Le Hiéron du Val d'Or





Le Christ au sacré-cœur sur le fronton de la villa Béthania à Rennes-le-Château.
(Photo Christian Attard)




Le 3 décembre 1901 mourrait Félix Arsène Billard, évêque de Carcassonne, le 25 décembre de la même année, jour si symbolique, un curé de son diocèse le père Laborde écrivait sur son ancien supérieur une "notice" d'une incroyable dureté. Il y dénonçait une série d'agissements peu édifiants, mais au fil des mots nous apprenions aussi que l'ensemble des prêtres du diocèse avait fait pèlerinage à l'église du Sacré-cœur de Montmartre.





Le Christ au Sacré-cœur sur le porche de l'église de Rennes-les-Bains




Au sein de la population catholique et royaliste du Languedoc, le père jésuite Henri Ramière eut une grande influence. Natif de Castres en 1821, il fut le promoteur de "l'apostolat de la prière" reprenant les pensées du père Gautrelet. En 1861, alors que Ramière est à Lyon, il publie "l'apostolat de la prière, Sainte Ligue des cœurs chrétiens unis au cœur de Jésus pour obtenir le triomphe de l'église et le salut des âmes" et en parallèle fonde une revue "le messager du cœur de Jésus". En 1868, muté à Toulouse, le père Ramière y transporte ses oeuvres.
Cet Apostolat de la prière se consacrait à des thèmes tels que la dévotion au Sacré-cœur, le culte eucharistique, la piété mariale et diverses oeuvres charitables.
Selon le père Ramière, le règne du Christ verrait l'accession sur terre d'une conversion totale de toutes les religions au catholicisme. En 1863, il s'était allié au père Drevon et à son "Association de la communion réparatrice" également vouée au culte du Sacré-cœur. Politiquement ces associations étaient très liées aux légitimistes. 





Dans le chœur de l'église de Rennes-le-Château

Au sommet du porche de l'église de Rennes-le-Château

Sur le petit autel de la serre de la villa Béthania




Après la mort du père Drevon, lui-même continuateur du père Ramière, une autre organisation prit le relais, elle fut connue sous le nom de "Hiéron du Val d'or". 
En 1877, Drevon et un diplomate basque, le baron Alexis de Sarachaga créèrent la "Société du Règne social de Jésus-Christ" ou "Institut des Fastes eucharistiques" ou "Hiéron du Val d'Or". Cette association se qualifia de : "Franc-maçonnerie chrétienne du Grand-occident" et luttait contre la maçonnerie traditionnelle.
Paul Le Cour nous éclaire sur les finalités de cette association (1) :

- Démontrer les origines lointaines du Christianisme (Atlantide, Druidisme, Égypte, judaïsme)
- Reconstituer la tradition sacrée
- Annoncer le règne social et politique du Christ-Roi
- Enseigner le nom sacré de Aor-Agni - AA - Lumière et feu !





Les deux vitraux de la porte  de la villa Béthania. 
A gauche le sacré-cœur de Jésus, à droite celui de sa mère.




Le hiéron se consacra donc à retrouver la langue primitive, dite langue adamique, censée avoir été utilisée avant Babel et créa un "institut scientifique du Sacré-cœur". Mme Bessonet-Favre (fille du docteur Henri Favre, célèbre occultiste) se consacra à l'étude comparative des écritures primitives. Elle en avait conclu que le latin précédait l'hébreu et le grec et qu'il n'était qu'un dérivé de... la langue celte !!
Pour le Hiéron, la race française représentait le peuple élu par le Christ pour l'établissement de son royaume terrestre et pour réaliser cet avènement une "chevalerie du Sacré-cœur" fut instituée.

Très proche de ces institutions Jules Doinel, archiviste et bibliothécaire à Carcassonne fonda avec le très controversé Léo Taxil sa "Ligue du Labarum antimaçonnique". Cet ordre catholique et militant fut consacré, lui aussi au Sacré-cœur le 19 novembre 1895 et avait pour but la défense de la Foi, des droits et des biens de l'Église contre la Franc-maçonnerie. 
Il s'était articulée autour de trois grades : légionnaires de Constantin, Soldats de St Michel et Chevaliers du Sacré-cœur.





Rennes-le-Château Rennes-les-Bains Rennes-le-Château


Ne trouve-t-on pas matière à bien des parallèles avec les mystères des deux Rennes ?

Nous savons la quête d'Henri Boudet, à la recherche de cette même langue adamique dont son livre "Le cromlech de Rennes-les-Bains et la vraie langue celtique" est l'exposé, mais sait-on que "Hiéron" signifie en grec "l'enceinte sacrée" équivalent au cromlech de l'abbé ?
Le domaine de Béranger est constellé de représentations du sacré-cœur et le sommet du porche de l'église le voit trôner en majesté.
Quant au labarum de Constantin et à la fameuse devise qui va avec : "Par ce signe tu vaincras", ils sont eux aussi présents sur les deux sites.

Autant de signes et de symboles qui pourraient laisser supposer que le petit monde de Bérenger Saunière pouvait fort bien se composer à la fois de maçons notoires mais aussi d'anti-maçons moins déclarés. Ces derniers luttant secrètement contre les premiers avec des connaissances cachées toutes similaires et une logistique financière efficace.
Saunière agent double ?

Christian Attard




Notes et sources :

(1) - Gérard Galtier : Maçonnerie égyptienne, Rose-croix et néo chevalerie aux Éditions du Rocher.



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