Saunière et les Adorateurs | ||
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L'adoration
du Très Saint Sacrement | ||
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Nous avons rencontré au cours de notre étude précédente le père Pierre-Julien Eymard (1811-1868), fondateur des Pères et servantes du Très Saint Sacrement et Mlle Marie Hébert de la Roussellière,(1840-1924), sa disciple (1). Cette dernière oeuvrant toute sa vie pour mettre en place aussi bien en France qu'au Canada des associations d'adoration du Saint Sacrement, créa aussi des oeuvres de soutien aux paroisses les plus pauvres. L'Oeuvre des tirelires eucharistiques, le Bureau des Œuvres eucharistiques ne doivent qu' à elle, d'autres associations caritatives leurs furent contemporaines. Bérenger Saunière sut bénéficier avec intelligence de cette vague de générosité qui précéda la rupture de Église et de l'État. | ||
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Mais
il ne faut pas continuer à croire pour autant que ce prêtre d'une si
incroyable activité fut dénué de tout esprit de sacerdoce, de tout
sentiment de ferveur religieuse. Bien au contraire, et pour comprendre
cela il nous faut revenir sur cette congrégation des Pères du Très
Saint Sacrement.
-
Passer chaque semaine une heure en adoration devant le Saint Sacrement
exposé sur l'autel ou protégé dans le tabernacle.
- Rapporter une fois par mois à son Directeur local sur les libellus adorationis (évoqués précédemment) ses actions et méditations. - Appliquer une fois par mois les indulgences attachées à l'heure d'adoration hebdomadaire au bénéfice des âmes des défunts morts durant le mois précédant. - Offrir le Saint Sacrifice une fois par an à tous les membres décédés de l'association.
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Rodin
(2)
sculptant le buste | ||
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Comme
nous l'avons déjà mentionné, c'est exactement ce à quoi s'appliqua
Bérenger Saunière avec régularité dès 1896. Il aurait certes pu se
contenter du seul soutien financier de l'association or il n'en est rien.
Bien au contraire, il
s'applique à renvoyer à échéance trimestrielle ces "libellum",
organise et participe avec ses "associés" à des cérémonies
d'adoration et demande médailles, cire et huile pour la combustion du lustre
toujours allumé devant le Tabernacle. Il est plus que probable qu'une telle organisation parallèle assise sur cette association d'abord puis sur de "mauvaises habitudes" ensuite, ait fini par agacer le nouvel évêque Monseigneur de Beauséjour sûrement plus strict que son prédécesseur. Car seul l'évêché était apte à redistribuer les demandes de messes aux prêtres les plus nécessiteux. | ||
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L'ostensoir
d'exposition de l'hostie sacrée de Bérenger Saunière | ||
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Le quémandeur | ||
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Mais Bérenger Saunière, bien que pratiquant ses dévotions au Saint Sacrement ne s'arrêta pas non plus à cette association des prêtres adorateurs. Pour un "pauvre curé d'une paroisse abandonnée", il savait se tenir parfaitement informé et utiliser toutes les ressources que lui offrait le monde charitable de son temps. Ainsi
quémanda-t-il quelques objets auprès de
l’œuvre des
églises pauvres ou des Tabernacles.
Sur l'initiative du révérend père Richard de la Compagnie de Jésus,
cette association se monta dès 1858 à Angers pour venir en aide aux
églises les plus démunies. Ayant à sa tête des personnes de haute
condition nobiliaire, l'œuvre se répandit à travers le pays. En 1897,
plusieurs courriers échangés par Bérenger Saunière attestent de son
intérêt pour cette oeuvre. Il a très certainement pu ainsi obtenir du
linge d'église, des broderies et autres tissus de décoration. | ||
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En-tête d'une lettre de convocation pré-imprimée. | ||
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En
cette fin de XIXè siècle, la France vit donc l'émergence
d'une multitude de congrégations, d'associations et d'œuvres
charitables. A tel point que dans certains diocèses des prêtres jugèrent
même bon de publier des manuels pour tenter de s'y retrouver ! (6). | ||
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(1)
A la fin de sa vie sera carmélite sous le nom de Marie-Clémentine de
Jésus-Hostie , (2) Le grand Rodin doit sa carrière aux conseils du père Eymard car il était novice chez les pères du Très Saint Sacrement lorsque le père Eymard constatant son talent lui demanda d'abandonner la voie ecclésiastique. (3) L'association a été canoniquement érigée à Rome le 16 janvier 1887. (4) pour la retranscription des carnets de correspondances de B. Saunière voir le travail de Laurent Octonovo : http://www.octonovo.org (5) Éric Mension-Rigau, "Le donjon et le clocher. Nobles et curés de campagne de 1850 à nos jours" - collection Pour l’histoire, Paris, Librairie académique Perrin, 2003. (6) voir par exemple le "Manuel d'œuvres religieuses, professionnelles, économiques et sociales", de l'abbé Gustave Chapelle en 1894 ou Le "Manuel des Oeuvres et des institutions catholiques pour la ville de Saint-Etienne" en 1880 | ||
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