L'œuf de Colomb

ou "Qui de l'Oeuf ou de l'Hautpoul ? "


La fausse stèle du musée de Rennes-le-Château





La stèle, image extraite du tiré à part de la SESA

Le 25 juin 1905, une bande de joyeux excursionnistes s'était levée de fort bonne heure pour prendre le train en gare de Carcassonne direction Couiza, et rejoindre à pied l'antique Rhedae (Rennes-le-Château), selon l'expression en usage à l'époque dans La Société d'Études scientifiques de l'Aude à laquelle ils appartenaient pour la plupart.
De cette "bonne et agréable journée", Élie Tisseyre fera un compte-rendu aussi léger que devaient l'être les qualités scientifiques de cette troupe.
On connaît encore aujourd'hui bon nombre de ces sociétés où l'excursion est surtout prétexte à une agréable balade accompagnée d'un bon repas entre amis du même monde.
Ici, il est question d'archéologie aussi ne fut-il prêté qu'une vague attention aux constructions du curé Saunière ou à l'église rénovée. Car ces têtes fouineuses ne s'intéressaient qu'à d'éventuels vestiges antiques. 
C'est pourquoi ne sont mentionnés que quelques dalles; le pilier à la vierge, devenu du fait des ses retouches sans intérêt; un ossuaire.
Puis les gamins chenus vont tenter de faire trembler "les roulers" comme des touristes parisiens  et rentrer chez eux heureux.

Nous avons vu (voir ici) à quel point sans cette stèle et la dalle qui la complète, il n'y a pas de codage de la phrase : "Bergère".  Si nous savons que la stèle ci-contre a une chance d'avoir existé, la dalle qui nous assure l'intégrité du codage en nous apportant le PS-PRAECUM indispensable semble plus que douteuse. Car, il n'y a jamais eu de PS-PREACUM sur le compte-rendu de M. Tisseyre.
En réalité et pour garder la tête froide, il est indispensable de se poser "la question" : 
qui est née la première ? La phrase :

BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR  LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES BLEUES

Cette phrase mélangée ayant donné le contenu de la stèle (à la condition de faire l'impasse sur le PS-PRAECUM) ou bien à l'inverse, la stèle dont le texte par anagramme et avec la même condition nous a donné la fameuse phrase ?





Convenons que si la stèle a pré-existé en l'état, le codage est contraint aux seules lettres présentes sur la pierre et donc en bloque toute créativité dans la seule limite de ses caractères gravés. Or, pour asseoir son jugement, il est bon de connaître la manière dont le curé Bigou rendit compte du décès de sa noble paroissienne, de savoir si les faits sont avérés ou fictifs. Pour cela, le registre des décès sera très instructif. En voici une photographie :


On y lit donc que 

"L'an mil sept cent quatre vingt un et le dix-?ième jour de janvier a été ensevelie par nous curé de cette paroisse soussigné noble marie de negre d'able dame de Blanchefort et Seigneuresse de la présente paroisse décédée le dix septième du dit mois agée d'environ soixante sept ans après avoir reçu les sacremens  de pénitence et eucharistie. La cérémonie de la sépulture a été faite en présence des dits Charles vidal de Rabouillet....

Il est donc intéressant de mettre maintenant en parallèle avec ce texte ce qu'a cru relever Élie Tisseyre. Nous comprenons alors que l'épitaphe a été rédigée avec les propres termes du bon curé :

Sur la stèle

Sur le registre



noble marie de negre d'ables dame de Blanchefort

âgée de soixante sept ans


décédée le XVII janvier MDCOLXXXI

noble marie de negre d'able dame de Blanchefort

âgée d'environ soixante sept ans

décédée le dix septième du dit mois


Il n' y pas similitude mais "parfaite similitude" ! A n'en pas douter Antoine Bigou est bien l'auteur des deux textes. Notons aussi, au passage, que le bon prêtre ne semble pas d'une instruction hors norme car il pose par deux fois un double "r" au mot paroisse et semble fâché avec les majuscules ! D'able ne porte pas le "S" final et en marge n'est pas repris.
Tout cela ne le placerait pas au top départ des codeurs de notre histoire !

On peut donc raisonnablement penser que c'est bien à partir d'une stèle pré-existante que fut trouvée la célèbre phrase et dans la contrainte de ce texte et non l'inverse. On peut donc aussi raisonnablement penser que la stèle relevée par Élie Tisseyre a bel et bien existé ou alors ce registre dument établi sur papier timbré est lui aussi faux !


En supposant ce raisonnement correct, il faut alors admettre que Philippe de Cherisey a eu raison de se déclarer être dans toute cette histoire "un demi-farceur". 


Si en effet, les codeurs ont utilisé une stèle existante, il leur a été nécessaire de trouver à partir d'elle une anagramme acceptable. Puis, il leur a été obligatoire de compléter cette stèle par le PS-PRAECUM sans lequel aucun placement ne peut se faire sur deux échiquiers de 128 lettres. Il leur a donc été obligatoire de créer une série de faux (sous l'emprunt du nom de Stublein) pour introduire le PS-PRAECUM. 
La clef de décodage dans le processus ayant été choisie dès le début à partir des erreurs de relevé d'Élie Tisseyre le second demi-farceur de Cherisey.
Car, il y a tout lieu de croire que ce bon monsieur Tisseyre n' a pas prêté une grande attention à son relevé.

Une fois la moulinette du codage mise en branle par, très certainement, un expert en la matière qui a du s'y amuser car je ne crois pas le fantasque Cherisey capable d'un tel travail de minutieux cryptage. La science qui a servi à sa composition ne peut être que le travail d'un professionnel. Il restait encore à utiliser la même sauce pour le grand parchemin et à rajouter quelques bêtises propres aux fantasmes de Plantard autour de son prieuré de Sion.



Croire que la délivrance d'un message très précis peut se contraindre à la grille d'une stèle pré-existante est une pure illusion, surtout en y adjoignant quelques lettres (Ps-PRAECUM) utilisées pour l'occasion et en profitant de quelques peu nombreuses erreurs (O en place de C, T au lieu du I, R au lieu du B). L'utilisation même de ses erreurs prouve que le travail fut construit sur le document de la SESA.
Certes on peut à partir d'un texte suffisamment long en produire un autre mais il arrivera un moment ou pour compléter l'anagramme, il faudra obligatoirement boucher les trous avec n'importe quoi !

Croire que la retranscription de cette stèle, contrainte elle par les règles de la typographie (casse et alignement, car nous n'avons pas un dessin dans le compte-rendu de la SESA mais un montage d'imprimerie) puisse délivrer des signes cabalistiques ne peut être que l'ordonnancement du hasard et du typographe !

Christian Attard . Ce 1er d'avril 2009


(1) voir sur le site http://www.bibliotecapleyades.net/merovingians/merovingios_renneschateau03_03h.htm


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