Les archives de la famille Giscard




Famille Giscard 


Une partie de la famille Giscard
(Détail d'une plaque photographique du fond Giscard, propriété de la ville de Toulouse *)

En haut et de gauche à droite : Jean-Baptiste Giscard, Marie-Antoinette Giscard et Bernard Giscard
debout : Henri David, puis assis de gauche à droite : André David, Rose Barutel (épouse de Bernard) et Henri Giscard.




Les Archives municipales de la ville de Toulouse ont eu la chance de pouvoir bénéficier d'un legs de la famille Giscard en 2005. Ces grands statuaires toulousains ont fourni par la personne de Bernard Giscard une bonne part de la décoration et du mobilier de l'église de Rennes-le-Château. 
En cours actuellement de classements et d'analyses, toutes ces archives d'entreprise ou familiales ne sont pas entièrement disponibles aux chercheurs et au grand public. Cependant, une grande partie des actes commerciaux : registres de commandes, factures, correspondances sont d'ors et déjà accessibles en consultation. 




Tombeau famille Giscard
Le tombeau de la famille Giscard à Toulouse
Photo Christian Attard


La famille Giscard a, sur quatre générations, travaillé essentiellement la terre cuite toulousaine et avec quel talent ! 

C'est Jean-Baptiste (1824-1906)  qui créa les établissements Giscard après avoir débuté sa carrière comme mouleur/statuaire chez les Virebent, autre grande famille d'architectes et de statuaires toulousains. En octobre 1858, il obtint l'autorisation d'établir un four et commença ainsi à fabriquer des ornements de façade puis d'art religieux pour son propre compte.

Son fils, Bernard Giscard (1851-1926) dirigea les établissements durant la période qui nous préoccupe. Sculpteur de grand talent, il développa l'entreprise en se lançant dans la fabrication d'une très grande variété de chemin de croix, statues, autels, chaires.. Puis, après guerre, de monuments aux morts !

Henri (1895-1985) fut aussi statuaire et contribua au développement artistique de la production des établissements. Henri avait obtenu une bourse d'études pour l'école des beaux-arts de Paris, après avoir fait celle de Toulouse, et un second prix de Rome. Il succéda au professeur Henry Virebent comme enseignant aux Beaux-arts et sut lui aussi profiter à la fin des années 20 d'une nouvelle volonté de re-décorer les églises.

Joseph (1936-2005) lui aussi fit les Beaux-arts, et il fut le dernier représentant de la lignée qui s'éteignit donc en 2005. Il eut la sagesse de sauver une bonne partie des moules des Virebent et eut soin toute sa vie de préserver au mieux les archives nombreuses de sa famille alors que d'autres statuaires voyaient leur patrimoine familial partir en fumée.  Malheureusement tout ne fut pas transmis aux Archives municipales et certains registres de correspondance notamment nous manquent.

On peut donc considérer que c'est par le legs de Joseph Giscard des archives de sa famille à la ville de Toulouse et par l'incessant travail de classification et d'annotations des personnes qui ont la charge de ce fond que nous pouvons avoir accès aujourd'hui à la connaissance d'un domaine d'activité aussi rare qu'exceptionnel.









Si les registres, régulièrement tenus, nous apprennent beaucoup sur la clientèle, ses exigences, sa localisation, ses habitudes ; nous passons aussi de l'autre côté dans l'atelier et découvrons le génie, et artistique, et technique, de ces incroyables touche à tout que furent les Giscard. 
Ainsi se dressent peu à peu leur vie, leurs relations, leurs problèmes techniques ou relationnels avec certains clients difficiles, leurs grandes périodes de production, leur gloire et leur déclin.







De tout cela, beaucoup en avait déjà parlé sur les différents forum et sites qui ont pu évoquer le talent de la famille Giscard, mais c'est en discutant avec les très sympathiques responsables des Archives municipales que j'appris l'existence d'une véritable mine iconographique, moins évidente d'accès à qui n'en fait pas expressément la recherche. 
Sur des centaines de plaques photographiques, les Giscard ont, encore une fois, eu soin d'archiver leur production !!
Ces photos, réalisées le plus souvent en extérieur dans les jardins de leur maison-atelier, exposent l'ensemble de leurs oeuvres pour ce qui est des statues, chemins de croix, petits autels, piscines, crèches et autres objets de taille moyenne.
Mais, on peut aussi découvrir des clichés plus personnels des membres de la grande famille, des vues des ateliers au travail, des images de bambins ou de militaires.
Ainsi s'y retrouvent les figures les plus connues de leur production de statues : les saint Antoine de Padoue, Ste Thérèse, Ste Germaine, St Roch à côté de raretés absolues comme une Notre Dame des Sapins ou d'autres saints "exotiques". 

Les Vierges à l'enfant, Saint-Joseph, Christs de toutes sortes sont innombrables, mais les Saint Antoine Ermite ou les Marie-madeleine ne sont pas non plus absents de cette armée des grands serviteurs de Dieu.


Un registre des commandes
Photo Christian Attard












Saint Antoine


Saint Antoine

Marie Madeleine

St Antoine l'Ermite
au cochon sans défense (s)


St Antoine de Padoue
Modèle simple décoration

une superbe Ste Marie-Madeleine




On comprend dès lors que certains modèles furent conçus à l'unité, à la demande, assemblages subtils de bras, de mains et de tête, sortis des dessins, des livres ou de l'imagination même de ces sculpteurs de génie. 
Le chemin de croix, modèle Rennes-Le-Château est bien sûr présent dans cet incroyable ensemble que le talent du photographe en chef des Archives de la ville de Toulouse a su faire renaître pour nous. Tout cela sera très bientôt en accès libre sur une base de données ouverte au grand public sur Internet.





Bientôt aussi, lorsque le lent et minutieux travail de classement aura progressé, seront accessibles les catalogues publicitaires des établissements, certains ouvrages rares de la bibliothèque familiale et d'autres richesses s'ouvriront à nous.
Parallèlement, le long et difficile travail de quelques amateurs assidus sur le terrain aura permis de vérifier les mentions portées dans ces registres, de retrouver chemin de croix et statues, parfois même de sauver ou d'exhumer des monuments aux morts démontés et sommairement remisés.
Du dialogue et de l'intérêt commun pour un travail de plusieurs générations d'artistes encore trop peu connus, peu à peu renaît une vision d'ensemble et une approche de la représentation religieuse et symbolique qu'admiraient nos ancêtres directs plongés dans leurs pieuses dévotions ou leurs souvenirs émus.
La mise à disposition des lieux retrouvés, des photographies et notes prises au cours de ces recherches sur le terrain ne pourra qu'enrichir ce fond commun et nous permettrent de progresser dans la compréhension et l'étude de ces statuaires de grand talent que furent les Giscard, Virebent, Monna, Larrieu, Prat, Camus, les frères Lange, Auriac... et tant d'autres encore ! 

Les Archives municipales de la ville de Toulouse sont ouvertes à tous, à la condition de recevoir une autorisation d'accès au fond après avoir justifié de son identité et d'être en possession d'une carte de lecteur délivrée par les responsables. 
Elles sont ouvertes du lundi au vendredi de 9h à 17h et le fond iconographique Giscard est codé 46Fi et uniquement accessible sur demande et sous contrôles strictes.

Je remercie les Archives municipales d'avoir permis la réalisation de cet article et prie mes lecteurs de pardonner la qualité moyenne des photos qui l'illustre, elles ne sont pour l'instant que des copies d'écran.

Ceux qui le souhaitent pourront rapidement disposer eux-mêmes de l'ensemble de ces documents et je ne manquerai pas de vous en tenir informés.

Christian Attard




Une station IX, Type Rennes-Le-Château sur les plaques photographiques Giscard








* Les photos présentées ici et issues des bases de données des Archives municipales de la ville de Toulouse sont sous protection et ne peuvent en aucun cas être utilisées à des fins commerciales sans l'autorisation expresse des responsables de ces Archives.


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