In English (and before De Sède)




Tour Magdala
 


La tour Magdala de Rennes-le-Château




Il est d’usage de penser que nos amis du Royaume-Uni n’eurent connaissance de l’affaire de Rennes-le-Château qu’assez tardivement. Au mieux, pour les plus francophiles, après la parution du livre de Gérard de Sède, le célébrissime « Or de Rennes » en 1967.
Il faut, bien sûr, écarter les fantaisistes affirmations du non moins fantaisiste Pierre Plantard à propos de correspondances entre lui et les membres d’associations savantes anglaises dont nous avons fait état ici.

Cependant, l’analyse de la presse anglophone va nous révéler que le mystère du trésor de Rennes n’était absolument pas inconnu du grand public anglais et canadien avant 1967.




Le 2 septembre 1962 paraissait dans le « Sunday People », un journal britannique créé en 1881 et paraissant chaque dimanche comme son titre l’indique.


Article Sunday


Je vous laisse juge de ma traduction :

Creusez pour vos vacances !

On a estimé que sur les millions de livres sterling d’argent et d’objets de valeur enterrés par les Français lors de l’invasion de la France par l’armée hitlérienne en 1940, plus de la moitié reste encore cachée.
Certains propriétaires ont été tués à la guerre, d'autres ont oublié où ils avaient réalisé leur cache.
C’est pourquoi un club international a été créé pour retrouver les millions disparus.
Parmi ses 29 membres se trouvent des Britanniques qui passent leurs vacances à la chasse aux trésors.
Lors d'une réunion au siège du club à Montmartre, à Paris, la semaine dernière, des plans ont été établis pour une expédition visant à retracer les vastes caches connues se trouvant sous les sables à Argelès, un lieu de villégiature populaire dans le sud-ouest de la France.
C'est là que se sont déployés des milliers de républicains espagnols à la fin de la guerre civile en 1938.
Les réfugiés ont enterré leur trésor, en grande partie sous forme d'or et de bijoux, dans les dunes où ils campaient.

Détecteurs d'or

Mais en 1939, la guerre éclata et de nombreuses personnes moururent. D'autres sont revenus, mais l'étendue de sable aurait pu être le désert du Sahara pour toutes chances qu'ils avaient de retrouver leurs biens.
Le trésor est donc toujours là. Et les membres du club international des chercheurs de trésors mènent la chasse pour le trouver.
Ils disposent de plusieurs appareils modernes pour les aider dans leurs quêtes, y compris une version de détecteurs de mines de guerre spécialement conçue pour localiser l'or.
Les membres du club ne recherchent pas seulement un gain personnel. Récemment, ils ont aidé un Français à retrouver des objets d'une valeur de 1000£ qu'il avait cachés près de chez lui dans les Ardennes lorsque les Allemands l'avaient déporté.
À nouveau, le club se concentre sur un trésor estimé à six millions de livres. Il a été enterré au XIIIe siècle à Rennes le Château et découvert par un français juste avant la Première Guerre mondiale.
Mais il est mort sans révéler où le trésor était caché, alors maintenant le club est sur la piste. Une enquête sur les trésors de la France a montré qu'il existe 192 fortunes secrètes dans tout le pays. Pourquoi ne pas organiser vous-même des vacances à la chasse au trésor l'année prochaine ?

Si on relève sans surprise plusieurs articles concernant l’affaire dès la parution du livre de Gérard de Sède, il est beaucoup plus étonnant de découvrir que le 24 janvier 1957 soit près de dix ans avant, un article paraît cette fois dans un journal canadien  : « The Gazette » qui paraissait à Montréal.



Article The Gazette

Article de The Gazette
Montreal, Québec, Canada du 24 janvier 1957






En voici ma traduction, au mieux...

Allons dîner à la maison

Seulement il n'y avait ni paille ni puces dans nos auberges et c'était la partie orientale des Pyrénées et non les hautes.
C'est à environ trois heures de route de Carcassonne à Font-Romeu, que la première partie du chemin traverse la belle vallée de l'Aude et les villages les plus pittoresques - bien que, curieusement, ce soit une partie de la France qui possède de bonnes usines. Nous nous souvenons en particulier de la fabrication de chapeaux et de son enrichissement rapide, jusqu'à ce que les femmes décident soudainement d' aller tête nue. L'usine était confrontée à l'échec jusqu'à ce que quelqu'un ait une idée : ils fabriqueraient une certaine sorte de plastique. Et maintenant, elle est plus grande et meilleure que jamais. Tout à côté de cette industrie moderne se trouve un pâté de maisons parmi les plus anciennes de France. Elles étaient belles à regarder, avec une perfection de ligne que l'on voit rarement aujourd'hui, mais nous sommes certains qu'elles seraient très inconfortables à vivre ; et elles étaient toutes occupées aussi.

Plus loin, on nous raconta une merveilleuse histoire du Ve siècle, lorsque les Huns sous Attila pénétrèrent vers l'Ouest. On a dit, et la rumeur a persisté pendant des centaines d'années, qu'Attila aurait enterré un trésor inestimable aux alentours du village de Rennes-le-Château. La recherche du trésor s'est poursuivie d'un siècle à l'autre, mais personne n'a jamais pu le trouver. C'était une paroisse très pauvre dans cette petite ville, à l'époque de cette histoire, et l'église avait grand besoin de réparations. Soudain, un jour, le curé commença des opérations de construction. Tout a été fait pour rendre l'église nouvelle et belle. Aucun argent n'a été prévu pour rendre aux gens un lieu approprié au culte. D'où le curé a-t-il trouvé l'argent pour accomplir tout cela ? Cela a dû coûter des milliers et des milliers de francs. Il ne l'a jamais dit. Mais d'où aurait pu venir cet argent sinon d'un trésor perdu ? Monsieur le Curé était tombé par hasard sur le trésor enfoui d'Attila et avait reconstruit son église avec.
Il avait un servant très fidèle, et  lui enfin dit que le  curé était convaincu que le trésor caché était réel et non une fiction, et qu'il l'avait utilisé pour son église.
Sur son lit de mort, il promit de dire à son servant où se trouvait le reste du trésor. Mais le destin en décida autrement et il mourut subitement ; et son secret avec lui et personne depuis lors n'a jamais pu trouver le trésor - Bien que beaucoup de gens aient essayé.




Article La Dépêche


Article du journal "La Dépêche du Midi"
12 janvier 1956






Ce qui reste bien étrange après la lecture de ce dernier article, bref reportage d’un séjour dans la région, est que la légende du trésor ne correspond absolument pas à celle que véhiculait à l’époque l’aubergiste Noël Corbu. Il semble probable que nos touristes ne se soient pas arrêtés dans l’établissement de l’Hôtel de la Tour. Ils ont plus certainement écouté les histoires que racontaient les gens du coin. Ici Attila a remplacé Blanche de Castille mais le trésor reste concéquent, un « servant » a pris la place de Marie Dénarnaud, décédée sans avoir confié quoique ce soit à propos du trésor, trois années plus tôt.

Christian Attard
17 février 2024






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