Lectures parallèles

Nombreux sont les "exégètes" de l'abbé Boudet à s'être penchés jusqu'à en tomber sur ce pensum que constitue "La vraie langue celtique ou le cromlech de Rennes-les-Bains".
On a pu trouver ou croire trouver (et moi le premier) bien des intentions au malicieux érudit, certains chercheurs se sont lancés dans des calculs étranges (1) à propos des citations utilisées dans le texte, restons basiques !
Henri Boudet nous prévient par une note en bas de page 38, un peu tard d'ailleurs et alors qu'il a plusieurs fois déjà eu recourt à ces citations, qu'il utilise la Bible du R.P. Carrières  :

"(1) Bible de Carrières, Gen. c. v. 2. Nous donnons ordinairement la traduction de l'Écriture Sainte d'après cette bible, parce qu'elle est fort exacte et très appréciée. Nous faisons ici cette remarque afin de n'avoir pas à y revenir dans toutes nos citations."

Et si nous ne suivions pas son conseil et au contraire revenions sur ce choix !

A l'instar de David, Boudet aura-t-il raison de nos têtes chercheuses ?
La Bible, illustrée par Gustave Doré

La Bible du R. P. Carrières ajoutent ses commentaires sur un texte de la Vulgate latine. Cette dernière se caractèrise par un découpage différent des livres de Samuel et des Rois qu'elle rassemble pour nous donner quatre livres des Rois au lieu de deux livres de Samuel et deux livres des Rois dans les bibles classiques.


Ainsi, Page 41: "David, étant près de mourir, recommanda à Salomon, son fils de punir Joab de ses crimes : " Vous ferez, dit-il, à son égard, selon " votre sagesse ; et vous ne permettrez pas qu'après avoir " vieilli dans l'impunité de son crime, il descende en paix " dans le tombeau ; et non deduces canitiem ejus ad " inferos. " (1)
Et en bas de page : (1) Troisième liv. des Rois, c. II. 6 . Ce  qui correspond donc au premier livre dans nos bibles modernes ou n'existe pas de troisième livre des Rois.

Notons toutefois que ce texte précède la phrase suivante : "Envers les fils de Barzillaï de
Galaad, par contre tu agiras avec bonté, qu'ils soient de ceux qui mangent à ta table ../.."  
Voilà qui nous rappelle le
Galaad des Chevaliers à la table ronde évoqués par ailleurs mais ce serait faire d'une coïncidence, une démonstration, restons circonspect !

Page 78 : ../..
mais " le peuple se refusa à écouter ces " explications : Non, lui dirent-ils, nous voulons un roi qui nous gouverne. " (1)
(1) Premier liv. Rois. c. VIII. Ce passage correspond donc au premier livre de Samuel de nos bibles classiques, mais si nous restons dans cette bible classique, la référence indiquée par Henri Boudet renvoie  au transfert de l'Arche d'Alliance !

Page 80 et 81 : les citations choisies parlent des Philistins et de David et Goliath.
Et en bas des pages les références données pour ces diverses citations sont : Premier liv. des Rois. c. XVII. 8-16. et 1er Liv. des Rois. c. XVII. 48, 49.
Idem cela correspond au premier livre de Samuel de nos bibles. Mais, dans ces bibles "classiques" le chapitre XVII du Livre des Rois nous donne une intéressante et maçonnique résurrection du fils de la veuve par Élie le Tishbite de
Galaad ! Tiens Galaad à nouveau qui d'ailleurs est lui aussi fils d'une veuve !!
Discrète allusions à une maçonnerie détentrice d'informations ou une fois encore au Graal que seul Galaad contempla avant de disparaitre ?

Salomon fut-il plus subtil écrivain qu'Henri Boudet ? 

Mais Henri Boudet pratique aussi, semble-t-il des ajouts de textes toujours sur des citations. 

Exemple ?

Page 76 : " Soyez ferme et courageux, car " c'est vous qui ferez entrer ce peuple dans la terre que Dieu " a juré à leurs pères de leur donner,
et c’est vous aussi qui la partagerez au sort.
Deut. c. XXXI. 7.

Mais la phrase : "
et c’est vous aussi qui la partagerez au sort" n'existe pas dans nos traductions actuelles !
Il n'y est pas question de tirage au sort mais de don, de distribution !
Cette notion de tirage au sort est d'ailleurs fort intéressante car elle nous conduit à repenser au gobelet et aux dés présents dans la station X de Rennes-le-Château.

A cela s'ajoute aussi certains noms uniquement présents dans cette version de la Bible comme page 60 :
 
" L'ange lui répondit : j'accorde encore cette grâce à la prière que vous me faites de ne pas détruire la ville pour laquelle vous me parlez. Hâtez-vous et sauvez-vous parce que je ne pourrai rien faire jusqu'à ce que vous y soyez entré. C'est pour cela qu'on a donné à cette ville le nom de
Segor. Le soleil s'élevait sur la terre, lorsque Lot entra dans Segor. " 
Et plus loin :
Cette insistance de l'ange à répéter que l'heure était pressante est parfaitement reproduite dans Ségor – to say (sé) répéter, – to egg, pousser, exciter, – hour (haour) heure, moment.

Alors que sur toutes nos bibles nous ne trouverons pas Segor mais Coar ou Tsoar ! qui en hébreu signifie petit. car en effet, un peu avant la ville est présentée comme insignifiante.

L'auteur nous conduit-il discrètement vers une autre lecture que celle qu'il nous livre au premier niveau ? A-t-il joué sur une double lecture facilitée par une division différente du livre des Rois entre sa bible de Carrières et nos bibles classiques ?

Christian Attard

Notes et sources :
(1) : http://www.rennes-discovery.com/Francais/boudet4_Fr.htm
Bible :  Traduction de la société biblique britannique - version synodale de 1949- Cambridge 
Bible :Nouvelle traduction de la bible - Bayard 2001 
Bible : TOB au Editions du Cerf  - 1988

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