A la croisée des chemins (2)


Station 8


Sûrement la plus étrange de nos stations Giscard, Simon de Cyrène, le porteur de la croix a disparu, mais il reste une jambe sortant bizarrement sous la cape, doit-elle, peut-elle être considérée comme celle du légionnaire à l'arrière de la croix ? !  
François Pous nous a signalé dans une autre église une station identique où Simon et jambe n'existent pas, une autre station 8 existe par contre avec la même erreur et ce bout de jambe est peint comme le manteau. Sûrement donc un défaut de sculpture.


Station 9


Là encore, on voit nettement la disparition d'un personnage. Mais alors qu'auparavant, il ne s'agissait que de resserrer les scènes vers leur centre, ici, le sculpteur a du ôter le personnage.


Station 10


Et ces fameux dés ! En tout cas, nous les pensions "exagérément" grossis ce n'est plus le cas en les comparant à cette autre station. Simon a disparu à Rennes-le-Château et il ne reste que sa main !
Voir aussi mon étude sur le légionnaire manchot


Station 11



(commande de mai 1892)


Station 12

La station 12 a aussi suscité de nombreux commentaires pourtant, elle se révèle parfaitement conforme à celles pouvant se trouver dans d'autres églises . 
Notons au passage un détail : les lisiers de manche maintenant aussi aux poignets de St Jean comme à ceux de Marie.

Merci à M. François Pous et voir son étude ici qui nous permet de comprendre qu'en 1896 date de commande du chemin de croix de Rennes le Château la station vendue par Giscard ne représentait plus la scène de la crucifixion comme montrée ici à droite.


Station 13

Je remercie François Pous pour son aide et la photo ci-contre, qui m'ont permis de revoir mon appréciation de départ. 
Ici, le choix de l'acheteur s'est porté sur une station ne comportant pas les deux femmes éplorées de droite. 
Car, et c'est une re-découverte, plusieurs stations ont ainsi à partir d'un cœur de base étaient retravaillées en atelier. 
Le choix parmi ces représentations légèrement différentes fut-il fait pour ouvrir le paysage ? Il est difficile de l'affirmer car on voit que le peintre a pu ci-contre remonter  la ligne d'horizon ce qu'aurait également pu concevoir celui de Rennes-Le-Château.


Station 14



Notre paysage a un peu changé : si la grotte-tombe reste la même, l'arrière plan est différent, mais une comparaison avec une station d'une troisième église nous montre que l'on ne peut pas affirmer que cela soit volonté du commanditaire. 
L'axe du visage du Christ ainsi que les traits de Joseph d'Arimathie  sont identiques sur les images 1, 2 et 3 alors que l'écart des deux têtes (Christ et Joseph) et plus important sur la vue n°2. La station à Rennes perd tout rattachement au Golgotha.
La lune est bien présente sur d'autres Station XIV que celle de Rennes, quant au soit-disant Père Chiron représenté en Joseph d'Arimathie, les ateliers Giscard lui avait déjà donné ce visage plusieurs années avant que Saunière ne fasse l'achat de ce chemin de croix.


En conclusion provisoire de cette courte étude, on observe certes qu'une partie de l'attention des "codeurs" possibles de ce chemin de croix de Rennes s'est portée sur le paysage peint à l'arrière-plan ou sur la mise en relief de petits détails existants déjà sur l'œuvre des ateliers Giscard. 
Mais, il est clair que le commanditaire a surtout recherché un recentrage sur les personnages essentiels de l'action et que, contre toute logique, ces personnages débordent du décor constituant le cadre de ces tableaux. 
Paul Rouelle a apporté son hypothèse à cela en considérant qu'il fallait compter le nombre de plots constituant ces cadres et s'arrêter à ces déboîtements des personnages, tout en s'aidant des paysages et en s'orientant sur le chemin de la grotte aux carrefours que représente la croix.
Cependant, il faut reconnaître que ce choix de recentrer l'action sur moins de personnages donne une meilleure lecture des scènes présentées, esthétiquement parlant, il me semble judicieux. 

En comparaison, le chemin de croix de Rennes est plus lisible, plus fluide, plus clair. Les établissements Giscard ont fourni des chemins de croix recadrés parfaitement identiques à celui de Rennes-Le Château à quelques menus détails près, Saunière a préféré ce modèle pour peut-être cette raison de clarté de lecture.

Contrairement à ce qui a été dit et écrit, il aurait été impossible à un homme seul disposant d'un peu de temps dans l'église de mettre en oeuvre son codage d'un éventuel lieu. Les retouches commandées si elles sont avérées, sont complexes et ont nécessité un travail à façon qui a été mûrement pensé et attentivement réalisé.
(voir page consacrée au légionnaire manchot)

Je vous invite à me faire part de vos observations afin de compléter cette mise en comparaison.

Christian Attard


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