En toute logique  ?

Ces derniers temps encore, beaucoup de remous se sont créés autour de la fameuse stèle de dame de Blanchefort. Nos " meilleurs chercheurs " affirment d'autres part que le compte-rendu d'une balade bucolique de la SESA (Société d'Études Scientifiques de l'Aude) serait un faux publié uniquement pour placer aux yeux du grand monde un codage subtilement élaboré par un groupe de prêtres peu partageurs mais soucieux de l'édification des générations futures. 
Il convient alors de revenir à la base d'un raisonnement naturel en se posant la première question qui est de savoir si, après tout, ce texte peut n'être que " véritable " en sa totalité, stèle comprise.
Occasion d'un joyeux "détricottage" que seuls prendront au sérieux ceux qui se prennent au sérieux.

On ne peut concevoir qu'un document publié et diffusé ne soit pas lu et analysé par les participants même de cette excursion et que ces derniers laissent passer des énormités par laxisme ou jeu. Des noms propres sont donnés : M. Emile Deville, agent voyer d'arrondissement en retraite et maire d'Alet, Auguste Fons, M. Igounet. 
Quant à Élie Tisseyre, entrepreneur de travaux publics à Espéraza admis dans la docte société sur présentation de MM. Fages et Malet, puis correspondant local, on peut douter qu'il ait été un agent infiltré de l'abbé Boudet ou du père Jourde ! 

Le tome XXVIII du bulletin de la Société des Études Scientifiques de l'Aude (1923) pp45 à 48. nous précise par les écrits de M. Durand : 

" Mais il convient de rappeler que, dans le compte rendu d'une excursion de notre Société à Rennes le château, on lit au sujet du Casteillas : "Rien pourtant ne subsiste et il est impossible au chercheur de trouver trace de constructions ". Je tiens de mon excellent ami Élie TISSEYRE, à qui nous devons ce compte rendu, qu'il a effectivement examiné avec soin la surface du plateau calcaire, a une époque ou toute végétation en était absente, et qu'il n'y a pas trouvé le moindre vestige d'une construction ancienne. " 
D'autre part, Élie Tisseyre participe aussi à l'excursion du 16 Avril 1906 à Saint Just et Bézu et l'auteur M. Gavoy rappelle le souvenir de la ballade à Rennes-le-Château. Aucun doute l'excursion a bien eue lieu, peu importe les quelques erreurs de mémoires qui ne lui restituent pas le bon jour où même la bonne année par la suite.

Une première observation concernant l'illustration de ce récit : elle est bien pauvre, la seule illustration utilisée est une reprise d'un carte postale présentant les rochers des Roulers. L'autre celle de la stèle est une composition d'imprimeur et non pas une reprise telle qu'elle. On peut donc raisonnablement penser qu'aucun photographe ou illustrateur ne faisait partie de cette " expédition " et que l'iconographie en fut un rien bâclée. 
Cette dernière a, en toute logique, pu être confiée à part du texte à l'imprimeur qui a eu en charge le typon des Roulers et la composition de la stèle.

La carte postale Labouche qui servit à illustrer l'article d'Élie Tisseyre 

Lorsque Philippe de Cherisey parle à propos de son travail de codage sur cette histoire d'une demie-farce, il a parfaitement raison car le premier et excusable farceur est bien Élie Tisseyre. Son inexpérience épigraphique doit lui servir d'excuse car lorsqu'il fit sommairement le relevé de cette fameuse stèle à moitié effacée, il n'a su reconnaître certains caractères. 

Nos "experts" ne peuvent que convenir que pour que l'anagramme de la phrase : " Bergère pas de tentation... " tienne la route il faut que la base des lettres de la stèle supporte toutes les lettres utilisées, outre que le PS PRAECUM n'a jamais figuré nulle part, mais passons…

La maladresse d'Élie Tisseyre a parfaitement servi le futur codeur car un Y supplémentaire aurait été bien difficile à caser dans son codage ! 
Cet Y est pourtant là sur la stèle originale ! C'est celui de CY GIT que la graphie particulière du graveur a fait prendre à M. Tisseyre pour un T. Cette erreur involontaire par méconnaissance a bien arrangé le jeu du futur codeur. Contrairement à ce que croient bien des membres de la communauté des chercheurs ce T n'a jamais eu vocation à remplacer un I mais un Y. Il n'est pas fait mention de CIT mais de CY git sur les pierre tombales de cette époque.
Et une simple recherche dans les relevés de pierres tombales et épitaphes de l'époque est plus qu'éloquent à ce sujet.

Mais poursuivons l'analyse de ce relevé transmis à notre imprimeur, d'ailleurs membre lui aussi de la SESA....
Suit après ce "Y" pris pour un "T" un "e" minuscule dans le mot "noble" ce caractère effacé a été complété par M. Tisseyre, il s'agit du premier des "E" qu'il relèvera effacés et il le note en minuscule, pourquoi ? 
Pourquoi pas en majuscule puisque toute la stèle est rédigée en lettres capitales ? 

Se rendant compte de cette première erreur, il la rectifiera par la suite en ne transcrivant que des capitales mais ne reviendra pas sur ce premier "e" minuscule noté. Les deux "E" suivants seront donc notés en exposant et en majuscule. La logique semble sauvegardée.

Un "R" est posé pour un B, convenons encore que la graphie de l'un pour l'autre est très voisine et que quelqu'un de peu au fait de généalogie castelrennaise à pu croire qu'il était écrit "DARLES" en lieu de DABLES et passons à l'erreur suivante qui est l'absence du "P" au mot sept. Erreur qui pour la première fois peu enfin nous paraître "énorme", mais qui s'explique, elle-aussi, assez facilement si l'on sait qu'en patois local on n'écrit et ne prononce jamais ce "P" ! 
Sept s'écrit et se dit toujours "SET". Si comme tout le laisse à penser, le graveur de cette stèle était un artisan peu doué en orthographe comme celui de la croix de Pezens :

La croix au N inversés devant la chapelle de Pezens - Croix est gravé : CROIS DE SAINTE MAGDELENE

On peut admettre ou comprendre aussi cette erreur comme d'ailleurs la suivante qui est de transcrire un "O" à la place d'un "0", erreur 0n ne peut plus fréquente sur n0s claviers d'auj0urd'hui et excusable pour un graveur que les subtilités du chiffrage romain devaient laisser indifférent.

J'en suis bien désolé mais en toute raison "set" erreurs sur les 8 relevées et formant le pseudo mot de Mortepee sont "compréhensibles" hors de toute volonté de codage. Seul l'homme à la triste figure a (le premier et comme par hasard) relevé ce mot dans l'ordre qu'il a bien voulu lui donner :

"Celui qui visitera ce lieu aura matière à réflexion; il y trouvera notamment, de part et d’autre de la ligne du méridien, deux tableaux de Signol: la Mort de Jésus et l’Epée au fourreau. "MORT" et "EPEE" sont aussi les deux mots qui apparaissent anormalement dans l’épitaphe  de la pierre tombale de la marquise de Blanchefort, de Rennes-le-Château."  Pierre Plantard (1)

Car pourquoi ne pas lire plutôt "emportée" par exemple ?

Malheureusement, même la curieuse manière de graver les mots latins REQUISCAT IN PACE n'a rien de bien extraordinaire !

Extrait des "Annales de la Société archéologique de Namur, Volume 1" page 433

Notons au passage la manière traditionnelle de noter les lettres manquantes ou illisibles en les inscrivant en exposant sur la seconde épitaphe. En cela M. Tisseyre se conformait à la règle, les lettres manquantes étant portées, elles, en indice. Notons aussi l'étrange manière de couper le prénom de Catherine. Erreurs d'anticipation d'un graveur qui aurait pu tout passer à la ligne ?
Oui, ma seule interrogation reste à ce jour le décalage de ce M de Marie, mais c'est une interrogation de "taille" !! 

Tout ceci étant posé, il ne nous reste plus qu'à attendre le retour promis de cette stèle pour comparaison...les paris sont ouverts !!

Christian Attard

(1) Préface de Pierre Plantard pour lé réédition de 1978 de "La vraie langue celtique"

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