Couverture de "L'or de Rennes"


Jaquette de "L'or de Rennes" - 4ème trim. 1967
(Doc. Ch. Attard)




Sous l'aile d'Asmodée




Gérard de Sède lorsqu'il écrivit : " Rennes-le-Château, le dossier, les impostures et les phantasmes, les hypothèses."  en 1988 ne mentionna pas les trucages photographiques nombreux de son premier livre " L'Or de Rennes" en 1967. Nous en avions soulignés plusieurs dans un article consacré au blason figurant sur le fronton du porche de la petite église de Rennes-le-Château.

On peut penser que l'écrivain ignorait ces interventions iconographiques et beaucoup ne les attribuèrent qu'à la seule main de Pierre Plantard. Pourtant, il semblerait que même cette hypothèse soit à pondérer.





Le faux blason de monseigneur Leuillieux retouché par les soins des faussaires plantardiens.



C

Certes l'analyse de ces différents trucages décèle deux intentions :

  • - celle des obsessions monarchiques de Pierre Plantard comme le démontre par exemple le détournement du blason de l'évêque de Carcassonne François de Sales Albert Leuillieux, remplacé par une fleur de lys.
  • - Celle de laisser supposer une piste trésoraire comme ce rajout d'une pierre sur la photographie du Monument aux Morts de Couiza.

Mais une autre intention peut aussi se relever dans ces différents trucages, celle de faire baigner toute cette histoire dans une sorte de réalité fantastique justement revendiquée à la fois par Philippe de Cherisey et Gérard de Sède.




Dalle du chevalier retouchée

Retouche de l'enfant (dans "L'Or de Rennes") appliquée sur le relevé de la dalle des chevaliers de Jacques Ourtal




Et c'est sur la photographie de couverture de "L'or de Rennes" que cette intention est la plus flagrante et pourtant la moins remarquée. Il est impossible aujourd'hui, faute de documents probants de savoir comment se présentaient à l'origine les griffures de l'intérieur de l'aile gauche du diable du bénitier de Rennes-le-Château. Cette histoire a subi trop de manipulations, de déprédations pour pouvoir se faire une idée objective de la teneur réelle de ces marques.
Une étude signée d'Issac Ben Jacob en 2009 tente de faire le point sur ces marques, j'y renvoie le lecteur intéressé.

Elle se base avec intelligence sur les griffures en leur état actuel et tente de trouver une traduction plausible de ces lettres par l'hébreu. Mais si nous regardons la photographie de la jaquette volante de "L'Or de Rennes" en détail :




Marques retouchées sous l'aile du Diable


Marques retouchées ? sous l'aile gauche du Diable de Rennes-le-Château




Et sans chercher bien loin, que voit-on ?
Des 7 et des 1, tout simplement et ces chiffres ne sont-ils pas significatifs ou plutôt n'a-t-on pas voulu nous les signifier avec insistance dans cette histoire ? A l'évidence, la réponse est affirmative.

Alors bien sûr, ce 7117 peut rappeler aux initiés la date de création de la première loge maçonnique londonienne un jour de saint Jean d'été 1717... et cela fait bien écho avec les photographies de ce pseudo pavage maçonnique présenté plus loin dans le folio photographique du livre.

Mais, il faut bien le reconnaître, la date du 17 janvier apparait avec une telle récurrence qu'elle finit par porter interrogations. La date certifiée du décès de la marquise d'Hautpoul le 17 janvier 1781,
d'abord. Puis, les mentions sur la tombe de Jean Vié, curé de Rennes-les-Bains au nom fort approprié auquel ce surajoutent un 1 et un 7, heureusement mis en exergue.

Et surtout cette "attaque" qui terrassa Bérenger Saunière ce 17 janvier 1917, soit pour ce siècle passé le 17 1 17.

A cela, Gérard de Sède si peu innocent, ne manque pas d'ajouter son grain de sel en concluant son ouvrage justement sur la date du 17 janvier à travers les temps. Il nous remémore donc les fêtes de Saint Sulpice, Saint Antoine, Saint Sabas et Saint Genou, la mort de Sainte Roseline de Villeneuve et autres apparitions du Diable et de la Vierge.
Depuis, d'autres chercheurs se sont penchés sur cette date avec application. Pourtant, elle ne s'imposait peut-être pas autant à l'époque de Bérenger Saunière dans une église dédiée à Marie-Madeleine et donc sous la symbolique du jour attribué à sa fête et qui est le 22ème du mois de juillet.

Mais il était impossible à un écrivain féru de fantastique et de surréalisme de faire l'impasse sur la mise en scène faustienne que lui offrait l'étrange destinée de Bérenger Saunière et il n'y manqua pas, avec un talent remarquable d'ailleurs. Ainsi écrit-il page 57 de son ouvrage :

"Qui donc aurait pris appui sur ces appétits désordonnés mais bouillants de vie pour damner Bérenger Saunière ? Quel méphisto déguisé en Faust ou en Pomponnet aurait dérobé à son profit tout ce qui lui restait d'esprit d'enfance ? "

Ces marques, retouchées sur la jaquette de "L'Or de Rennes", rejoignent-elles l' idée d'une destinée tracée sous l'emprise de Diable, insistent-elles dans l'esprit des concepteurs du livre et peut-être de l'énigme de Rennes sur la date et l'axe du 17 janvier matérialisé par l'apparition des fameux cercles de couleurs dans la petite église de Bérenger Saunière ?
L'équipe des concepteurs de cette piste au trésor pensait probablement à tout cela, assez en tout cas pour ne pas faire l'impasse d'un trucage sur la jaquette même du livre fondateur.



Christian Attard - 3 juillet 2017





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