Boudet contre Cénac |
Même
si quelques irréductibles chercheurs restent retranchés derrière les
"lapalissades"
de leurs certitudes, il faut bien en convenir, notre bon abbé Boudet,
nonobstant ses indéniables qualités apostoliques, n'en était pas moins
un "fou-littéraire". |
Les Hautes-Pyrénées dans la région d'Argelès |
L'homme
est tout comme Henri Boudet, un érudit de sous-préfecture comme la
France en produisit tant en cette fin de XIXe siècle (1). Se targuant de
connaissances philologiques qui devaient plus à des imaginaires féconds
qu'à des études scientifiques solidement assises, tous deux
prétendaient avoir percé les mystères et les origines de nos parlers
locaux. Seulement, comme en bien d'autres domaines aux contours aussi
flous, il leur aurait été impossible d'accorder leur violon. "A
mesure que nous réunissons nos preuves, il devient donc de plus en plus
incontestable que les Armoriques ou Aquitains occupèrent le sud-ouest de
la Gaule, entre la Seine et les Pyrénées; et que la langue et la géographie
gasconnes ont hérité d'un grand nombre de mots de cette nation; par conséquent,
loin de justifier l'opinion des philologues, qui croient retrouver la
langue celtique dans le bas-breton moderne, toutes nos études la
combattent;" |
Laü-Balagnas (Haute-Pyrénées) - le village de grands jeunets riants |
Et
Boudet n'hésite pas à s'immiscer dans les origines de la langue basque
dès la page 112 de son ouvrage phare pour nous donner quelques
définitions hilarantes et conclure : |
Boô-Silhen (Haute-Pyrénées) - le buisson des anguilles femelles |
Certains
ont voulu s'appuyer sur ces loufoqueries inconscientes pour justifier la
présence d'un codage tellement subtil qu'il reste incompris à ce jour.
Ils prétendent en cela que c'est oeuvre unique mais c'est inexact car J.
Cénac-Moncaut fit mieux encore que le prêtre de Rennes-les-Bains. Ainsi
osa-t-il expliquer par le celto-breton certains noms des vallées d'Argelès
et cela donne des collages qu'auraient adorés les surréalistes. Et des étymologies de cet acabit, on en découvre des centaines à la lecture des exemples fournis. Laü-balagnas devient "le village des grand jeunets riants" alors que la réunion des deux noms est aussi une fiction administrative ! Bien
sûr la majorité de ces noms chez Boudet comme chez Cénac-Moncaut sont
d'origine romane et l'on comprend que ce que l'on prend pour subtil
codage chez Boudet n'est qu'aveuglement fantaisiste chez Cénac-Moncaut
et inversement. A moins que Cénac-Moncaut ne veuille lui aussi nous
mettre sur la piste d'un trésor basque ! |
Notes
et sources : |
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