Points et délices








Le pseudo blason des Plantard de Saint-Clair
(source "l'Énigme Sacrée" de MM. Baigent, Leigh et Lincoln)






Les différentes représentations symboliques utilisées par Pierre Plantard n'ont pas été beaucoup étudiées. Cela est bien dommage à mon sens, car elles révèlent d'étranges parallèles. Ainsi l'improbable blason des Plantard est-il, à lui seul, des plus révélateurs. 
Ce dessin conçu pour un tout autre but qu'une exposition de lignée apte à traverser les siècles ne répond absolument pas au bon sens graphique habituel en héraldique. Les caractères illisibles, impossibles à réduire prouvent l'amateurisme du concepteur, bricoleur maladroit et indigent. Ces défauts de réalisations sont la marque générale des productions de Pierre Plantard ou de Philippe de Chérisey mais ils n'ont jamais gêné les exégètes de leurs fantasmes surréalistes.







(source Gallica)

Deux ours ici symbolisent la naissance de l'Arcadie, ils ont pour nom (sur leur collier, idée complètement grotesque) Arkas et Kallistos. Comme à son habitude Zeus trompe Héra avec la belle Callisto. De leurs amours naîtra Arcas. Pour les protéger des fureurs d'Héra, ils seront transformés en ours selon certaines sources. 
La sentence "Et in Arcadia ego..." vient renforcer l'ancrage arcadien de la supposée lignée mérovingienne symbolisée ici par onze "abeilles". 
L'abeille ayant été "déclarée" symbole mérovingien depuis la découverte de trois cents broches dans le tombeau de Childéric à Tournai en mai 1653. Édouard Salin qui fut un grand spécialiste des mérovingiens, nous précise cependant : « La cigale mérovingienne évoque l'idée d'immortalité et elle est, plus ou moins indirectement, un héritage de traditions venues d'Extrême-Orient et apportées par le monde des steppes. » 
Exit donc l'idée d'une abeille mérovingienne qui aurait put orner le manteau funèbre de Childéric 1er et, par voie de conséquence, la récupération boiteuse de ce symbole après le XVIIème siècle puis par les fantaisistes Plantard et De Sède ! Abeille qui est cigale et ne se transforma pas non plus en fleur de Lys. 







Mais Abeille ou pas, le soi-disant blason n'est sûrement pas bien vieux. En son centre le lys royal dans un cercle rappelle le mauvais jeu de mot Chérisien du "cercle d'Ulysse" mais devait surtout, dans l'esprit de Pierre Plantard, vouloir coller à une sentence de Nostradamus : "D'vn rond d'vn Lys naiƒtra vn ƒi grand Prince, Bien toƒt & tard venu dans ƒa Prouince, Saturne en libra en exaltation : Maiƒaon de Venus en decroiƒƒante force. Dame en apres maƒcu in ƒous l'eƒcorce, Pour maintenir l'heureux ƒang de Bourbon."
Grand monarque qui ne pouvait et ne devait être que Plantard en personne ! 
Ce même symbole se retrouvant d'après lui associé à St Germain-des-près, il était utile de le rappeler dans son "serpent rouge". Et les attaches mérovingiennes à l'église lui permettaient de renforcer les liens truqués vers Rennes-le-Château. Car ses bri "collages" omettent de signaler que par exemple, le tombeau et le sceptre en forme de Tau qu'il mentionne avoir été découverts à St Germain-des-Près  furent possession d'un abbé et non de Childebert 1er.














Les bergers de Nicolas Poussin version 1

Extrait d'un recueil de poésies (2) 

Les bergers de Nicolas Poussin
version 2








Il semblerait donc qu'il n'y ait pas grand chose à tirer de cette tentative dérisoire de falsification historique.

"Trois petits points" cependant pourraient être assez révélateurs d'une autre manipulation.

En effet, la sentence "Et in Arcadia ego" et ici uniquement, suivie de trois points qui se veulent peut-être une indication de suite à trouver mais plus certainement de quelques regards appuyés vers la franc-maçonnerie.

Déjà, avec ses feuillets "Vaincre...", Plantard faisait systématiquement suivre le nom de trois points. 
Page 236 du livre "le Message", suite de leur best-seller "L'énigme sacrée", MM.
Baigent, Leigh et Lincoln, dans un chapitre nommé "Conversation avec M. Plantard", expliquent que la seule réaction de Pierre Plantard à la lecture de "L'énigme sacrée" fut de déclarer que les mots "Et in Arcadia ego" n'étaient pas suivis comme ils le devaient des trois points !

Étant donné que nulle part ailleurs, que ce soit en peinture, en littérature ou en sculpture ces mots ne sont suivis de ces trois points, on peut légitimement supposer que nous avons là une "signature" Plantard. 
Le tombeau du parc de la Garenne à Angers qui comme cela fut de mode, reproduisait le célèbre sépulcre de Nicolas Poussin et la phrase "Et in arcadia ego", ne portait pas plus ces trois points que celui d'Arques. Et encore celui d'Arques ne porta jamais le célèbre sentence. Gageons que de nombreux tireurs de lignes relieront Angers à Arques !

En réalité, cette phrase fut aussi souvent un clin d'œil des ou aux membres de l'Académie d'Arcadie. Écrite, peinte à la première personne sur un tableau ou dans un poème, elle révélait bien souvent l'appartenance de l'auteur à cette illustre Académie fondée autour de Christine de Suède (1626-1689) et du pape Clément IX (1600-1669), le très probable commanditaire du tableau de Nicolas Poussin (voir ici).








On note les trois points signature après "Et in arcadia ego"
source : http://jhaldezos.free.fr/elements_insolites/Serpent%20Rouge.pdf (3)






Dans une autre de ces publications bâclées, "Le serpent rouge", déposé à la BNF le 15 février 1967. Nous retrouvons bien sûr l'inévitable sentence, par deux fois. Le rédacteur a pris garde de ne pas froisser la susceptibilité du divin monarque et les trois points y sont bien, dénotant ainsi un lien certain avec Pierre Plantard. Étant peu porté à l'emphase poétique, il ne fut certainement pas seul à élaborer le texte qui semble au vu des ratures et reprises plutôt composé que recopié.
Ces trop nombreuses références à des thématiques spirituelles, chères aux Frères en maçonnerie nous incitent également à supposer l'intervention récurrente d'un quatrième personnage beaucoup plus discret.
De ce quatrième larron, nous ne supposons que peu de choses bien que quelques menus détails commencent à être relativement révélateurs. Comme par exemple ce fameux rond d'Ulysse... Nous en reparlerons si vous le voulez bien...

Christian Attard












Notes et sources :

(1) - Abbé Cochet - Le tombeau de Childéric - Paris 1859 
(2) - Conservateur suisse ou recueil complet des étrennes- Lausanne 1813 - P.420
(3) - Je recommande chaudement le site :
http://www.rennes-le-chateau-doc.fr/ qui présente des documents originaux non tronqués contrairement à certains sites ou publications réputées "sérieuses".





Retour vers la Reine