Joseph-Marie Chiron : le fou de Dieu (3)

(A gauche) Sculpture du toulousain Carlo Sarrabezolles (1888-1971) à l'entrée de L'hôpital Sainte-Marie de Privas, inspirée par l'unique tableau que l'on connaisse de Joseph Chiron conservé dans la cure de Saint-Martin le Supérieur, dont on voit ici une copie.
Carlos Sarrabezolles réalisera également la gigantesque Piéta du Mont-Toulon.

Nous avons suivi Joseph-Marie Chiron sur les sentiers tumultueux d’une vie de quête incessante, de recherche d’absolue et d’abnégation envers ses frères humains.
Il nous faut maintenant revenir sur les principales affabulations qui ont vu cet homme épris de pureté et de silence être récemment impliqué dans de basses besognes de revente d’un trésor fantasmé.

1 –  Mort "dans les bras de Gaudéric Mèche"


Gaudéric Mèche, prêtre de Limoux étant, selon certains, à l'origine de la découverte d'un "fabuleux" trésor dans une crypte sous le sanctuaire de Notre Dame de Marceille, il était tentant de lui faire connaître Joseph Chiron, incontestablement reconnu en l'église de l'abbé Saunière à Rennes le Château et sous les traits, bien sûr d'une statue Saint-Antoine ermite. Statue réalisée un peu plus de 40 ans après sa mort en 1852 à la demande d'un Bérenger saunière qui naquit cette même année 1852.

La liste des aumôniers du département de l'Aude pour l'an de grâce 1852 édité par l'almanach du clergé de France nous donne page 214-215, le chanoine honoraire Gaudéric Mèche comme aumônier de l'hospice à Limoux :

uDE

La France écclésiastique pour l'année suivante (1853) nous donne toujours Gaudéric Mèche comme aumônier de l'hospice de Limoux :

Première constatation : Gauderic Mèche, à la date du décès de Joseph Chiron, n'est pas aumônier de Notre Dame du Cros mais de l'hospice de Limoux à plus de 50 km. Avant l'arrivée d'Eugène Potriès, de Joseph Chiron et des frères Raymond et Joseph le 18 juin 1852, il n'y a pas d'aumônier à Notre Dame du Cros mais des "ermites"gardiens dont le dernier était douteux sur tous les plans ! (1).
Pèlerinage et cultes sont assurés par les desservants de Caunes en Minervois dont le curé est aussi le recteur de la chapelle.
Deuxième constatation : il n'est jamais fait mention du moindre voyage de Joseph-Chiron dont la vie est parfaitement renseignée par ses nombreux courriers du côté de Limoux. Le nom de Mèche n'est jamais cité par aucune des biographes du père.
On comprend donc qu'il est complètement irréaliste de croire que les deux hommes aient pu à fortiori s'entendre pour écouler un quelconque bien à Lyon.


Joseph- Marie Chiron - Bronze oeuvre du sculpteur Jean-Paul LESBRE
(Photo J.P. LESBRE
(2) - reproduction strictement interdite sans son autorisation)


4 -  recels et trafics 

Nous avons vu que la fortune personnelle de Joseph Chiron n'a jamais excédé quelques francs, que son seul bien en nom propre : la propriété de l'ermitage de Sainte-Croix fut vendu pour rembourser celui-là même qui avait contribué à en financer l'achat et les réparations. 
Mais l'on pourrait encore objecter que tous ses biens furent placés dans ses hospices, ce serait vouloir oublier que ces hospices eux-mêmes, du vivant du prêtre, étaient tous fortement endettés et que ce ne sera que bien après sa mort que tous ces établissements prospéreront. Il serait erroné de croire que leur ampleur actuelle est due à des financements occultes du père Chriron alors que les agrandissements, perfectionnements n'intervinrent que longtemps après sa mort. De la même manière, la gestion financière de ces établissements n'étaient souvent même pas du ressort des prêtres mais de gestionnaires sous le regard de vicaires généraux.

Si aujourd'hui, Joseph Chiron n'est pas Saint, il faut, à mon avis y voir deux raisons :

- Son instabilité de vie qui lui fit à plusieurs reprises quitter les institutions qu'il avait créées les mettant par delà même en grand péril.

- Sa fréquentation d' Antoine Gay qu'il considérait comme possédé et dont il espérait avec sincérité la guérison. 

L'église a sans doute jugé d'Antoine Gay comme un de ces malades que soignait pourtant la congrégation du père Chiron, ne le laissant même pas au soin de ses grands exorciseurs locaux. Le scandale créé par le couple du père Chiron et d'Antoine Gay sur les chemins du Dauphiné, leur accoutrements et la grande croix que le père Chiron trimbalait avec ostentation sur son bras gauche, tout cela ne pouvait et ne peut encore aujourd'hui permettre une vision sereine, une acceptation sans réservé de la Sainteté réelle de cœur de Joseph Chiron.

Malgré ses errements et ses erreurs, Joseph-Marie Chiron a toujours accepté avec docilité la volonté de Dieu ou en tout cas ce qu'il croyait être l'expression de cette volonté. Comme Nicolas Pavillon ou Jean Jourde, il a peut-être fait preuve quelques fois d'une trop grande rigidité psychique mais sa parfaite intégrité morale ne peut être remise en doute par quelques affabulations sans la moindre preuve ni le moindre fondement historique.

Christian Attard

az
Additif du 12 octobre 2010 

A la suite de ces trois pages sur Joseph-Marie Chiron, je fus vulgairement mis en cause sous le titre outrancier de "les attardises d'un aigri" voir ici :
http://www.rennes-le-chateau-archive.com/forums/viewtopic.php?t=567
(et pourtant laissé en place par un webmaster peu courageux). 
Essentiellement critiqué à propos de la présence ou non de Gaudéric Mèche à Notre-Dame du Cros et en tant qu'aumônier du lieu à la mort de Joseph-Marie Chiron en décembre 1852, je me dois aujourd'hui et devant de telles attaques sur mon intégrité de préciser certains faits,
incontournables et indéniables.
Il est aberrant de lire qu'un sanctuaire ait pu avoir à la fois un prêtre desservant, celui de Caunes en Minervois, ce que toutes les sources attestent et un aumônier ce que seuls certains affabulateurs affirment.
Le document officiel ci-dessous émanent de l'évêché de Carcassonne l'atteste (3)

Cyprien-Gaudéric Méche fut bien aumônier de Notre-Dame du Cros mais deux ans après la mort de Joseph-Chiron en 1854, il ne l'a donc jamais côtoyé et jamais tenu dans ses bras à sa mort. Il sera facile de produire par mes avisés détracteurs un seul, je dis bien un seul document prouvant le contraire. J'en doute !
D'autre part, contrairement aux légendes répandues, le nom de Gaudéric Méche n'a jamais été effacé de quoi que ce soit, preuve en est cet état de services.

Même un mauvais marin sait qu'avant de cracher il faut regarder le sens du vent !

Christian Attard 


Additif du 27 octobre 2010 

Le document ci-dessus que Monsieur l'archiviste de l'évêché de Carcassonne a eu l'amabilité de m'adresser prouvant sans contestation possible l'arrivée à Notre-Dame du Cros de Cyprien-Gaudéric Méche deux ans après la mort du père Chiron, il est aussi important de " s'attarder " sur une autre erreur grossière répandue par nos mêmes affabulateurs aux vues courtes. Car avant même de songer à l'esprit d'un texte encore faut-il être à même de comprendre ce que l'on lit.

En l'occurrence ici et à propos de Gaudéric Méche, son état de service ecclésiastique n'ayant jamais même été demandé par ces mêmes donneurs de leçons, il était plus facile de sauter sur une phrase de Joseph Théodore Lasserre et de bâtir des plans insensés sur une erreur majeure. Mais de cela nous sommes maintenant habitués. 
Je rappelle les erreurs commises sur la personne de Mme de Longueville, confondue avec sa belle-fille Marie-Anne de Nemours (http://reinedumidi.com/rlc/Loret.htm) ou encore sur le testament de Blaise Antoine d'Hautpoul pris pour celui de son grand-père ! (http://reinedumidi.com/rlc/Paris2.htm) et nous nous arrêterons là par charité !

En effet, M. Cyprien- Gaudéric Méche ne fut jamais aumônier de l'hôpital psychiatrique de Limoux (qui fut à son époque une institution religieuse mise en place par Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la congrégation des sœurs de St Joseph de Cluny) mais de l'hospice civil de Limoux, autrement dit de son hôpital civil comme inscrit sur son état de service et comme le précise clairement Lasserre lorsqu'il nous dit que Gaudéric Méche fut aumônier de l'hôpital de Limoux.

L'asile d'aliénés de Limoux dans lequel n'officia jamais Gaudéric Méche !
(CPA Phototype Labouche frères - Coll. Christian Attard)

Il suffit pour comprendre cela de lire cet état, on ne peut plus clair. Encore fallait-il se le procurer, comme je l'ai fait avant de se lancer dans toutes sortes de suppositions " lupinesques ". 

Cet hôpital créé en 1682 fut dirigé par les sœurs hospitalières de Nevers comme il était de coutume à l'époque mais restait un hôpital civil. Lasserre ne parle donc pas d'hospice d'aliénés ou même d'asile d'aliénés mais bien d'Hôpital de Limoux. Tant bien même, notre écrivain pressé n'eût-il pu se procurer ce fameux état de service, un simple réflexion de bon sens lui aurait fait comprendre que l'hôpital de Limoux clairement cité par Théodore Lasserre n'avait rien à voir avec l'asile sis un peu loin. Limoux compte assez d'amoureux de la ville pour ne pas avoir manqué de le renseigner utilement sur ce point.

Il est donc complètement irréaliste de croire que le père Chiron ait pu connaître à une époque où il ne bougea au grand jamais de l'Ardèche un Gaudéric Méche qui lui ne fut jamais impliqué dans la moindre fonction en milieu psychiatrique. D'autant plus je le rappelle qu'aucun document ne fait état de la moindre visite du Père Chiron à Limoux.

Christian Attard 

Notes et sources

(1) Voir sur le récit pittoresque de M. de Jouy dans : "L'hermite en Province" pages 146 du tome 2 - Éditions Pillet Ainé - Paris 1813
(2) voir le site de ce talentueux sculpteur : http://lesbre-sculpteur.pagesperso-orange.fr/

(3) Merci au service des Archives historiques du diocèse de Carcassonne.

Retour vers la Reine