Perfide Albion |
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La
lettre à Marius Fatin, présentée dans les "Dossiers secrets" d'Henri
Lobineau (1) |
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En
juillet 1966, le propriétaire du Château de Rennes-Le-Château,
Monsieur Marius Fatin aurait reçu, selon « Les dossiers secrets"
d’Henri
Lobineau, introduits à la Bibliothèque Nationale en 1967, une lettre à
l’en-tête de The International League of Antiquarian Booksellers (2)
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le village de Rennes-le-Château |
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Selon
ce document de 1967, rappelons-le, deux parchemins et un testament seraient donc achetés
par des anglais et ils proviendraient d’une partie de la Bibliothèque de
feu l’abbé Hoffet. Notons, tout d'abord que The International League of Antiquarian Booksellers n'est qu'une association de libraires internationaux spécialisés dans le livre ancien et n'a pas pour finalité de regrouper ou de conserver des ouvrages anciens ou autres parchemins mais de les vendre par l'intermédiaire de ses membres affiliés dans des conditions d'éthique, d'honneteté et de respect de ses vendeurs et acheteurs. Ce groupe n'a donc jamais eu pour fonction d'étudier ou de décrypter des pièces achetées mais au mieux de les transmettre à des chercheurs. Ce groupement institué en septembre 1948, n'a donc très certainement pas acheté, dès sa création, un fonds d'archives et quand bien même cela aurait été le cas, une seule librairie aurait éte concernée. Le coeur de cette lettre est donc, dors et déjà, incongru. Mais cette version, aussi peu probable soit-elle, est cependant contrariée par un autre texte, « Le cercle d’Ulysse », tout aussi mensongé, signé cette fois d’un certain Jean Delaude en 1977 (en réalité Philippe de Chérisey) indiquant que ces mêmes documents furent achetés par MM. Ronald Stansmore (Ronald Stansmore Nutting décédé en 1964) et Sir Thomas Frazer en 1955 à la nièce de Bérenger Saunière ! Ils ne proviendraient donc plus du fond Hoffet ! Consodérons que la lettre est daté de juillet 1966 et que M. Stansmore est mort depuis deux ans, vieille pratique plantardienne qui rend difficile tout dément crédible... Pourquoi un tel revirement ? Ne fallait-il pas s’en tenir à la première version ? |
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Le texte issu du Cercle d'Ulysse. (Source : http://jhaldezos.free.fr/elements_insolites/Le_Cercle_d_Ulysse.pdf) |
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En
réalité, la provenance exacte de ces supposés documents a changé bien
des fois au fil des différentes publications déposées à la Bibliothèque
Nationale. Leur contenu aussi d’ailleurs : Litanies de Notre Dame et
passages des évangiles de Luc et Jean selon Madeleine Blancasall ou
testament des Hautpoul. Il semblerait plutôt qu’au fur et à mesure que le temps passait, il était nécessaire de réécrire la belle histoire, certains des éléments avancés ne paraissant plus crédibles. A l’évidence, il était bien utile de laisser croire que les parchemins avaient bien existés mais qu’ils n’étaient plus disponibles en France. Un papier à en-tête d'une ligue internationale ne devait pas être bien difficile à trouver et à falsifier... Les différentes fautes de syntaxes et grammaticales signent une fois encore l'amateurisme naïf et dément de Pierre Plantard. Mais comment ces diables d’anglais se les étaient-ils donc procurés ? |
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En
1966, un événement va permettre de crédibiliser une voie à donner à
moudre aux naïfs et c’est Gérard de Sède qui trahit la manipulation
en écrivant bien plus tard en 1988 dans son ouvrage « Rennes-le-Château ». Le
dossier, les impostures, les phantasmes, les hypothèses (3) :
Or ce dernier ne
mentionne nullement ces parchemins comme ayant jamais fait partie de
ces archives et nous avons toutes les raisons de le croire.« Ce sont du reste les archives de Hoffet, dont j’eus la chance de pouvoir acquérir une partie en 1966 … ». Ainsi donc en 1966, il était pratique de pouvoir soi-disant écrire à Marius Fatin que les parchemins avaient été trouvés parmi les archives d’Emile Hoffet sachant que ces mêmes archives venaient d’être achetées par Gérard de Sède !
Ce n’est que par
la suite, les premières dissensions survenant dans le groupe des
rédacteurs de « L’or de Rennes », qu’il était préférable de changer
d’explication en allant imaginer un achat de ces mêmes parchemins
auprès de la nièce de l’abbé Saunière.
Je
sais par avance que je ne convaincrai pas les partisans de la
réalité physique d'authentiques parchemins trouvés pas Bérenger
Saunière. Ces chercheurs continueront à le croire, emboitant les pas de
MM.
Soskin, Baigent et Leigh. Mais une dernière analyse les fera peut-être
considérer que cette lettre, ses anglais et ces soi-disant achats de
parchemins ne sont que balivernes.
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Le château survit comme il le peut, l'église ayant tout pris !
(Photo Christian Attard)
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Car cette lettre à Marius Fatin a un autre intérêt : elle nous révèle
qu’un personnage par trop délaissé dans cette histoire semblait y avoir,
au contraire; une place centrale.
Il est évident que le château
actuel ne pouvait être présent en 681, mais aussi que Marius Fatin
était au courant de ces mêmes divagations et qu’il en connaissait
parfaitement les auteurs.
Il est tout aussi probable que
le sympathique propriétaire du Château n’ait jamais reçu cette lettre.
Dans le cas contraire, elle aurait quand
même atterri entre les mains de ce Lobineau que tout le monde
s’accorde à reconnaître comme Pierre Plantard lui-même ! La boucle est
donc bouclée !
Une question demeure, comment
Pierre Plantard a-t-il pu greffer cette nouvelle version britannique de
sa tortueuse histoire de Rennes à toutes celles qu’il avait déjà
imaginées. Il est fort à parier qu’il se trouvait à Rennes-le-Château
au moment de la visite d’un groupe de touristes anglais très
possiblement intéressés par les vieilles pierres et autres antiquités
locales et que cela lui ait donné l’idée de monter ce stratagème,
s’appuyant sur Marius Fatin, ici qualifié du terme d’archéologue, pour
commencer.
Enfin cette lettre indique un
déplacement de l’idée « trésoraire » vers des préoccupations
dynastiques et l’ignorance de l’origine et même de l’existence de ces
supposés parchemins par un Marius Fatin, pourtant idéalement placé pour
savoir de quoi il en ressort.Les fameuses archives d’Emile
Hoffet semblent donc avoir intéressé beaucoup de monde même si elles
n’ont en aucun cas révélé la rencontre d’un Bérenger Saunière à la
recherche d’un déchiffreur avec le futur prêtre collaborateur de la
revue Regnabit et apôtre du Sacré-Cœur.
Elles pointent par contre vers le sulfureux Georges Monti et son détestable cercle de l’ « Alpha-Galates » d’où sera issu la revue « Vaincre » de ... Pierre Plantard. Ce que ne pouvait ignorer Gérard de Sède qui continue pourtant à collaborer avec ce même Plantard . Tout ramène donc au sieur Plantard !
L'analyse logique de cette seule lettre prouve donc, une fois encore,
l'absence totale d'origines des faux parchemins, leur ignorance sur le
terrain à Rennes aussi bien de MM. Corbu et Buthion (les aubergistes du
Domaine de Saunière) que de Marius Fatin, le chatelain exentrique.
Mais, accessoirement, cette fausse missive démontre une implication plus grande que l'on pourrait le penser de ce même Marius Fatin dans le canular de Rennes-le-Château... Christian Attard |
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Notes
et sources |
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