Joseph-Marie Chiron : le fou de Dieu (1) |
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Par
pure construction intellectuelle, avec le seul fondement de leur
présence en des temps et des lieux où l'on veut croire à la survenue
d'un fabuleux trésor, de véritables saints ont été enrôlés
post-mortem dans les affabulations de quelques auteurs dépourvus de morale. |
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Joseph- Marie
Chiron - Terre cuite oeuvre du sculpteur Jean-Paul LESBRE |
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Joseph-Marie
Chiron est né le 19 novembre 1797 à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche) de
Jean-Simon Chiron et Suzanne Bonnaud, cultivateurs. Ils auront onze
enfants dont six mourront en bas-âge (2). |
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Bourg-Saint-Andéol (Ardèche) tel que le connut Joseph Chiron ou presque... |
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Il entre au grand séminaire de Viviers le 25 octobre 1819 et le 16 juin
reçoit les ordres mineurs. Mais, il doit retourner dans sa famille épuisé par
l'ascèse et de nouvelles mortifications bien trop sévères pour une santé
chancelante. Son diaconat
obtenu, il est ordonné le 27 avril 1823 et dès juillet, devient le
curé de Saint-Martin l'inférieur, aujourd'hui Saint-Martin-sur-Lavezon. |
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Joseph Chiron oriente désormais sa vie vers l'assistance à ces malheureux et de Magallon le fait nommer aumônier de la prison de Privas en janvier 1827. Il loue immédiatement une petite maison destinée au secours des aliénées et qui sera tenue pas ses "Saintes Marie". Ce petit centre deviendra une sorte de succursale de celui que Paul de Magallon vient de créer près de Lyon. Mais Joseph Chiron n'a pas de grands talents de gestionnaire et a le plus grand mal à communiquer avec l'administration pénitentiaire et préfectorale dont il dépend. Cette faiblesse lui vaudra bien des tourments notamment lors de la création en janvier 1836 d'une autre maison à Clermont-Ferrand acquise après une gestion désastreuse entre autres de frère Hilarion. |
La prison de Privas |
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Fort
heureusement, la Providence l'a entouré de collaborateurs appliqués : Sœur
Agnès (Adelaïde Bernard), Jean-Marie Aymard Bal...). Ce
retrait se fait en deux temps, tout d'abord par l'acquisition au Mont
Toulon, au dessus de Privas, d'un petit terrain qui va lui permettre de
créer un pauvre ermitage (malheureusement bien trop proche de ses
préoccupations temporelles car le centre de soin qu'il a créé est situé
à quelques pas, juste au-dessous), puis par son départ pour les Pyrénées
Orientales. |
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En avril 1842, il accepte encore de reprendre un centre créé en 1831 et en grandes difficultés financières : La Celette (Corrèze) et le consacre au soin exclusif des hommes sous la garde des "frères servants de l'immaculée-conception". (5) Cette
décision d'abandonner l'œuvre de la première partie de sa vie, loin
d'être le fruit d'un impulsion irraisonnée, a été mûrie et s'appuie
même sur un indult du Saint Père le pape. Si son départ le 24 février 1843
se fait dans la plus grande discrétion, c'est de peur de trouver bien
trop d'oppositions à une décision que tous ses proches ne peuvent
admettre. |
L'asile de La Celette prospérera sous la gestion avisée des pères Bal et Beaussier |
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Le père prend alors la route et descend la vallée du Rhône pour
finalement prendre possession d'un ermitage sauvage laissé à l'abandon
depuis la mort de son dernier gardien : Saint-Antoine de Galamus, près
de Saint-Paul de Fenouillet (66). Le 7 avril 1843, il y reçoit de son
compagnon le frère Antoine Bon des habits religieux qui l'apparentent au
mouvement franciscain. Il se rattache alors hiérarchiquement à l'évêque de
Perpignan Jean-François de Saunhac-Belcastel en créant ses
"Pauvres frères de saint François d'Assise". |
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Accroché comme un nid d'hirondelles au roc : l'ermitage de Saint-Antoine de Galamus ! |
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En
mai 1845, il fait l'acquisition d'un prieuré en ruine Saint-Jacques de Camarola
( et non de Caramola, comme recopié par erreur par certains auteurs), près de
Vernet-les-Bains (66) où
il espère bâtir une nouvelle communauté de prière et de là, rayonner sur
le département en missions de pénitence et de conversions. Mais, il retourne
encore vers l'Ardèche et tombe tristement dans l'illusion de pouvoir tirer des
griffes de Satan, un déséquilibré nommé Antoine Gay qui deviendra
son pitoyable compagnon de misère et son "agent de persuasion" dans son oeuvre de
conversion. |
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Notre-Dame du Cros |
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Mais Eugène de Potriès recherche un lieu plus vaste et plus adapté à ses ambitions de former une véritable congrégation, à l'occasion d'un pèlerinage en 1851 à Notre Dame du Cros près de Caunes en Minervois, accompagné par Joseph-Marie Chiron, il tombe sous le charme du lieu. Potriès fait alors les démarches nécessaires auprès de l'évêque de Carcassonne Mgr de Bonnechose pour obtenir la jouissance du sanctuaire et finalement s'y établir en juin 1852 avec Joseph Chiron qui se résigne à quitter ses Pyrénées Orientales. | |
Comme il le fit au Mont-Toulon, le père Marie, car c'est sous ce nom que tous l'admirent et le respectent, érigera un calvaire au-dessus de la chapelle de Notre-Dame du Cros, confessera et consolera sans repos et poursuivra privations et flagellations. Épuisé par une vie de peine et de sacrifices, il s'éteindra le 27 décembre 1852 entouré de l'abbé Falguères, curé de Claira, d'Eugène de Potriès et de sa petite communauté et malgré les soins prodigués par le docteur Mahoux. |
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Le marbre fut offert par Mme Vialard-Schroeder, l'épitaphe choisie par le Père Eugène de Potriès. | |
Ainsi
s'acheva à cinquante cinq ans la vie de celui qui n'eut de cesse que de
purifier son âme et de ramener à son Dieu toutes ses brebis égarées y
compris dans les plus terribles folies. Par autorisation spéciale son corps fut inhumé sous le porche de la
porte latérale de la chapelle. (6) |
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(1) http://lesbre-sculpteur.pagesperso-orange.fr/ (2) La meilleure biographie de Joseph Chiron est celle d'Eugène Gérard Poillon : "Joseph-Marie Chiron 1797-1852" - Éditions Humbert et Fils - Largentière - 1973 (3) Voir sur ce site une courte biographie de Joseph-Xavier Tissot : http://psychiatrie.histoire.free.fr/pers/bio/hilarion.htm (4) http://www.groupe-sainte-marie.fr (5) Voir sur ce site l'histoire du centre de la Celette : http://www.ch-eygurande.fr/presentationhistorique.htm ( (6) Depuis la révolution française, et parfois bien avant dans certaines régions (Bretagne, Languedoc), il était interdit d'enterrer dans les églises. Cette interdiction était à la fois celle des autorités civiles et celle de l'Église qui précisait par l'article 1242 du droit canon : "Les cadavres ne sont pas enterrés dans les églises sauf s'il s'agit du Pontife Romain, des Cardinaux et des Évêques diocésains, même émérites, qui doivent être enterrés dans leur propre église." Une inhumation en dehors même d'un cimetière était interdite, c'est pourquoi le père Eugène de Potriès (et non Gaudéric Mèche qui ne fut en aucune façon présent) se rendit à Carcassonne pour obtenir l'autorisation préfectorale nécessaire afin d'inhumer le corps du père Chiron sous le porche de l'Église car même en certains lieux isolés une étude devait être faite par un hydrologue auparavant. On constate cependant quelques exceptions très rares. Ce fut le cas pour le père Lacordaire mais il était académicien ! Cette interdiction peut également expliquer la fermeture définitive du tombeau des seigneurs de Rennes le Château. |
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