La basilique de Lisieux,
 (photo source libre Wikipédia)


"les ripoux du seigneur"
« Qui veut faire l’ange fait la bête » (Blaise Pascal)





A la fin du magnifique film de John Ford "L'homme qui tua Liberty Valance" , un journaliste proclame : "« On est dans l'Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende ».
On peut sans réserve appliquer cette constatation à l'Histoire de Rennes-Le-Château !
Gérard de Sède a publié sa légende et cette légende a perduré car, à la réflexion, elle arrangeait tout le monde.


Si Monseigneur de Beauséjour et son entourage furent trop peu avisés, si quelques uns de leurs successeurs s'avisèrent au contraire d'y regarder de plus près, la meilleure politique étaient encore celle du silence.

Saunière fut un simoniaque
(1) et bien d'autres choses encore que la décence impose de taire. Il s'inspira et surmultiplia une entourloupe d'envergure inaugurée par d'autres que lui, sûrement plus fins d'ailleurs (voir nos pages sur Eugène Prévost).

A ceux qui, encore aujourd'hui, prétendent que ces détournements ne pouvaient lui permettre la construction de son domaine, on peut rappeler le cas d'un certain Raymond Zambelli (2) que nous évoquerons avec d'autant moins de scrupules que l'homme a plaidé coupable.

Petit rappel des faits :

Le 2 juillet 2008, Le "Canard enchaîné" jetait un pavé dans l'eau de Lourdes. Et en fait de jubilé des révélations de Bernadette, jubilait en révélant que Raymond Zambelli, le recteur des sanctuaires de la cité mariale faisait l'objet d'une surveillance de Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins), organisme dépendant du ministère des Finances et du Budget. Les enquêteurs découvrent alors que le compte en banque du prélat affichait 427 000 euros alors que le pauvre ne perçoit qu'un traitement annuel de 8 700 euros et le parquet de Tarbes ouvre son enquête.

Bérenger Saunière, voleur aussi ?



Tout d'abord soutenu par sa hiérarchie, Zambelli se défend : 
«Tout prêtre le sait : dans ce ministère, on rencontre des personnes qui vous donnent des gratifications» dit-il avec bonhomie. Bérenger Saunière en son temps et, face aux accusations de sa hiérarchie, aura exactement le même argument. Et Zambelli de poursuivre :

"Il y a 30 ans, j'étais un jeune curé à Courseulles-sur-mer dans le Calvados. J'avais fait la connaissance d'une personne, qui n'avait pas d'enfant, qui vivait avec un mari malade, et son désir c'était d'aider un prêtre. En accord avec son mari, cette personne m'avait fait une donation en bonne et due forme d'une maison. J'en ai joui pendant 13-14 ans. Ayant changé de lieu pour Lisieux, d'un commun accord avec cette personne, j'ai vendu cette maison, en juin 1996, pour la somme de 122.000 euros environ. Cette personne, fort pieuse, m'a donné, pendant 23 ans, de 1979 à 2002, tous les mois une somme équivalant à peu près à 5.000 francs, pour que je célèbre des messes pour sa famille, pour son mari.

Tiens, tiens !!


L'esplanade des sanctuaires de Lourdes,  chère au père Zambelli !
 (photo source libre Wikipédia)


Tout comme Saunière aussi, Zambelli n'est pas spécialement discret et il est connu à Lourdes pour la qualité dispendieuse de ses costumes et un solide appétit qu'il satisfait aux meilleures tables. Il écrit (3), donne des interviews et des conférences de presse, loin de se douter que la main de Dieu et sa dévotion à Thérèse ne couvrent pas ses "omissions" de reversements des sommes qui lui sont confiées.

En décembre 2008, le prêtre est condamné à un an de prison avec sursis. Il reconnaît fort habilement dans le cadre d'une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité avoir détourné 50.000 euros de dons à l'Église. Sur près de 250 chèques qui lui ont été remis en confiance pour ses bonnes oeuvres, 80 % ont en effet finis sur son compte en banque personnel.
Mais nul ne sait quelles sommes en liquides sont passées par ses grosses mains indélicates...

Depuis, Raymond Zambelli a pris une belle retraite imméritée se satisfaisant humblement des quelques 300 000 Euros lui restant pour assurer ses vieux jours de.... Pénitence ! Pénitence !




Le petit village corse de Calacuccia dont Videau fut le curé
 (photo source libre Wikipédia)


Cas exceptionnel dont on ne saurait faire une règle ou même une base de déduction à propos de l'histoire de Rennes-le-Château ?

Non pas, car un autre prêtre nommé Antoine Videau a fait encore plus fort que Zambelli et a écopé par le tribunal correctionnel d'Ajaccio de trois ans de prison dont une année avec sursis pour avoir détourné deux millions d'Euros ! 

Économe de l'association diocésaine d'Ajaccio dépendant de l'évêque de Corse, Videau collectionnait les comptes en banque (28 au total !), gérait un patrimoine immobilier conséquent et roulait en Ferrari !! 
Pas spécialement discret lui non plus, mais quasiment sûr de berner son monde en toute impunité comme les Saunière aux plus beaux jours de l'escroc Arsène Billard.
La comparaison est d'ailleurs porteuse de sens lorsque l'on sait que c'est l'évêque d'Ajaccio, Mgr Jean-Luc Brunin qui avait saisi le procureur de la République peu après sa prise de fonction en 2004, tout comme s'alarma Mgr de Beauséjour après la sienne à la lecture du dossier Saunière. 
Le prédécesseur de Mgr Brunin, Mgr André Lacrampe, pourtant cité à témoigner a lui joué aux abonnés absents, ayant fait preuve durant son épiscopat des trois vertus rassemblées des singes de sagesse chinoise preuve d'une belle volonté de faux-culménisme !

Videau a détourné des fonds, encaissé de loyers non déclarés, exigé des pots-de-vin, prêté de d'argent à l'instar d'un autre brigand ensoutané nommé Antoine Gélis.
Enfin pompon sur la toque,  Videau vivait en concubinage et tout comme billard avait réussi à spolier d'au moins 550.000 euros les héritiers d'un archevêque corse mort à Rome qui en avait fait son exécuteur testamentaire.

Plus récemment encore le Vatican reconnaissait enfin, après avoir écarté toutes les plaintes durant des années et devant une évidence flagrante que le fondateur de la toute puissante Légion du Christ, Martial Maciel Degollado avait mené une double vie, usé d'une fausse identité et détourné des sommes considérables à son seul profit.

De ces tristes histoires touchant de hauts responsables de l'Église et fort habilement étouffées (
4), on peut retenir que si  aujourd'hui un prêtre retors peut arriver à flouer ses paroissiens et sa hiérarchie, Saunière et son frère ont pu, tout comme Arsène Billard, Eugène Prévost ou le père de Coma capter des paiements de messes, héritages, dons... 
Tracfin n'existant pas, bien malin qui pouvait contrôler la teneur de leurs avoirs.

Christian Attard


Notes et sources :

(1) Simonie : Trafic des intentions spirituelles et saintes, des dignités ecclésiastiques, des grâces sacramentelles, moyennant argent ou un avantage temporel. 

(2) Raymond Zambelli est né en 1943 à Trouville-sur-Mer (Calvados). Petit séminaire à Caen, grand séminaire à Bayeux, ordonné prêtre en 1967 à Lisieux, vicaire à Honfleur de 1967 à 1969. Il passe en 1972 sa licence de théologie à l'Institut Catholique de Paris

Puis est responsable du petit séminaire de Caen et chargé de diverses pastorales  dans son diocèse de Bayeux et Lisieux.

de 1978 à 1986, il est curé de Courseulles sur Mer, de 1986 à 1991, il est chapelain au Sanctuaire de Lisieux, de 1992 à décembre 2001, il est recteur du Sanctuaire de Lisieux ; 

En 2002, il prend une année sabbatique.

Enfin en 2003, il est recteur des Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes, poste à haute responsabilité s'il en est et qui exige une parfaite rigueur morale compte tenu des importantes sommes déversées par quelques 6 millions de pèlerins chaque année, poste clef en cette année 2008 qui marque le 150ème anniversaire des apparitions et s'honorera de la visite de Benoit XVI. Zambelli a en charge organisation et communication.

(3) L'ex-père Zambelli s'est lui aussi intéressé à Blaise Pascal et a écrit en collaboration avec Claude Tricot : « Blaise Pascal et Thérèse de Lisieux » Deux mystiques français. Éditions François-Xavier Guibert. Mais sa bibliographie est très fournie :

"Connaissance des lettres de sainte Thérèse de l'Enfant- Jésus" écrit aussi avec Claude Tricot. Éditions Office Central de Lisieux.
"Avec Thérèse de Lisieux « Rien que pour aujourd'hui » et "Prier avec Thérèse de Lisieux". "Sainte Marie, mère de Dieu" . Éditions du Signe. - 
"Lisieux parle de Thérèse" et "Thérèse nous parle".

(4) Même Internet garde peu de traces de ces escrocs en soutane de luxe !


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