En suivant le méridien ...



L'ermite de Galamus 
(CPA - Coll. Ch. Attard)

En 1616,  paraît à Strasbourg, sans nom d'auteur, "Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz". Un des trois textes qui constituent les bases de l'annonce au monde de l'existence des Rose-Croix. 
Johann Valentin Andreae (1586-1654) déclarera dans son "Autobiographie", qui ne fut publiée qu'en 1799, en avoir été l'auteur dans sa jeunesse (entre 1602 et 1604) et qu'il s'agissait d'une plaisanterie (ludibrium-moquerie) pleine de scènes d'aventures.
Il poursuivait ainsi la grande tradition du mouvement gouliard faite à la fois de farces mais aussi de profondes révélations et dont Rabelais sera un des grands porte-paroles.

L'action des noces se situe en 1459.

Ce texte allégorique et mystique, narre, à la première personne, l'expérience initiatique de Christian Rosenkreutz. Au cours de sept journées, emplies d'évènements merveilleux et symboliques, Christian Rosenkreutz participe aux noces alchimiques du Roi et de la Reine.

La première journée (1) on y apprend que Christian vit en ermite dans une caverne creusée au flanc même de la montagne et soumise aux vents mauvais. Là, il semble habitué aux tentations du démon lorsque lui apparaît peu avant Pâques un être ailé qui lui remet une lettre scellée. Doutant de l'appartenance aux forces du bien de la créature missionnée, il examine la lettre et la présence d'une inscription le rassure car il sait qu'elle chasse le Diable. 
Une inscription bien connue des chercheurs des deux Rennes :
 

"In hoc signo ! vinces"







Au-dessus de cette inscription figurait un signe que ceux qui appréciaient les ouvrages  du "philosophe" et homme de savoir anglais John Dee durent rapidement reconnaître ; car l'érudit en avait fait son glyphe personnel. 
Son ouvrage : le " Monas Hieroglyphica" édité en 1564 en expliquant la création et le fonctionnement cabalistique. 
Nous reviendrons plus loin sur le rôle primordial de Dee.

Christian est appelé aux noces du roi sur la montagne aux trois temples. Mais avant de partir, il rêve être enfermé dans une tour-prison où seule une corde lancée par 7 fois (2),  agrippée par bonheur, le sauve. 

Boiteux (comme Jacob) à cause des blessures occasionnées par ses chaînes, marqué par ce rêve, il prend la route.

Il s'est auparavant vêtu de lin blanc,  a marqué son habit d'une croix rouge (comme les templiers aux blancs manteaux) et mis des roses à son chapeau. 
Roses et croix qui deviendront les symboles de la fraternité. 

La deuxième journée, Christian est confronté à un choix : trois chemins s'offrent à lui. Mais le combat d'une colombe et d'un corbeau le pousse sur l'une des trois voix malgré lui et à l'instar de ceux qui veulent obtenir le "savoir", il part donc vers le Midi.





Voici ce que dit alors le texte :

"Je me mis donc en route en portant patiemment ma croix, et, comme le sort en était jeté, je pris la résolution de faire tout mon possible pour arriver au but avant la nuit. Maintes fausses routes se présentaient devant moi ; mais je les évitais grâce à ma boussole, en refusant de quitter d’un pas le méridien, malgré que le chemin fût fréquemment si rude et si peu praticable que je croyais m’être égaré."

Bien évidemment ce texte est hautement symbolique et tout n'y est qu'allégories sur la voix de l'accomplissement ultime qui transformera le minerai impur sortant de sa sombre caverne en or éternel et pur du palais royal. 

Mais ce texte ne peut qu'interpeller les curieux et chercheurs s'intéressant aux énigmes du Razès tant il évoque nombre de thèmes bien connus : ermite, grotte, IHSV, méridien... 
Mais à ce propos, de quel méridien pouvait-il bien s'agir en 1616 ?

Inutile d'essayer de rattacher ce méridien à un tracé précis. Nous savons que la mesure du méridien sera pensée vers 1667 et concrétisée en 1718-1740.  
Auparavant, le méridien en référence en France était celui dit de l'île de Fer aux Canaries mais seulement depuis 1634. 
A moins, qu'encore une fois, le texte ne soit un hommage à John Dee, inventeur dit-on du méridien de Greenwich et en tout cas expert de la Reine en matière de navigation. 

Christian Attard


Gravure attribuée à Albrecht Dürer






Gravure représentant John Dee, 
F. Cleyn, 1658




Notes et sources :

(1) - le texte traduit en français est disponible sur le site suivant : http://www.lescheminsdhermes.org/Livre-des-Noces-Chimiques-Premier.html
(2) - Possible symbole de la Kundalini et de sa corde d'argent aux sept çakras ?





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