Le grand absent ?


Crucifiement de Pierre

"Le crucifiement de Pierre" par Le Caravage.
(Source Wikipédia)




Tout ce qui suit n'est que pure supposition, cependant avec un tel matériau d'autres moins scrupuleux et plus vénaux ou naïfs auraient sans doute composé un ou plusieurs livres, vous me rendrez justice de n'en faire que quelques simples pages. Noyées dans le flot de l'océan internautique, leur portée n'en sera que considérablement relativisée.
Et puis, on ne s'amuse plus vraiment depuis quelques temps à Rennes-le-Château !




Même si rien ne l'exprime clairement, on sent derrière la lourdeur du secret qu'a pu détenir Bérenger Saunière et sûrement bien d'autres personnes dans son entourage, une menace pour l'Église même. Légende ou trace de vérité, cette possible révélation effraie, bouleverse.

De l'abbé Rivière confesseur, croit-on perturbé, d'un Saunière agonisant au neveu d'Edmond Boudet, parait-il incroyablement rapatrié du front en 1915 avec l'appui de l'évêché de Carcassonne, transpire cette crainte de la révélation destabilisante.

Chacun dès lors avec plus ou moins d'arguments, plus ou moins de convictions présente son hypothèse. Ascendance davidique remettant en cause toute la construction dynastique européenne pour Plantard et quelques british, tombe de Marie-Madeleine et du Christ pour d'autres ou les mêmes, Arche d'Alliance, reptiliens généticiens... Pourquoi pas ?

Certes un Christ non ressuscité ou non élevé à la droite du Père a de quoi bouleverser bien des consciences.  Mais, une hypothèse somme toute plus "dérangeante" semble avoir été ignorée des chercheurs, il est vrai qu'elle peut, à priori, sembler abhérrante... Quoique !

Il semblerait pourtant qu'elle fut loin d'être rejetée et que de nombreux indices épars la suggère discrétement.

Nous allons, dans les quelques articles, qui suivront tenter de l'analyser...

De Cherisey
Philippe de Cherisey en 1971


 



C'est Philippe de Cherisey (1923-1985), acteur, écrivain, humoriste et grand ésotériste qui lui aussi apporte son grain de sel dans un texte farfelu nommé "Charlot et Marie-Madeleine".  Tout le monde pense qu'il a cherché dans les environs de Rennes-le-Château la tombe de Marie-Madeleine mais ce n'est pourtant pas elle qu'il aurait trouvée.
Car dans "Charlot et Marie-Madeleine", il nous décrit l'exploration d'une grotte et la découverte d'un tombeau mais ce n'est pas celui de la sainte pénitente :
 
"../.. La sépulture du Grand Romain est au centre de la plate-forme à la croisée d'un haut carrefour voûté. Deux inscriptions sur le socle célèbrent celui dont le cercueil de plomb, hermétiquement clos, ne porte pas la moindre éraflure. Charlot baise le cercueil ../.."

Supposons sous forme de jeu intellectuel que l'humoriste, pour une fois, nous dit la vérité à la manière d'un Jean Cocteau qui annonçait souvent : "je suis un mensonge qui dit la vérité !" 

Qui peut-être ce Grand Romain dont Charlot se prend du besoin d'embrasser la tombe ?





Tombeau de Saint Pierre, Basilique Saint-Pierre de Rome

Tombeau de Saint Pierre, Basilique Saint-Pierre de Rome
(Source libre Wikipédia)





En 1939, Le Pape Pie XII autorisait enfin les premières fouilles archéologiques du site de St Pierre à Rome.  Nombreuses avaient été par le passé déjà les voix qui s'étaient élevées soit pour exiger ces fouilles, soit au contraire pour les rejeter (ce fut le cas des papes Jules II, Clément VII et Grégoire XVI). Les protestants remettaient eux en cause la présence de Pierre à Rome et par voie de conséquence la légitimité de l'Eglise romaine. Les travaux durèrent dix ans et en 1951, enfin, deux volumes en publièrent les résultats. (1)


Le but de ces recherches ?

Retrouver la sépulture, si ce n'est la dépouille du premier des apôtres : Saint Pierre.

L'histoire rapportait que l'empereur Constantin (auquel de nombreuses allusions sont faites dans "La vraie Langue Celtique" de l'abbé Boudet) avait fait construire une basilique pour abriter les corps martyrisés de St Pierre et de St Paul. Mais en 410, Alaric saccage Rome en interdisant de toucher aux sanctuaires de Pierre et de Paul. Genséric et ses vandales en 455, les ostrogoths de Vitigès ou de Totila entre 537 et 552 n'hésitent pas eux à bousculer les saintes reliques.
 
En 846, c'est le tour des Sarrasins qui arrachent l'autel érigé sur le tombeau de Pierre et l'emportent avec eux ! Dieu sait où !

Ces fouilles étaient donc très risquées pour le Vatican car en dehors de la basilique constantinienne, il était fort probable de ne plus rien retrouver or le Christ avait annoncé à Simon/Pierre : "sur toi, je bâtirai mon église".

Était-il nécessaire de vouloir vérifier cette image ?

Mgr Kaas dirigea les travaux et retrouva dans un premier temps la basilique Constantinienne et sous elle, une immense nécropole de tombes païennes mais, fait étrange, une zone vide se trouvait exactement sous la zone de la "confession" de St Pierre.




Blason Mgr Billard

Cette zone délimitée par un mur rouge pouvait signaler la tombe du prince des Apôtres. Dans ce mur, on découvrit des niches secrètes contenant des ossements que l'on suppose importants pour avoir été ainsi cachés. Ceux de Pierre ?
Le mystère dont dépend la primauté de Rome  semblait ainsi définitivement résolu... 

Mais en est-on aujourd'hui si sûr ? Pourquoi la tombe principale était-elle vide ? Avait-on déplacé les ossements de Pierre pour les soustraire aux barbares ?

D'autre part, comment concevoir que la tombe de Pierre, le premier des apôtres, ait pu ainsi être recouverte et ensevelie sous le Vatican alors qu'en 2006 d'autres travaux permettaient de dégager le tombeau de Paul à St Paul-hors-les murs, accessible lui sans grandes fouilles ?

Cela signifierait-il qu'à travers les temps les chrétiens aient laissé se recouvrir le tombeau de l'Elu au point de ne plus savoir où il était ? Inconcevable, ridicule. 
Bien au contraire, ce tombeau aurait du faire l'objet d'une constante vénération et demeurer visible et présent, sans doutes possibles, comme celui de Paul.
Malgré tous ces doutes dont, le premier est bien l'incertitude même de la mort du saint à Rome, les sucesseurs de Pierre ont affirmé que ces restes avaient bien été retrouvés. Le charismatique pape François allant même jusqu'à montrer aux fidèles quelques ossements certifiés dans leur coffret ouaté.



En réalité, nou savons fort peu de choses sur Simon/Pierre.



L'homme naquit à Betsaïda et il était pêcheur sur le lac de Génésareth.

(C'est autour de "AD GENESARETH" que s'articule le codage du grand Parchemin !)


Le blason de Monseigneur Billard : Pierre, le grand Nautonier
Se comparer à lui ? N'est-ce pas un tantinet prétentieux ?





Avec son frère André, il suit Jésus et selon Matthieu (XVI, 16-19)  le futur Christ, fin humoriste comme son existence mouvementée le démontre,  lui aurait dit : 

"Et moi, je te dis que tu es
Pierre, et sur cette Pierre, je bâtirai mon Église et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle.

Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux..." Et ainsi il devint le grand Pasteur, celui à qui Jésus dit : "fais paître mes brebis".

Malgré son triple reniement  du Christ au chant du coq, il devint, nous dit-on, le chef des apôtres...
 
Il prend vers 48, au concile de Jérusalem, le parti de Paul contre les judaïsants. Mais, par crainte de la communauté de Jacques à qui, selon certains textes, Jésus aurait confié sa succession, il s'oppose ensuite à Paul et n'apparaît plus dans aucun texte. Le chef des apôtres semblait donc bien peu légitimé...

Alors, la Tradition prend le relais et le signale à Antioche. Dans deux épîtres que l'on soupçonne ne pas être de sa main, Pierre évoque de nombreuses communautés d'Asie mineure où il a pu séjourner, et enfin Rome, où il est crucifié la tête en bas en 64 sous Néron.

Cette même tradition fête le premier siège épiscopal de Pierre à Antioche le
22 février, alors que le siège romain est fêté le 18 janvier par décision de Paul IV en 1558, le  16 janvier est fêté dans l'église orthodoxe sa délivrance par les anges d'une prison de Jérusalem. 
Cet événement se retrouve à Rennes-le-Chateau dont la première église était dédiée à St Pierre-aux-liens. Bien étrangement ces deux fêtes entourent notre fameux 17 janvier !



Pilier inversé

Ce fameux Grand romain, que Philippe de Cherisey récupère malicieusement de Nostradamus en ces "Centuries" et dont on sait que la découverte du tombeau ne peut entraîner que d'immenses bouleversements, est-il notre bon Saint Pierre ? Rome aurait-elle une fois encore dissimulé la vérité de peur de perdre la légitimité de son Eglise ?


Si de Cherisey ne pensait pas à Simon/Pierre pour qui, dès lors, aurait-il eu une telle frémissante dévotion, le poussant à "embrasser" le tombeau de son Grand romain ? Voulait-il lancer un clin d'oeil à son comparse Pierre Plantard qui s'inspira hautement du mage de salon de Provence où quelque indice l'ont-ils poussé sur la voie du premier des apôtres ?

Ainsi le tombeau de Charlot est-il placé au centre d'une croix (à la croisée des chemins) mais pourquoi, contre tout usage n'est-il fait que d'un cerceuil de plomb ? Ce n'est, en général que l'enveloppe intérieur du tombeau et du corps, contenu dans  du bois ou un sarcophage de calcaire ou de marbre ?

Cette allusion ne laisserait-elle pas sous entendre que ce cerceuil de plomb a été transporté, déplacé ?

Bien évidemment si un tel secret existait réellement, on peut concevoir que seuls quelques discrètes indications pourraient nous en dévoiler la nature. Nostradamus (2), repris ici, faisait-il déjà référence au possible enlévement du cerceuil du Grand Romain et si tel était le cas, Rome et ses institutions perdant leur père fondateur, perdraient-elles toute légitimité divine ?

6:66
Au fondement de la nouvelle secte,
Seront les os du grand Romain trouvés,
Sepulchre en marbre apparoistra couverte,
Terre trembler en Avril, mal enfouetz.

Par contestation, une pratique religieuse n'émergerait-elle pas ?



Le célèbre pilier gnostique (à droite) et sa reproduction. 
Son placement à l'envers évoque-t-il la mort supposée de Pierre, 
crucifié la tête en bas ?




Tenez par exemple, Saunière qui aurait annoncé la fondation de sa propre Eglise, ne nous aurait-il pas lui-même laissé un indice majeur en retournant son fameux pilier en 1891 ?

Saint Pierre ayant demandé a être crucifié la tête en bas, la croix retournée est aujourd'hui son symbole comme celui de Rome (et non celui du satanisme comme l'écrivent bêtement nombre d'hallucinés). 1891 est d'autre part l'année de la découverte d'un tombeau, précisemment, par le remuant prêtre de Rennes-le-Château. Année qu'il fait graver au dessous du mot mission qui en otant les lettres doublon pointe bien vers Simon ???

Le prêtre pouvait-il ignorer l'allusion ?

Et pourquoi avoir mis au fronton du porche de son église le blason d'un autre pape, le bon Léon XIII accompagné de la sentence "Lumen in caelo" tirée des prophéties des papes de Saint Malachie ? Fait sûrement unique en France. Nous incite-til à lire la fin de cette prophétie et l'annonce du retour de Pierre le Romain, justement ?

Ah, Rennes-le-Château est décidemment une sacrée auberge espagnole !

Mais, nous allons malgré tout continuer à marcher malicieusement dans les traces du Grand Romain..


Christian Attard






Notes et sources :

(1) -
John Walsh "The Bones of St. Peter The First Full Account of the Search for the Apostle's Body", Doubleday,‎ 1982
(2) - Voir les fameuses prophéties en ligne :



Retour vers la Reine