L'Orth de Rennes *  - 2 -

Léopold II, grand duc de Toscane, 
sa seconde épouse la princesse Maria Antonia des deux Siciles et leur fils le futur Ferdinand IV
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Un fils était bien né de Ferdinand IV (1835-1908), en son absence  le 10 décembre 1858. Sa mère, Anne-Marie de Saxe, la première épouse du souverain éphémère de Toscane devait décéder peu de temps après dans des circonstances suspectes.  Mais, ce fils avait été déclaré mort peu de temps après sa naissance à Florence.
Or, cet enfant a en réalité survécu et il ne fut autre que ce Jean Orth. 
Il fut donc déclaré, sans être présenté en mairie de Wasserbillig (Luxembourg), comme étant né le 19 décembre 1859, soit 9 jours après sa véritable date de naissance. Élevé en Allemagne dans une famille d’adoption, ses nouveaux parents, bateliers en constants déplacements, n’attirèrent pas les questions sur une naissance subite. 

Le couple fut choisi pour cette raison et pour surtout, celle de leur nom qui était aussi celui du château de Orth, propriété familiale de Léopold II. 
La grand-mère du petit Johann, la duchesse Marie Antonia veilla de loin sur lui et s’assura qu’il ne manqua jamais de rien. Aussi n'eut-il pratiquement jamais le besoin de véritablement subvenir à ses besoins.
  

Face à la tyrannie de François-Joseph et à ses constantes tentatives d’étouffement de la Toscane, cet enfant secret, ce premier né male de Ferdinand IV, pourvu de toutes les preuves de sa noble naissance serait désormais pour les Toscane l’atout ultime permettant d’assurer la survivance de leurs titres.

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Pourquoi avoir conçu un tel plan en une si noble famille ?

Il semblerait que la lutte pour le pouvoir en Autriche ne fut jamais aussi âpre. Léopold II et François-Joseph ne s'appréciaient guère et ce premier enfant mâle du Prince de Toscane était le successeur désigné au trône d'Autriche Hongrie, passant même avant Rodolphe, le fils de François-Joseph né en août 1858. La naissance de Jean Orth en décembre 1858 , et son décès (apparent) inciteront François-Joseph à demander dès 1859 un acte de renonciation au titre de Toscane à Léopold II et à son fils Ferdinand IV afin de préserver sa propre descendance.

Les parents de l'Archiduc Johann Salvator (Qui prit pour nom Johann Orth)
Léopold II, grand duc de Toscane et sa seconde épouse la princesse Maria Antonia des deux Siciles. 
Photo exposée dans la chambre de "l'Archiduc Louis Salvator" 
Musée de Valldemossa (Espagne).

Mais, indépendant, de caractère entier, ce Jean Orth n’accepta malheureusement jamais par la suite de revendiquer ses titres et rang comme l’en suppliait sa grand-mère.

En 1889, Jean-Népomucène de Habsbourg-Toscane, compromis à jamais, choisit de prendre ce nom de Jean Orth pour peser encore, s’il le pouvait, sur la décision de son neveu et seul héritier légitime des Toscane, le seul et véritable Jean Orth. Rien n’y fit.

Furieux d’avoir été floué, François Joseph qui apprit la supercherie à la mort de Maria-Antonia en 1898, poursuivit le seul et vrai Jean Orth dont la présence  lui fut signalé en Algérie par une banale affaire de police. Partout où tenta de se réfugier ce Jean Orth, à partir de 1898, il fut arrêté, questionné, emprisonné. Que ce soit en Algérie, en France, en Italie, Suisse, Allemagne , il n’eut aucun répit. Les services secrets, La police, le pouvoir occulte de François-Joseph  ne laissèrent dès lors aucun repos à ce pauvre homme qui finit par être lamentablement assassiné en Égypte en 1921. 


Jean-Népomucène de Habsbourg-Toscane en prenant comme nom d'emprunt Jean Orth avait aussi une autre stratégie qui était celle de perturber toute localisation du véritable Jean Orth tant que ce dernier ne se serait pas décidé à prendre le pouvoir qui lui revenait de plein droit.

Ferdinand IV de Toscane (1835–1908), et son fils aîné présumé, Jean Orth (1859–1921).
Fascinante ressemblance. 
(Source libre wikipédia)

Voilà pourquoi tout passage d’un quelconque Jean Orth à Rennes-le-Château n’a pu se faire qu’entre 1890 et 1898. 

Mais, on peut légitimement se demander pour quelle raison l'oncle, Jean de Hasbourg-Toscane ou son neveu, Jean Orth auraient eu l'idée saugrenue d'aller se balader dans le Razès.

Jean-Népomucène de Habsbourg-Toscane, informé de l’existence de son neveu, n’avait rien à faire à Rennes puisqu'il avait renoncé à tout pouvoir en Autriche-Hongrie. Il se fichait donc de tout parchemin qui n'auraient certes pas fait fléchir François-Joseph à Vienne.
Quand à ce neveu, ses mémoires parfaitement renseignées, ne signalent bien sûr pas un quelconque passage dans l’Aude. Il n’avait d’ailleurs aucune raison d’aller y chercher une preuve d’une légitimité qu'il savait où trouver et qu’il refusait, désirant vivre, lui aussi, en homme libre. 
Contrairement à tous les usurpateurs qui revendiquent un titre, il n'en acceptait aucun et ne voulait avoir aucun contact avec les Habsbourg qu'il considérait comme dégénérés. Ce n'est donc  sûrement pas lui qui, contrairement à ce que sous-entend Gérard de Sède, aurait pu aller chercher sur un faux parchemin une légitimité qu'il savait avoir et qu'il rejetait.


En 1890 donc, celui qui se fit appeler Jean Orth fuyait le pouvoir et n'aurait pas été inquiété par la gendarmerie française car en Autriche-Hongrie sa famille veillait sur lui et pesait sur François-Joseph. Par contre, dès le décès de Marie Antonia en 1898 plus personne ne pouvait s'opposer à son arrestation où qu'il se trouve et c'est bien ce qui se produisit avec le vrai Jean Orth. Interdit de séjour en Algérie puis en France, il n'avait aucune chance, l'eut-il désiré, d'aller rendre visite au Curé Saunière.

Christian Attard  


Notes et sources :

 
* La thèse exposée ici, et dont nous sommes intimement convaincu de la réalité, est tirée du livre posthume : "Les mémoires de Jean Orth -1859-1921 - Une énigme à la cour de Toscane" - Éditions du Mont-Blanc 1974.
Ce livre fut édité par son fils qui reprit point par point les affirmations de Jean Orth et les vérifia avec soin.

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