il m'a
fallu beaucoup de temps pour trouver un remplaçant
acceptable !
Voilà qui est chose faite. Reine du Midi a déjà plus de treize années d'existence depuis que je publiais mon tout premier article sur le fameux faux sautoir maçonnique de Bérenger Saunière. Le temps passe si vite ! Bonne lecture à tous. |
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"La multiplication des pains" |
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Beaucoup de chercheurs, lorsqu'on les
questionne sur la source potentielle de la fortune de
l'abbé Saunière, refusent de croire qu'elle ne s'est
constituée qu'avec un trafic de messes. Et ils
ont raison ! Car c'était bien loin d'être la seule
source de revenus de l'entreprenant curé de
Rennes-le-Château. Je vous propose donc un petit
récapitulatif de son incroyable activité. |
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1 - Les
vignes du seigneur |
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Caves des vins Oliver,
fournisseur de l'abbé Saunière
(Doc. Coll.
Christian Attard)
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A tout seigneur, tout honneur
commençons pas le vin que notre fier curé ne
consommait pas que sous sa
forme liturgique. Sa famille possédant quelques
vignes, on le voit proposer à certains amis une remise
de dettes en échanges de tonneaux. Mes amis François
Pous et Jean Lucain dans
une très belle étude consacrée aux rapports
entre Saunière et le célèbre statuaire toulousain
Giscard ont même démontré que c'était devenu un moyen
récurrent de paiement ! |
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2 - Le club
des marchands de messes |
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L'abbé Eugène Prévost
(Doc. Coll.
Christian Attard)
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J'ai pu, par une série d'articles
publiés sur ce site, démontrer l’affiliation de
Bérenger Saunière à une "Association Sacerdotale"
montée par un prêtre canadien du nom d'Eugène
Prévost . Ce dernier mit au point un système
qui lui permettait de redistribuer des messes qu'il
captait grâce à la notoriété immense de son groupe
puis redistribuait à des prêtres associés. Ce
qu'était Saunière, preuve à l'appui, car sa
correspondance ne laisse aucun doute sur les
rapports qu'il avait avec Prévost. Ce fut l'objet de
mon intervention sur l'excellent
documentaire réalisé par Philippe Brunel et
qui a fait l'objet de plusieurs diffusions télé
notamment sur Canal +. L'abbé Prévost avait en outre
mis au point une "réduction"
des demandes de messes afin de ne pas avoir à
multiplier ses offices, pratique qu'adopta aussi
Bérenger Saunière. Immensément riche, le prêtre
canadien investit dans l'achat de propriétés sous
prête-nom, ce que fit également Saunière.
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3 - Le démon du jeu |
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I |
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Bérenger Saunière a
toujours été attiré par les jeux
de hasard et si adonnait avec suivi. Le gros
problème fut que les loteries furent interdites en
France pour cause d'immoralité, ce qui ne semblait pas
tracasser outre mesure notre prêtre. Il joua donc hors
de France et pour cela se mit en relation avec une
banque hongroise, la banque Fritz-Dörge qui avait le
monopole de la gestion des gains dans ce pays. Ce
contact fit croire à certains qu'il entretenait des
relations avec des familles royales dans ce pays ce
qui ne fut jamais prouvé. |
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L'ostensoir
d'exposition de l'hostie sacrée de Bérenger Saunière (photo Christian Attard) |
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4
- L'appel à l'aide charitable |
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Les notes et
courriers de Bérenger Saunière sont explicites, il a
toute sa vie fait appel à la générosité de ses divers
correspondants. Que ce soit pour ses collections de
cartes postales ou pour décorer et meubler son église.
A son époque existaient de très nombreuses associations de soutien aux paroisses pauvres et on le voit écrire pour demander à ce que lui soient envoyés des linges sacerdotaux ou de la cire ! Ainsi quémanda-t-il quelques objets auprès de "l’œuvre des églises pauvres" ou des "Tabernacles". Sur l'initiative du révérend père Richard de la Compagnie de Jésus, cette association se monta dès 1858 à Angers pour venir en aide aux églises les plus démunies. Ayant à sa tête des personnes de haute condition nobiliaire, l'œuvre se répandit à travers le pays. En 1897, plusieurs courriers échangés par Bérenger Saunière attestent de son intérêt pour cette œuvre. Il a très certainement pu ainsi obtenir du linge d'église, des broderies et autres tissus de décoration. Curieuses demandes qui dénotent soit un esprit d'un étonnante pingrerie soit un manque de moyens qui en toutes choses le fait aller à la négociation et à l'économie. A cela s'ajoute la multiplication des troncs dans l'église qui en compta jusqu'à six et, selon Saunière lui-même, de petites rémunérations obtenues pour ses visites commentées des lieux ! Il n'y a pas de petits profits. |
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5 - Les dons en nature |
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Ma famille, très
pieuse, eut l'honneur de compter plusieurs prélats
dont certains occupèrent des fonctions importantes de
la hiérarchie religieuse. J'ai ainsi pu hériter de correspondances diverses et
variées lorsque cela fut possible (
car dans la plupart des cas, ces documents sont
automatiquement détruits à leur mort) . On a
aujourd'hui du mal à imaginer tout ce que pouvait
recevoir un prêtre de campagne en matière de dons
divers et variés. Outre des fruits, légumes, volailles et viandes (1), les curés de village recevaient également des terres lors d'héritage avec charge de les faire prospérer et d'en percevoir les bénéfices en céréales, par exemple. Le fruit de ces terres devant en principe fournir aux prêtres de quoi dire des messes pour le repos de l'âme du défunt. Ces sommes formaient des "obits" stipulés par testament dont les prêtres gardaient soigneusement copies. Pour éviter les malversations, le comptable du diocèse avait pour charge de relever chaque année un état des propriétés foncières, baux et arrérages de rentes à percevoir ainsi acquis par legs. A tout cela s'ajoutaient les dons en bijoux, argenterie et vaisselle. Et là, nous touchons à un point très sensible de l'enrichissement possible de notre abbé Saunière car il a très bien pu négocier à la revente certaines pièces. C'est ici qu'intervient le mystérieux homme décrit comme l'acheteur ou l'intermédiaire potentiel de ces bijoux : Antonin Schwab, commerçant toulousain. Il est bien évident que ces acheteurs n'allaient pas prendre des pièces beaucoup trop anciennes, objets de musée impossibles à négocier et qu'il était très dangereux de revendre. C'est précisément ce genre d'objets que nous retrouvons exposés dans un certain classeur montré dans le film de Philippe Brunel par une personne qui a longtemps fréquenté le domaine de Bérenger Saunière. Il est aussi fort probable que certaines de ces pièces d'orfèvrerie ce soient transformées en petits lingots dont la revente était impossible en France sans un poinçon d’État. En France, certes mais ailleurs... |
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6 - Petites
productions locales |
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En dehors de nombreux
dons que savait susciter un homme au charisme évident,
il ne faut pas non plus négliger l'activité d'élevage
qu'il développa sur place. Saunière avait emménagé
pour cela plusieurs cages et enclos qui lui permirent
une production de lapins angoras ! Si aujourd'hui 90 % de la production se fait en Chine, à l'époque de Saunière l'élevage était local et son débouché évident : la manufacture de chapeau d'Espéraza qui fit travailler une bonne partie de la famille Dénarnaud. Là encore, pourquoi s'empoisonner à un tel travail pour ne gagner que quelques sous si un trésor est là, à proximité, dans lequel on peut puiser à volonté ? Dans le même registre, on lit son achat et sa revente d'engrais et autres produits phyto-sanitaires, transformant notre prêtre en véritable représentant multi-cartes. |
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7 - Antiquaire de campagne | ||
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Il faut bien en
arriver à des activités bien moins "louables". Parmi
ces dernières, les frères Saunière pratiquèrent la
vente d'objets archéologiques et autres trouvailles de
campagne. Et en cela, nous rejoignons effectivement la
piste de petites découvertes répétées. Là encore, s'il
fut impossible de négocier des pièces trop
caractérisées comme ce pilier futur autel de Notre-Dame de
Lourdes, ou cette dalle
aux chevaliers pourquoi ne pas tenter de
revendre à quelques collectionneurs discrets de
petits objets ? La Société d’études Scientifiques de l'Aude dans ses séances du 10 avril et du 1er Mai 1904 s'indigne contre de telles pratiques : |
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L'attaque est claire
et ciblée ! Alfred Saunière, comme je l'ai démontré dans un article qui dévoilait ses liens et son affiliation à la commission archéologique de Narbonne, a très bien pu être un intermédiaire idéal à ces transactions douteuses. Bérenger a lui, mis fin à ce commerce beaucoup plus risqué que pouvait l'être le revente de quelques bijoux. Il faut prendre en considération que les membres de ces sociétés savantes étaient très bien informés et parcouraient le territoire à l'affut de découvertes archéologiques. Dès 1905, la SESA demanda à l'évêché de Carcassonne de mettre fin à ses petits trafics archéologiques. Ce qui ne veut pas dire qu'ils s’arrêtèrent tous pour autant. On pourrait probablement poursuivre cette énumération des différentes sources de revenus de Bérenger Saunière en dehors des émoluments perçus pour son service. Car ils ne manquent pas : placements à rapports financiers, prêts à usure probablement par l'intermédiaire de l'abbé Gélis qui s'en était fait une spécialité, achat d'actions... Comme on vient de le comprendre, les rapports des messes commandées et non prononcées étaient déjà considérables mais il faut se garder de croire qu'ils ne furent que les seuls pour un homme d'une incroyable activité. |
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Christian Attard - Mai 2020 | ||
1- Josette Barthe : "A la table de l'abbé Saunière" Editions l'oeil du Sphynx. 2011 2- Voir sur les rapports Saunière-Giscard l'excellente étude de MM Lucain et Pous ici : http://www.portail-rennes-le-chateau.com/lucain/giscard.pdf |
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