Par chemins et détours







Cette page sera sûrement longue et difficile à parcourir, autant vous en prévenir. Mais elle est nécessaire pour comprendre la complexité du grand jeu auquel se sont adonnés presque trois générations de chercheurs.
Tout (ou presque) dans le mystère des deux Rennes s'articule autour d'une phrase devenue emblématique, la fameuse :

BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES BLEUES

Phrase trop importante pour qu'il ne faille pas, au moins une fois, essayer de comprendre comment elle fut créée.
 
Tout part d'un texte latin tiré de l'évangile de saint Jean (Chapitre XII, versets 1 à 11) narrant l'épisode de l'onction de Béthanie, et sur lequel viennent s'imbriquer plusieurs messages codés. Texte recopié sous forme de parchemin.


Le vitrail de l'église de Rennes-le-Château qui illustre 
ce passage de l'onction béthanienne.





Il est bien entendu que je ne fais que reprendre les explications livrées ici ou là pour tenter d'y voir un peu plus clair et que je ne prétends pas (j'en suis bien incapable) être l'auteur de ce processus de décryptage révélé à ma connaissance pour la première fois par Gérard de Sède en 1977 dans "Signé Rose-Croix" puis par Frank Marie dans "Etude Critique".(1) Cependant, je continue à prétendre qu'une partie non négligeable de la solution est incluse dans le processus même de décodage.

140 lettres ont été sur ajoutées, sur le fameux "Grand parchemin" prétendument retrouvé par Bérenger Saunière. Le voici :





Le grand parchemin




Peu importe à partir de quoi ce document a été recopié, il nous suffit de savoir que 140 lettres ont été malicieusement ajoutées ce que même un piètre latiniste remarque immédiatement.
De très petits caractères livrent aussi les mots : "Rex Mundi". Nous ne nous occuperons pour l'instant ni de la phrase de bas de page reprise de la peinture d'autel dans l'église de Rennes-le-Château, ni de la signature.
Voici ces lettres comme indiqué ci-dessous :







Ces lettres excédentaires apparaissent toutes les sept lettres, à quelques exceptions cependant où l'intervalle est réduit à 6 lettres. On note aussi la présence de lettres ostensiblement sur-élevées : ces lettres encadrées ici en rouge forment les mots AD GENESARETH, les E de ces mots portent accents ce qui ne peut que nous les signaler d'avantage.






A ce stade, si nous ne possédons pas d'autres informations, que pouvons nous déduire en supposant que nous soyons un habitué sensible des cryptages et codages les plus connus dans le monde du renseignement ?
Eh bien que 140 lettres, moins les 12 lettres de AD GENESARETH nous donne 128 et que 128 est égal à deux fois 64. Deux fois les cases d'un échiquier. Information à mettre de côté. 
Il va maintenant être fait appel au chiffre de Vigenère du nom de son inventeur Blaise de Vigenère (1523-1596), mathématicien et alchimiste. Mais pourquoi ce choix et pas un autre ? Notons que pour un observateur attentif GENERE se trouve en adGENEsaREth et que les deux lettres manquantes pour former le nom du célèbre cryptographe sont juste au-dessus : VI inversées. Tiré par les cheveux ? à ce stade : oui !  Mais nous en reparlerons un peu plus loin quand nous retrouverons toujours au centre de notre grille la même coïncidence avec le nom plus clair d'un autre cryptographe célèbre.


Trois lettres : O, H et X surlignées ici sont problématiques et semblent être des erreurs de transcription. 
Si nous les conservons telles qu'elles, bien que ne remettant pas en cause le sens compréhensible du message final certains mots seront faux. Ces erreurs pourraient bien révéler une faiblesse du copieur, à moins qu'elles ne soient volontaires ?? Elles doivent être remplacées par E, F et T pour arriver pleinement au résultat final ?




Vigenère publia ses redécouvertes en 1586, c'est dire que le procédé date quand même quelque peu auprès des gens de l'art cryptographique et ne peut pas être suffisant pour notre tortueux codeur. Ce ne sera donc que l'un des procédés employé et non pas "LE" procédé. 
Le texte latin ne comportant pas de W, la grille décalant nos 25 lettres n'en portera pas non plus.
Selon le principe de chiffrement de Vigenère, nous décalons en effet chaque ligne d'une lettre pour obtenir le tableau alphabétique de base ci- dessous :





Le chiffre de Vigenère nécessite le recourt à un mot clef, c'est MORTEPEE qui est utilisé ici. Pourquoi MORTEPEE ??
Cet ensemble de lettres est tiré de la pierre tombale de Marie de Blanchefort. 
Cette épitaphe (ci-contre) tient, nous allons le comprendre, une place primordiale.

Sur cette stèle, on relève 8 anomalies évidentes : 
   un T au lieu d'un I dans CT Git 
   un e minuscule à NOBLe 
   et un M isolé,
   à nouveau un E minuscule dans NEGRe, 
   un R au lieu d'un B dans DARLES, 
   un autre E minuscule dans De, 
   un P minuscule et décalé dans SEpT 
   et enfin un O dans MDCO.
 
Pourquoi faire le choix de l'agencement des lettres en MORTEPEE ? Plutôt qu'en EMPORTEE ? Mystère !





A ma connaissance une seule personne tend une piste sérieuse mais suspecte : Pierre Plantard !
Qui dans sa préface à la "Vraie langue celtique" de Boudet écrit :

"Celui qui visitera ce lieu (St Sulpice") aura matière à réflexion; il y trouvera notamment, de part et d’autre de la ligne du méridien, deux tableaux de Signol: la Mort de Jésus et l’Epée au fourreau. "MORT" et "EPEE"".  
et plus loin encore :

"Cette réconciliation devant la Mort, face à I’Epée de la Justice divine, a marqué un nouveau tournant de la vie de l’abbé Saunière."

Notez les majuscules sur Mort et Epée et Justice. Étrange insistance, non ?

Mais reprenons donc les 128 lettres obtenues sur le parchemin qui sont positionnées avec la clef MORTEPPE comme ceci :




Ainsi le premier M de MORTEPEE se trouve sur un V. En se reportant au tableau de Vigenère au-dessus, il suffit de trouver la lettre située à l'intersection du V et du M. 
Ici, il s'agit d'un "I " et ainsi de suite jusqu'à obtenir une nouvelle grille qui, selon ce procédé, va nous livrer le message primitivement crypté.
Or, la grille obtenue n'a guère de sens ! 
La voici :


Code104




C'est à partir de maintenant que les choses se compliquent terriblement car il nous faut tout d'abord remplacer chaque lettre par celle qui l'a suit dans l'alphabet. Ce qui nous donne ceci :




Puis, il faut avoir une fois encore recours au chiffrement Vigenère, mais en utilisant maintenant, nous dit-on, pour clef la totalité du texte de la stèle de Blanchefort. Cependant, il va nous manquer 9 lettres pour couvrir comme la première fois la totalité des lettres ci-contre. car la phrase : "CT GIT NOBLE..." n'en comporte que 119.
Ces neuf lettres seront récupérées sur la dalle, elle aussi supposée de Marie de Blanchefort. 
On comprend ici que sans dalle et stèle de Blanchefort, ce parchemin reste indéchiffrable. Les trois éléments sont intimement liés comme d'ailleurs ce grand parchemin se relie à l'église de Saunière.




Mais, pour arriver à notre phrase sibylline, nous pouvons nous passer de ce parchemin qui doit donc avoir une autre "utilité" !
Par contre, stèle et dalle peuvent nous conduire au bout de notre recherche cryptographique, il nous faut ainsi considérer que tout ce qui précède n'a été qu'une mise en bouche et repartir à zéro. 
Nous revoilà avec la grille ci-contre contenant le texte de la stèle visible plus haut et ce PS PRAECUM tiré de la dalle (virtuelle ?) que l'on voit ici :



Et je vous propose de suivre les conseils d'un autre cryptogramme célèbre de cette histoire, celui dit du "sot pêcheur" (1) lorsqu'il nous indique : "sur le gril deux fois retourna". 
En faisant subir à la grille plus haut une symétrie horizontale puis verticale, nous obtenons maintenant l'ensemble de lettres ci-dessous :



C'est cet ensemble de lettres qui devient notre clef pour le tableau de Vigenère utilisé plus haut avec MORTEPEE. Comme indiqué ci-dessous :




 


Comme nous l'indique toujours le "Sot pêcheur" nous utilisons les 25 lettres de l'alphabet pour "goûter à notre poisson !"
Le résultat est cette nouvelle grille immédiatement au-dessous ici et qui se révèle toujours aussi obscure.






Il nous faut maintenant tenter de remplacer chaque lettre par celle qui la suit dans notre alphabet. Ce qui nous donne cette grille ci-dessous : 







Mais encore ? Comment aller plus loin ? Peut-on repasser tout cela par de nouvelles inversions, conversions ?
Je rajoute ici mon petit grain de sel personnel en redisant que cette grille contient sa propre démarche de solution sous la forme d'un anagramme. 
Avec un peu d'attention et pour une personne au fait des grandes méthodes cryptographiques le nom d'EULER ne peut que sauter aux yeux !







Ici surligné en jaune. Ce grand mathématicien (1707-1783) s'est intéressé à un vieux problème connu depuis au moins le IXè siècle qui permet sur une ou deux grilles d'échec de tracer un message par les sauts successifs d'une seul pièce : le cavalier. Cette méthode est connue sous le nom de polygraphie, après Euler et ses publications, sous le nom de cavalier D'Euler.
Notons l'extraordinaire coïncidence de ce nom ici, dans les deux colonnes centrales. Mais si on prend les lettres de ces deux colonnes : NAEULERPOCDSSEDL. Nous pouvons, en permutant l'ordre des lettres, obtenir LNCODESPASDEULER. Nous ne sommes pas très loin d' :
"ENCODES PAS D'EULER ! "
Une telle succession est-elle vraiment le fruit du seul hasard ?? Non, bien sûr cela est impossible et prouve que nous avons là le seul système de codage de ce parchemin.
Il nous reste cependant à répartir ces 128 lettres sur deux échiquiers et à trouver ce fameux pas du cavalier d'Euler !
Voici cette répartition :







Et la série de sauts qui conduit à la solution, à la condition de commencer notre parcours par la case F6. Case qui n'est indiquée à ce jour par aucun autre codage ce que je trouve bien anormal. Mais qui devient évidente pour qui pratique les échecs et connaît la fameuse défense Alekhine qui donne son cavalier en F6 !









Voici, pour terminer, le tracé du cheminement de notre cavalier qui dessine une très belle étoile et nous a livré la phrase célèbre.  
Mais nous aurons compris au passage que ce décryptage aidé (puisqu'il contient le nom de deux procédés indispensables) repose essentiellement sur stèle et dalle, représentations étrangement parachutées qu'il conviendra  d'analyser aussi. Retenons que la case de départ de notre cheval (F6 ici) est en réalité la 22ème case en partant du haut gauche de l'échiquier et que ce nombre est omniprésent à Rennes et cher aussi à notre retors Plantard.

Christian Attard




Notes




((1) voir l'étude de Patrick Mensior : https://www.rennes-le-chateau-doc.fr/etudes%20et%20articles/images/Curiosites_et_decouvertes_de_la_belle_histoire.pdf




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