Le légionnaire manchot 


La station X de Rennes-le-Château 
photo 1 ( Cliché François Pous)


Nous avons tous, passionnés par l'énigme de Rennes-Le-Château, scruté plus d'une fois et en détail toutes ces stations du chemin de croix. Aujourd'hui par le travail pugnace de quelques chercheurs (dont François Pous que je remercie, voir son étude ici) nous savons que ce modèle des établissements Giscard a été multiplié et vendu dans de nombreuses paroisses à quelques différences près. Ces différences portant essentiellement sur le nombre de personnages, l'encadrement.
Quelques études ont aussi révélé la mise en évidence de certains détails par effet de peintures et ces détails eux, sont propres à l'église de Rennes-Le-Château, uniques même si l'on considère la peinture décorative de fond de chaque station.
Franck Daffos a noté à ce propos la taille exagérée des dés à jouer de la station X et leur numérotation (3-4-5) qui selon son hypothèse conduirait à lire dans ces chiffres un cap - 345°. Cependant une taille des dés similaire se retrouve dans une autre station X produite quatre années avant celle de Rennes.
Mais, la constatation que je vais vous proposer peut conduire à démontrer que ce chemin de croix a volontairement été fabriqué, au moins pour cette station X, sur des indications très spéciales.

Sur cette même station, on déplore aujourd'hui le bris de l'avant-bras du joueur de dés. Le membre est sectionné au niveau du poignet et de la main qui tenait le gobelet comme vous pouvez le constater sur cette première photo ci-dessus. 
Fort heureusement Gérard de Sède et Paul Rouelle, par exemple ont pu réaliser des photos avant cette dégradation accidentelle ou pas, et nous pouvons ainsi retrouver ce détail.
Sur cet agrandissement de l'état actuel de la station, portez toute votre attention sur la section très nette de la cassure.

Détail sur la main au cornet
(cliché Paul Rouelle)

Très bien, arrêtons-nous là un instant car pour comprendre, il va nous falloir comparer cette partie avec quelques détails de station X similaires et retrouvées dans d'autres églises que celle de Rennes-le-Château (Photos François Pous). 
En voici deux ci-dessous :

Comme vous pouvez le constater, il nous serait impossible de passer la main derrière ce cornet à dés. La sculpture  de cette partie du tableau adhère parfaitement au corps de l'ensemble. Tout cela se comprend et se justifie car pour des raisons de démoulage, toute proéminence présentait un risque de cassure. C'est pourquoi, même si relief il y a, il n'est jamais bien loin du fond même. Cette constatation de logique de statuaire peut se faire facilement en examinant l'ensemble du chemin de croix.
Mais, en retournant sur la station telle qu'elle subsiste aujourd'hui nous retrouvons cette section nette, précise et aussi là où était le poignet et le cornet, la cape du légionnaire avec ses plis. Pas de traces de débris. 
Certes, la station aurait pu être restaurée, repeinte mais dans tous les cas le fantôme de cet accident devrait se percevoir sur le fond. Ce n'est pas le cas. Et ce n'est pas le cas, parce que ce poignet se détachait ostensiblement de l'ensemble du tableau, faisait angle. Angle qui a facilité ou conduit à sa cassure actuelle.
Briser pareillement le poignet et le cornet qu'il tient serait très difficile partout ailleurs, impossible en tout cas en présentant une section aussi propre et nette !

Nous avons donc là, la preuve du caractère unique de cette station, réalisée sur commande particulière avec une finalité précise qu'il nous reste (en tout cas pour moi) à découvrir. Commande unique parce que nécessitant une intervention très spéciale du statuaire qu'il n'a pas pu vouloir de lui-même car trop contraignante matériellement.
Vous pensez peut-être encore que je pousse un peu loin l'analyse et donne des intentions aux concepteurs qu'ils n'avaient pas obligatoirement ?
Alors nous allons revenir sur ce poignet tel que nous pouvons le voir encore aujourd'hui et je vais vous demander de l'examiner encore un peu plus attentivement.

Ces deux points visibles sur ce fort agrandissement sont les traces de l'armature métallique qu'a du mettre en place le statuaire. Ces deux tiges de métal assuraient la fixation de cette main au reste du tableau. Sans cette armature de métal l'ensemble aurait cédé au démoulage. Cette fixation, ce moulage particulier a nécessité une intervention organisée et préméditée toute particulière à cette station. C'est cette intervention qui la rend unique et signe la volonté du très probable codage.
Je me permets toutefois de conclure avec ce léger bémol : à ce jour nous n'avons pas retrouvé ailleurs parmi les dizaines de chemin de croix similaires cette mise en évidence spéciale, mais il se peut qu'un jour ... 
Il va de soi que tout ce qui est écrit alors ici n'aurait plus de sens... mais sur ce point particulièrement, je pense que ce ne sera pas le cas pour toutes les raisons et contraintes de fabrications que je viens d'essayer de démontrer.

Christian Attard

Un grand merci à François Pous pour son aide rapide et efficace. 
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