Autels,
reliques et vieux Piliers |
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Pilier de soutien de l'ancien
maître-autel
de Rennes-le Château,
aujourd'hui placé au musée de Rennes-le-Chêteau dans sa position initiale.
(Photo ch. Attard)
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La
consécration d'un autel répond dans l'église catholique à un rituel
antique bien précis obligatoirement dirigé par un Évêque. En souvenir
des temps anciens où les premières messes étaient célébrées autour
du tombeau des martyrs chrétiens, l'autel de pierre contient
toujours des reliques d'au moins deux saints. C'est selon le rit romain,
une obligation absolue, et ce depuis la naissance des toutes premières
communautés rassemblées dans les églises. (1)
On bénira donc le nouvel autel avec de l'eau grégorienne, on l'entourera
de fumées d'encens et l'on gravera en mémoire des cinq plaies du Christ,
cinq croix sur sa table qui seront bénies avec
l'huile des catéchumènes,
puis avec le saint Chrême.
Les reliques, elles, ont été préparées par l'évêque la veille de la
dédicace. Il les a placées dans un vase digne d'elles et y a déposé
aussi trois grains d'encens. Un parchemin qui certifiera la consécration
de l'autel et la qualité des reliques les accompagnera et sera
obligatoirement muni du sceau pontifical. Une nuit de prières autour de ces reliques est alors célébrée.
Les reliques seront le lendemain placées dans un des piliers supports de l'autel
ou en une cavité sise au milieu du sommet de la base de l'autel et
nommée "sépulcre" (sepulcrum
reliquiarum). Le couvercle de ce sépulcre sera béni lui aussi
avec l'huile du saint Chrême avant d'être scellé d'un ciment également
béni.
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Le "sépulcre" du
pilier de Rennes-le-Château.
On observe le retrait pratiqué sur son pourtour permettant la pose d'un
couvercle de protection des reliques.
Sa dimension autorise la dépose de petites reliques et de
parchemins de consécration.
Sa position atteste donc aussi le placement dans le bon sens (alpa-oméga)
du pilier d'origine.
(Photo ch. Attard)
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Puis la table (tabula) base du saint sacrifice sera placée sur son
support (stipes) et bénie, les quatre jointures du pilier et de la table
seront aussi bénies pour que l'ensemble (table et support) soit
intimement lié.
Chaque partie de la table et de ses supports est oint
d'huile sainte puis le nouvel autel est recouvert des tissus et nappes le
protégeant et qui sont eux aussi bénis.
Une inscription sur l'autel rappellera le saint titulaire de l'autel qui n'est
pas forcément celui de l'église.
Des indulgences sont accordées à ceux qui se prosterneront ce jour de
consécration devant l'autel ou bien à la date anniversaire de cette
consécration.
Sans ces onctions saintes la messe ne peut être prononcée sur le nouvel
autel. (2)
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Sur cette table, vingt cinq grains d'encens répartis sur cinq croix de
cires
seront consumés à leur tour en souvenir de l'embaumement des
plaies du Christ.
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Et la jurisprudence est sévère : un autel qui perd ses reliques perd sa
consécration. Un prêtre qui s'arroge le droit de cette consécration est
passible de déposition.
Au
su de tout ce qui précède, il serait bon de revenir à ce que l'on a
bien voulu nous faire croire à propos de l'abbé Saunière et de la réfection
de son église.
Lorsque Bérenger Saunière, en 1887, fait démolir l'ancien autel de son église
dont on suppose la consécration remonter à 1059 (3), il
va donc obligatoirement trouver des reliques accompagnées d'un
parchemin dans le sépulcre pratiqué dans un des piliers supports. Et cela, les
anciens du village en témoignent. (4)
Ce
n'est donc sûrement pas dans cet endroit, on ne peut plus saint, que furent cachés
de pseudos parchemins codés.
Il ne fut d'ailleurs pas le seul à faire ce genre de re-découverte,
en 1807, en réparant comme le fit
Bérenger Saunière son église, un prêtre de Molay découvrit sous le
maître-autel une boîte en plomb contenant un parchemin qui précisait
que l'autel avait été consacré en l'an 700.
En Belgique, en 1857, c'est le curé de Hour, M. Couvert qui fait don à
un musée d'une coupe en verre trouvée dans le maître-autel. L'année
suivante, c'est le curé Noyon de Mont-Gauthier qui fait don, lui, de deux
custodes à hosties trouvées lors de la réfection de son église dans
les autels et qui contenaient des reliques.
Le fait que Bérenger Saunière ne se soit pas spécialement préoccupé
de ces reliques (c'est son carillonneur qui aperçoit dans les gravas une
petite boite en bois les contenant) démontre que le prêtre ne portait
pas un grande attention à ces points particuliers, mais surtout qu'il ne
fut pas "commandité" comme l'écrivent certains pour rechercher
de quelconques indices de secrets cachés dans cette église.
Enfin certains s'étonnent que Bérenger Saunière déclare dans le
contrat passé aux établissements Giscard que Saint Antoine ermite est,
après Sainte Germaine, le second patron de l'église; peut-être tient-il
cette information du parchemin qui accompagnait quelques reliques
mineures.
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Il
est fort possible que la partie basse du pilier scellée au sol ait eu à
souffrir de la pioche des démolisseurs ce qui pourrait expliquer que trop
endommagée elle ait du être retaillée. Le pilier raccourci et placé à
l'envers portera alors une nouvelle inscription commémorative de la
Mission de 1891 et soutiendra en extérieur une statue de la Vierge de
Lourdes.
Il est fort possible aussi que ce pilier ait eu à sa création une autre
fonction que le soutien de l'autel car on aurait alors trouvé deux
piliers semblables dans cet église (l'autre pilier soutenant l'autel
était brut, aurait dit Bérenger Saunière en 1908 à ses visiteurs.)
Un autre pilier contenant lui aussi un emplacement à reliques fut
découvert sur le domaine mais tout laisse à penser qu'il soutenait lui,
un second autel consacré dans la même église. Car un autel ne peut
posséder deux sépulcres.
Pour ma part, je pense que ce pilier gravé fut
un support de baptistère peut-être présent dans l'église primitive de
Rennes-le-Château avant que celle-ci ne fut dévastée. Car l'Alpha et
l'Oméga qu'il porte rappellent les paroles de l'Apocalypse en 21 :
"Je
suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je
donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement."
Symbolique que les établissements Giscard redonnent à leur groupe
Jésus/Jean du baptistère de la même église se souvenant ainsi des
figurations primitives de l'église byzantine qui gravait aussi ces deux
symboles sur ses fonds baptismaux.
Lorsque Bérenger Saunière place dans son église le nouvel autel,
acheté par Mme Marie Cavailhé aux établissements Monna de Toulouse, il
doit obligatoirement demander sa consécration par son évêque qui suivra
les prescriptions du pontifical indiquées plus haut.
Or, aucun auteur ne relate une telle consécration. Jacques Rivière,
pourtant bien informé, ne mentionne rien
(5). Pas plus que Mgr Jean Rivière qui
dans son ouvrage "La sainteté en pays d'Aude" (6)
n'évoque
de reliques conséquentes en l'église de Rennes-le-Château.
Pourtant Monseigneur Billard a du consacrer cette autel dès 1887 et
connaissait donc Bérenger Saunière ou alors, là encore, le curé de
Rennes a fait "l'impasse" sur des obligations pourtant bien
arrêtées. Ce qui semble fort peu probable.
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L'Alpha et l'Omega sont
aussi présents sur cet ensemble de fond baptismal signé Giscard et
identique à celui de Rennes-le-Château.
(Photo ch. Attard)
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Lorsque Bérenger Saunière déplace la table de son ancien autel
(7). Cette table désolidarisée de son pilier ne peut couvrir
qu'un autel "exécrée". C'est à dire qui a perdu sa
consécration. Ce nouvel autel est appelé autel votif. Sur cette autel la
messe ne peut être célébrée qu'à la condition d'y placer un autel
portatif lui-même consacré selon les mêmes règles indiquées plus
haut. Si ce n'est pas fait, seules des messes de dévotions particulières
au saint auquel ce nouvel autel est dédié peuvent être dîtes.
Il serait donc fort intéressant de retrouver l'autel portatif de
Bérenger Saunière contenant son sépulcre et sa ou ses reliques.
Constitué d'une petite table de pierre sur pieds ou dans un étui, il est
impossible qu'il n'en ait pas eu un pour dire ses messes sur un autel non
consacré, par exemple dans sa chapelle privée.
Piliers et autels exécrés furent soit ré-utilisés, soit relégués
dans quelques coins du domaine par un prêtre qui semblait ne voir en eux
aucune valeur particulière si ce n'est décorative. On n'avait pas alors
nos considérations actuelles pour ce genre d'ornementations dégradées (8).
Quant aux reliques, il faut espérer qu'elles aient été mises avec
respect dans leur nouvel emplacement au cœur de l'autel Monna
accompagnées de leurs vieux parchemins de certification d'authenticité.
Christian Attard
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Notes
et sources :
(1) Voir entre autres "l'encyclopédie théologique" dans son
volume 16 consacré aux cérémonies et rites sacrés - Paris 1847.
(2) Voir sur ce
site l'article extrêmement bien documenté : "L’autel
: fonctions, formes et éléments" de
M. Joël Perrin. Conservateur en chef du
patrimoine. http://www.insitu.culture.fr/article.xsp?numero=1&id_article=jp001-396
(3)
Source le père Bruno de Monts dans "Les cahiers de
Rennes-le-Château" n°11 - Éditions Bélisane
(4) Voir le démontage du pilier original sur le site de
l'APARC :
(5) Jacques Rivière "Le fabuleux trésor de
Rennes-le-Château !" Editions Bélisane
(6) Mgr
Jean Rivière "La sainteté en pays d'Aude" Brille et
Gautier Narbonne 1949 (7)
selon André Douzet, cette ancienne table se trouvait au sol devant la
cheminée du prêtre !! voir ici :http://www.societe-perillos.com/balustre_3.html
(8) voir l'étude de Patrick Mensior ;
http://www.renneslechateau.com/francais/pmensior4.htm
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