Malgré
le travail incessant des nombreux exégètes des textes bibliques qui se
sont succédés tout au long des siècles, malgré d'innombrables
nouvelles traductions du Livre des livres, il nous faut bien admettre que
certains détails des rituels les plus secrets enseignés par le Dieu de
Moïse aux Grands prêtres qui l'ont servi nous restent bien obscurs.
Oubliés des historiens, ces rites le sont aussi des chercheurs
qui pensent pourtant que nos prêtres du Razès ont pu retrouver la
fameuse Arche d'Alliance !
Mais, contrairement à ce que croit le grand public, le contenu de
l'Arche représentait aux yeux du peuple d'Israël un aussi grand
trésor que l' Arche, elle même.
C'est à ce contenu que nous allons nous intéresser.
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Nous
avons retenu de nos catéchismes et de quelques romans et films, le
merveilleux entourant l'Arche d'Alliance. On se souvient qu'elle fut
construite sur les indications très précises du Divin pour lui servir
de lieu de matérialisation entre deux représentations de taureaux ailés posées sur
son couvercle d'or massif et nommées Chérubins.
Ce coffre contenait
les deux tables de la loi en
pierre, et selon les Épîtres aux Hébreux, le bâton d’Aaron et un vase d'or
protégeant la Manne divine qui nourrit le peuple de Moïse durant sa traversée du désert. |
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Le grand prêtre Aaron, qui seul pouvait approcher l'Arche, était lui-même
soumis à des règles de comportement et de tenue très strictes.
L'ensemble étant très précisément décrit dans le livre de l' Exode. Mais
nous en avons également un très bon témoignage dans les Antiquités
judaïques de Flavius Josèphe (1).
La partie
supérieure de la tenue de ce grand prêtre était d'une intense richesse, composée des
pierres les plus précieuses.
Au niveau de sa poitrine, la tunique (Ephod)
qu'il portait, laissait place à un carré ouvert sur lequel venait
s'accrocher par des anneaux une poche nommée pectoral (l'hoshen). Ce
pectoral protégeait douze pierres précieuses, symbolisant les douze
tribus d'Israël. (Voir illustration ci-contre).
Au chapitre 28 verset 30, nous pouvons lire ceci, en général peu
commenté :
"Tu accrocheras au pectoral du jugement les ourim et les toummim
et ils seront sur le cœur d'Aaron quand il entrera devant la face de Yhwh,
et Aaron portera le jugement des fils d'Israël sur son cœur devant la
face de Yhwh pour toujours." (2)
ou selon d' autres traductions : "tu
placeras dans le pectoral du jugement le Ourim et le Toummim..."
(3) ou "tu adjoindras..."(4)
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Il semble, pour certains exégètes que ce soient des objets utilisés pour
déterminer la volonté de Dieu, ce que paraissent en effet nous
confirmer plusieurs passages de la bible. Ainsi, dans le premier livre de
Samuel en 14.v 38 et suivants, où Saül demande au Seigneur si ses troupes doivent
poursuivre les Philistins. Selon uniquement la traduction de la Septante :
Et Saül dit : " Seigneur, Dieu d'Israël, pourquoi n'as tu pas
répondu à ton serviteur aujourd'hui . Si la faute est sur moi ou sur
Jonathan mon fils, Seigneur Dieu d'Israël donne Ourim; si la faute est
sur le peuple Israël, donne Toummim."
Certaines traductions ne donnent que les toummin
(3)
d'autres
n'évoquent que les sorts ayant ainsi traduit les deux mots.
Auparavant dans les nombres 27.21, à propos de la nomination de Josué :
"Il se présentera devant le prêtre Eleazar qui demandera pour
lui, devant le Seigneur, la décision du Ourim."
Et dans le Deutéronome en 33,8 :
"Et pour Lévi, il dit : Ton toummim et ton Ourim appartiennent à
l'homme qui t'est fidèle..."
Nous retrouverons encore ces deux termes dans Esdras 2-63 et Néhémie
7-65 qui reprend le même passage, toujours avec cette même signification de consultation
et de tirage des sorts selon la volonté du Seigneur.
Voilà donc qui fait plus que se préciser : par une sorte de tirage, on
obtenait donc la pseudo décision de Dieu. Mais, il nous faut encore consulter les
Proverbes en 16-33 pour obtenir la façon de procéder :
"On agite les dés dans le gobelet, mais quelle que soit leur
décision, elle vient du Seigneur".
(4)
plus littéralement : on jette les sorts dans le pan
"
(4), sorts représentés par Ourim et Toummin serrés dans le pan de la robe
sacerdotale.
Ainsi, une pratique divinatoire consistait à lancer des sortes de dés pour
connaître les volontés de Dieu. Ces dés ou pierres seraient alors Ourim et Toummim. Dont
l'une indiquerait une réponse positive et l'autre une réponse négative.
C'est aussi l'opinion de Paolo Coelho dans son très célèbre
"Alchimiste" :
"Une pierre
noire, une pierre blanche, ourim la blanche signifie non , toumim la noire
signifie oui
".
Pour Rachi, le savant rabbin protégé du comte de Champagne, le Nom
ineffable de Dieu, celui qui ne se prononce pas, était inscrit sur un
parchemin et glissé dans les replis du
pectoral.
Puis, on adressait les questions fondamentales aux Ourim et Toummim, comme la
loi mosaïque le précise. Les lettres gravées sur les pierres s’éclairaient,
formant les mots de la réponse divine, que l’on pouvait « lire » de
cette façon.
(5)
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Enfin, Maurice Magre (1877-1941) nous présente, sans malheureusement nous
donner ses sources et avec semble-t-il quelques confusions, une autre
vision du processus divinatoire.
Selon l'ésotériste
toulousain l'Urim et le Thumin, symboles du Oui et du Non en Onyx étaient
disposés sur une sorte de carré magique nommé Ephod (en réalité une
tunique de lin que portait le Grand Prêtre), des figures
sculptées nommées Théraphim étaient alors disposées selon un rituel
connu du seul Grand prêtre sur l'Ephod. Leur position était interprétée pour révéler
le message de Dieu.
Leur placement entre les Chérubins, lieu de matérialisation de l'esprit
divin, pourrait alors correspondre à l'hypothèse émise par certains
chercheurs d'un champ d'énergie constitué par l'arche elle-même et qui
se serait focalisé précisément entre les Chérubins. A cet endroit,
l'énergie condensée par l'arche aurait pu faire se mouvoir quelques
pièces lourdes sur le couvercle d'or.
Maurice
Magre voit dans ces Théraphim les ancêtres de notre Tarot et pense que le
célèbre astrologue Nostradamus savait manier ces figures pour en
apprendre l'avenir. Il fut sans doute le dernier car aujourd'hui tout cela
semble bien oublié.
Christian Attard
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