"La Croix" et la bannière


L'année 1891 portée dans l'éternité 


Gérard de Sède et ses comparses ayant eu indiscutablement accès aux papiers laissés par Bérenger Saunière à sa mort mentionnent dans "L'or de Rennes" Édité par Julliard fin 1967, un étrange collage réalisé par le prêtre et composé de deux illustrations découpées dans des journaux.
Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur cette juxtaposition de deux images naïves bien dans le goût de ce qui se faisait en cette fin du XIXème siècle ; et parfois avec intelligence comme André Douzet
(1), Christian Doumergue (2), ou Roger Correard (3)

Mais, il semble que la source de ces images n'avait pas été jusqu'à ce jour repérée réellement :

"../..
Pour Antoine Captier, le propriétaire de ce document, il ne peut s’agir que du seul journal ‘La Croix’ des mois de juillet ou août ../.." 
rapporte encore André Douzet en s'interrogeant sur le sujet porté par des anges et le fruit évoqué.

Par déduction, il m'a semblé que cet enfant ne pouvait être que l'allégorie même de l'année 1891 et que si celle-ci était portée dans l'éternité, elle ne pouvait donc que venir de s'achever. 
Il ne restait plus donc qu'à se procurer le journal "La Croix"
(4), en effet, Antoine Captier ayant raison, mais du 1er janvier 1892 !

En voici la première page :

Nous y reconnaissons parfaitement l'illustration utilisée par Saunière pour son collage. 
En conséquence, ma première déduction étant correcte, il ne me restait qu'à trouver le journal du 6 janvier, jour de l'épiphanie de cette même année 1892 pour compléter le montage de l'énigmatique curé. En voici la première page :

Nous savons donc avec précision d'où Bérenger Saunière a tiré ses collages : les premières pages de "La Croix" du 1er et du 6 janvier 1892.
Ces sources retrouvées nous permettent maintenant de mieux comprendre que le fruit mentionné, et que porte en main la personnification de l'année 1891 écoulée, n'est qu'une image symbolisant les actions accomplies durant cette année. 
Le texte qui suit n'étant pas équivoque :

De la même manière, nous pouvons ouvrir d'autres pistes de réflexions à cet étrange collage en analysant complètement le texte au-dessous de l'images des rois mages, le voici :

Ce court texte nous signale que le dialogue publié est tiré d'un roman que lancera le journal : "Les mystères du Moyen âge : mystères liturgiques" de M. le baron d'Avril, de son nom entier : Louis-Marie Adolphe Lesvêque (1822-1904),  diplomate, ministre des affaires étrangères, écrivain prolixe et grand érudit français, expert en culture et traditions slaves. Il est aussi l'auteur d'une traduction remarquée de "La chanson de Roland"

Mais en dehors de la personnalité déjà étonnante de cet homme et de son sujet de prédilection le théâtre et la poésie du Moyen-âge qui nous remémorent un certain Walter Mapes, il convient de souligner je crois, le caractère clairement royaliste et  ultra-conservateur bien sûr de l'allégeance faite au Christ, Roi des rois.

Ainsi en restant sur le seul plan de la projection allégorique, l'utilisation de ces deux images, les premières publiées en cette année 1892 par le journal La Croix, pourrait signifier que le fruit de l'activité développée en 1891 par Bérenger Saunière, sa part portée au "flambeau de la vérité" consista à affermir cette accord entre église et monarchie.
Mais ce n'est qu'une des interprétations possibles ...

Christian Attard

Notes et sources

(1) sur cette page : http://www.societe-perillos.com/balustre_4.html
(2) sur cette page : http://www.portail-rennes-le-chateau.com/affaire_renneslechateau.htm
(3) sur cette page : http://www.renneslechateau.com/francais/correard.htm
(4) Voir le site Gallica de la BNF :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343631418/date
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