La crypte oubliée




Il semblerait que depuis quelques temps, essentiellement avec la sortie des deux ouvrages du sympathique Paul Saussez, la thèse d’un ou de plusieurs dépôts trésoraires sous l’église de Rennes-le-Château regagne les faveurs des chercheurs (1). Ce ne fut pas et ce n’est toujours pas le cas pour bon nombre d’autres analystes qui adhérent toujours à une localisation plus excentrée.





La crypte oubliée 



Pour séduisantes que soient les avancées de Paul Saussez, elles doivent pourtant, il me semble, être nuancées.
La présence d’une cavité attestée par des appareils de mesure sous le cœur de l’église ne signifie pas pour autant que cette cavité soit une crypte ou même un tombeau.
Nulle trace historique ne vient attester la réalité à Rhédae d’un culte quelconque à un martyr, à un saint, d’un pèlerinage. Les dimensions modestes de la toute première chapelle du XIIéme siècle ne plaident pas en la faveur d’une crypte votive.
Mais, on peut concevoir qu’une cavité préexistante ait été aménagée pour recevoir les dépouilles des seigneurs locaux. Ce fut le cas à Rieux-Minervois où les seigneurs de La Lugie se firent enterrer au pied du maître-autel. Par la suite, ils firent construire une chapelle souterraine dans laquelle un autel était consacré à Marie-Madeleine. L’intercession de la sainte en matière de pénitence et de repentance semblait totalement en adéquation avec des vies souvent tourmentées.  Ce tombeau des seigneurs de Rieux existe toujours mais ne peut être visité.
Plus proche de nous, Pierre-Paul Riquet , le constructeur du canal du Midi, fut enterré au pied d'un pilier de la cathédrale Saint-Etienne à Toulouse et l'emplacement exact de sa sépulture, aussi extraordinaire que cela paraisse, fut longtemps perdu !
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Léovigild
L' emménagement  de Rieux fut-il sembable à celui de Rennes-le-Château à la même époque ?  Soit au XIVème siècle.
Dans tous les cas, si un dépôt de valeur s’effectua au VIème siècle durant des persécutions du roi Léovigild, comme le pense Paul Saussez, il ne put qu’être retrouvé lors de la construction de ce tombeau des seigneurs.
A moins que l’évêque Sergius n’ait caché ses biens dans une autre église ou un monastère de la région de Rhedae, aujourd’hui totalement détruits.
On sait l’avidité des seigneurs de Rennes et il est donc peu probable qu’ils aient laissé passer l’occasion de s’enrichir et de le montrer.

On imagine assez mal d’ailleurs, un des potentats du lieu commander pour sa petite chapelle un pilier richement sculpté tout aussi beau que celui qui fut réalisé par le même artisan pour l’évêché de Narbonne ou une plaque dite des chevaliers dont on ne trouve nulle part l’équivalent.
Il est plus que probable que ces artefacts peu communs provenaient d’un autre lieu plus richement doté avant qu’il ne soit détruit.

Si un ou plusieurs dépôts se firent à partir du VIème siècle, on peut donc penser qu’ils ne furent  plus aisément accessibles. La région a beaucoup souffert des razzias maures, des guerres de religion, d'effondrements de terrains.
On peut supposer que l’emplacement de ce dépôt ait été enfoui sous les décombres d’une bâtisse qui ne résista pas à ces péripéties successives.

Le tombeau des seigneurs, ouvert lui, à l’occasion de chaque nouvel enterrement ne pouvait donc être ce lieu. Il pouvait par contre le devenir à partir du moment où plus aucune sépulture ne s’y fit. 
Il est donc totalement plausible qu’un autre dépôt plus récent, celui de l’évêché d’Alet, auquel beaucoup pensent,  puisse y avoir été dissimulé.


Christian Attard -16 juillet 2024











(1) : Voir les deux émissions de la série "Les Sentiers de l'Etrange" :
https://www.youtube.com/watch?v=c2QNjLbBDsY
https://www.youtube.com/watch?v=dBPfSdMqTwM


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