Mgr Billard


Monseigneur Félix Arsène Billard
 (photo Christian Attard)




"la canne du berger"




Beaucoup d'hypothèses ont été lancées pour tenter de comprendre pourquoi Bérenger Saunière, jeune prêtre brillant et promis aux plus hautes charges avait fini par être muté dans le misérable village de Rennes-le-Château. Pour essayer de comprendre cette "déchéance", il nous faut aussi explorer ce que fut le village avant sa venue. Et, il faut bien l'admettre l'ancien adage : "qui se ressemble s'assemble" va s'avérer ici on ne peut plus vrai.

Car le petit village perché est loin d'être un endroit de tout repos pour ses pasteurs successifs. La population, revêche à toute autorité écclesiastique, y est rude, c'est le moins que l'on puisse dire. Nous aurions ainsi tort de croire que le hameau a attendu Bérenger Saunière pour faire parler de lui.
Le scandale éclate précisemment autour de la période d'installation de monseigneur Félix Arsène Billard (1839-1901) dans son nouvel évéché de Carcassonne le 17 février 1881. Le lendemain de sa cérémonie d'investiture qui eut lieu le mercredi 6 juillet, le journal Le Courrier de l'Aude prend un malin plaisir à faire se cotoyer la relation de la cérémonie avec un pitoyable fait divers ayant eu pour cadre Rennes-le-Château et pour protagoniste principal son curé, l'abbé Cézac.





Journal de l'Aude 8 juillet 1881

Le Journal de l'Aude du jeudi 7 juillet 1881.




Le journal va sciemment rappeler l'incident déjà ancien puisque sa première relation date du 2 juillet 1881 dans un autre quotidien, dit de la Démocratie : "La Fraternité". Les faits eux-mêmes s'étant déroulés le 25 juin.




Fraternité du 2 juillet1881


"La Fraternité du 2 juillet 1881




Mais le digne prélat de Rennes-le-Château ne se l'entend pas pour dit et réplique dans le numéro suivant du journal par une lettre bien sentie ! Le journal démocratique et anti-clérical comme il se doit à cette époque, sous-entend que le prêtre y est allé un peu fort mais il ne peut toutefois que lui reconnaître un certain droit de réponse. Aussi publie-t-il l'article suivant :




La Fraternité du 2 juillet 1881


La Fraternité du 6 juillet 1881




Le prêtre fait ici sans doute allusion à une autre affaire "clochermerlesque" qui avait eu pour cadre le petit village en avril 1881 et qui fut rapportée par d'autres chercheurs. La voici relatée par le même journal.


Fraternité du 16 avril 1881

La Fraternité du 16 avril 1881


Le curé a cependant fort caractère et n'entend pas se laisser faire par une bande de mécréants, il passe outre l'arrêté et se voit dresser procès-verbal par le garde.




Fraternité du 30 avril 1881

La Fraternité du 30 avril 1881



Voici donc toute l'affaire de ce coup de canne, tel que racontée avec ironie par le Journal de l'Aude qui, on le comprend bien, jouxte ce fait divers à la cérémonie d'investiture de monseigneur Billard pour mieux ridiculiser le clergé de l'Aude.




Le journal de l'Aude




Le journalde l'Aude
Le Journal de l'Aude du jeudi 7 juillet 1881.



Les représailles ne tardent pas et dès le 23 juillet, l'abbé Cézac est muté à Blomac et l'abbé Mocquin en provenance de Bagnoles à Rennes-le-Château. Jeu de prie-Dieu...
Ce qui est certain, c'est que monseigneur Billard n'est pas près d'oublier le village d'irréductibles. L'abbé Mocquin résistera plus de trois années à Rennes-le-Château, l'abbé Cros lui succédera puis Billard finira par y muter un fort en thème, grande gueule et costaud, capable de mater les barbares de Rennes-le-Château. Nommé mi-mai 1885, Bérenger Saunière s'y installera le 1er juin 1885.

Pourquoi le prêtre confortablement installé vicaire d'Alet, une commune intéressante sous tous rapports, fut-il déplacé vers Le Clat, puis vers Rennes-le-Château ?  Ceci est une autre histoire...

Christian Attard
 







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