Je viens d'apprendre ici
que M. Gilles Semenou, abbé de profession va entreprendre des visites
commentées de l'église de Rennes-le-Château. L'objectif en est clair,
tenter de récupérer une série de paroisses qui, aujourd'hui, sont bien
plus connues et fréquentées pour leur odeur de soufre que pour celle de
l'encens ! M. Semenou n'en est pas à son premier coup dans le
domaine de la récupération idéologique puisqu'il avait déjà tenté une
biographie plus que douteuse de Nicolas Pavillon (1) où il insistait
lourdement sur sa supposée dérive janséniste.
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Certes
la recherche effrenée d'un potentiel trésor a bien conduit à des
dérives lamentables. Ceux qui ont ouvert des tombeaux, fait sauter
dalles et catafalques, ceux qui ont falsifié quelques maigres documents
dans le but de manipuler ou de s'enrichir se reconnaitront, beaucoup
sont encore vivants. Ces individus, souvent douteux ont attirés à eux
d'autres marginaux, c'est tout à fait exact.
Mais de là à exonérer Bérenger Saunière, qualifié de légèrement
mégalomane, il y a un pas que l'intelligence empêche de franchir. Car
le tout premier à avoir porté le scandale sur la colline est bien ce
prêtre. L'église de Carcassonne ne peut plus étouffer un fait connu de
tous : le trafic des messes. Et encore, oublie-t-elle de dire que ce
trafic se fit avec l'assentiment des supérieurs de Saunière. A ce
titre, je ne crois pas avoir été lu et compris surtout, lorsque
j'explique quel fut le mécanisme réel de cet enrichissement dont la
source est le père Eugène Prévost. Prêtre qui, à ses débuts en tout cas, avait vu son action approuvée par le Pape.
A ce trafic de messes avéré, il faut ajouter toute une incroyable série
de turpitudes : vente de toutes sortes de produits (vins, cartes,
engrais, peaux de lapins angoras...) , jeux de loterie, revente de
biens archéologiques, placements avec son cher confrère Gelis. Et si ce
n'était que cela, on pourrait encore être porté à l'indulgence mais il
y eut aussi les galanteries et autres gaudrioles pour rester dans les
litotes ! Il y eut plus grave encore pour les frères Saunière quasiment
en couple avec enfants.
Juste un peu mégalomane et pédagogue ? Drôle de pédagogie !
MM. Semenou et Planet sont bien placés pour avoir accès aux
archives de l'Archevêché de Carcassonne qu'ils s'y replongent de plus
près pour nous conter comment après avoir fait scandale dans les rues
de la cité, le bon Bérenger fut déplacé le plus loin possible et
comment ses frasques à répétitions en faisaient un prêtre incontrolable.
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Mais on continue dans
l'église du XXIe siècle à prendre les gens pour des idiots manipulables
par un bon vieux discours de jésuite. Le touriste ignorant les
ressorts de cette histoire sera prêt à tout gober mais ceux qui
connaissent vraiment Rennes-le-Château ? Quantité négligeable ?
Pourtant, il y aurait un domaine où ces messieurs, toujours prêts à
jouer de la morale catholique, pourraient exceller, c'est celui de la
véritable authenticité historique.
Elle seule mettrait définitivement fin à toutes les affabulations.
Plutôt que de tenter de récupérer quelques ouailles de toute
manière irrécupérables pourquoi ne pas éclairer le plus grand
nombre ?
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Comment faire, messieurs de la Pastorale ?
Eh bien en mettant votre verbe au service de l'archéologie et de
l'histoire ! En travaillant à une autoirsation de fouilles et à
l'ouverture d'une crypte sous l'église qu'aucun chercheur de bon sens
ne peut plus nier.
Oui mais voilà, faire cela serait pour l'Eglise très très risqué. Allez
imaginer ce qu'à bien pu trafiquer encore ce diable de Saunière sous
cette église un rien un peu trop kitch !
Ce ne serait pourtant pas bien grave au fond, un peu de discrétion dont
l'Eglise a toujours fait usage pour camoufler ses errements et un bon
coup de balais avant une ouverture plus officielle au public et le tour
est joué.
Non
finalement, il vaut encore mieux quelques visites pastorales et
gratuites. Les offrandes ne seront pourtant pas refusées. Après tout,
Saunière ne faisait rien d'autre que cela : édifier le pauvre paysan du
coin dans un style un peu trop sulpicien.
Christian Attard
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