L'Ermitage de Galamus  - 3 -


Tête de Rennes-mes-Bains
La tête qui était incrustée dans le mur du presbytère de Rennes-les-Bains jusqu'en 1992.
Celle de Saint Dagobert selon "L'or de Rennes" !




Il fut évoqué tout récemment au cours d'un échange sur ces fameux réseaux sociaux, l'énigme de ces têtes qui auraient été trouvées au-dessus de la station thermale de Rennes-les-bains. Si l'on sait à quoi ressemblait l'une d'elles pour l'avoir vue en photo (image ci-dessus) ou au petit musée local, on ne peut que supposer à quoi ressemblait la seconde en se réferant à la seule description qu'en fit l'abbé Boudet page 234 de sa "Vraie langue celtique".  Mais pourquoi pense-t-on qu'elles furent "deux" ?


Dans son bulletin de 1969, la Société des Etudes Scientifiques de l'Aude a publié une note sur une tête sculptée signée U. Gibert et G. Rancoules. Il est important de relire ce qu'il nous disent  (J'ai conservé les points qui me semblent essentiels) :

1) État actuel de la sculpture.

Il s'agit d'une tête féminine, sculptée en haut relief dans un bloc de grès rougeâtre assez grossier../.. le nez seul est cassé à la base, laissant voir les deux forages des narines. Les mèches de la chevelure sont indiquées mais sans détails très fouillés; le dessus de la tête légèrement aplati présente une profonde cupule plus ou moins conique.

2) L'origine

Une mention plus intéressante est donnée par l'abbé Boudet (1), la voici "in extenso": "Face au point ou se trouvent la station thermale et l'église paroissiale, la ligne courbe faite par l'assise des rochers porte le nom de "Cap de l'homme". Un menhir était conservé à cet endroit et l'on avait dans le haut, sculpté en relief une magnifique tête du Seigneur Jésus le Sauveur de l'humanité. Cette statue qui a vue près de 18 siècles, a fait donner à cette partie du plateau le nom de "Cap de l'homme" (tête de l'homme: l'homme par excellence, filius hominis). Il est déplorable que l'on ait été obligé, au mois de décembre 1884, d'enlever cette belle sculpture de la place qu'elle occupait pour la soustraire aux ravages produits par le pic d'un malheureux jeune homme, lequel était loin d'en soupçonner la signification et la valeur.

(En note: "cette tête sculptée du Sauveur est entre les mains de monsieur Cailhol d'Alet")

Or, sur le mur du presbytère, sous la tête sculptée on peut lire "sculpture détachée d'un menhir placé sur l'extrême rebord du Pla des Bruyères, faisant face à l'église paroissiale". Sommes nous en présence de la tête dont l'abbé Boudet parle dans son livre édité en 1886?


Nous ne le pensons pas et voici pourquoi:

Madame Tiffous, née Alys Griffe, en 1886, à Rennes-les-Bains, nous a déclaré: "M. De Grossouvre, ingénieur des mines à Bourges, M. le colonel Toucas, de Périgueux, et mon père Joseph Griffe de Rennes cherchaient des filons de minerai au Pla de la Côte ou Pla des Bruyères, terrain appartenant au comte H. De Fleury. Ils ont découvert un bloc de pierre qui leur a paru intéressant, l'ont amené à Rennes ou mon père et l'abbé Boudet l'ont nettoyé et ont vu que c'était une tête. M. Martin, maçon, sur l'ordre de l'abbé Boudet a placé cette tête à l'endroit ou elle se trouve encore; cela se passait aux environs de ma douzième année, c'est à dire vers 1898."

Même en tenant compte de la fragilité du témoignage humain après un tel délai, il paraît vraisemblable que l'on a affaire à deux têtes différentes:

Année de trouvaille 1884 et 1898 soit un intervalle de 14 ans.

Tête masculine d'une part, féminine de l'autre.

Tête fixée sur un rocher pour le première, bloc déjà détaché pour la seconde.

Tête donnée à M. Cailhol pour la première, le maçon Martin scelle la seconde dans le mur du presbytère.

Mais le lieu de la trouvaille reste le même : le rocher dit "Cap de l'homme" sur la limite et au bord du Pla de la Cote ou des Bruyères .Nous avons pu vérifier que les grès formant la rive rocheuse du Pla sont exactement semblables à celui de la tête.



Et l'analyse de ces messieurs me semble tout à fait pertinente.
Quant à la tête du Sauveur que mentionne donc notre abbé Boudet, il se pourrait bien que ce soit celle-ci :





Tête du sauveur


La tête du Sauveur ? - Le cap dé l'Hommé ?
(Photo Ch. Attard)




Car, à l'évidence, cette tête-ci aussi fut extraite du roc où elle était sculptée et il ne fait pas de doute ici que nous ayons affaire à un homme portant la barbe et pouvant fort bien être pris pour le Sauveur.
Le carré Sator de gravure plus récente ne fera ici l'objet d'aucun commentaire, c'est une autre histoire. Mais il faut à son propos se souvenir aussi d'un autre carré Sator et d'une autre tête de Dagobert évoquée par Plerre Plantard.

Pour celle qui nous occupe, l'abbé Boudet nous précise bien par ailleurs que cette tête du Sauveur fut donnée à un certain Constantin Cailhol d'Alet.  Cet homme qualifié d'explorateur à propos d'une découverte faite, nous dit le curé de Rennes-les-Bains, dans la caverne de Bize (Aude), n'a guère laissé de traces en dehors de ces références données dans "La vraie langue celtique".

Cependant, il est évoqué une fois encore à propos de meules page 241 et l'abbé Boudet nous redit que le fragment de meule dont il parle se trouve lui aussi en possession de M. Constantin Cailhol.

Connaissant les facétieuses explications pseudo étymologiques d'Henri Boudet, beaucoup y ont vu une allusion répétée à la clef : cai/key et à la grotte, la caverne : hole.  Le prénom de Constantin ouvrant à de multiples hypothèses lui aussi. Or nous sommes finalement bien ici dans une caverne.






Galamus



Mais revenons à nos meules. Voici ce qu'écrit l'abbé :

"Ce qui détermine en nous cette pensée, c'est le fragment de meule à bras, en fonte de fer, retiré du sol le 26 novembre 1884, par des ouvriers travaillant, au-dessous de la Borde-neuve, à la construction du chemin de Rennes-les-Bains à Sougraigne. (1) "

(1) Ce fragment de meule est en la possession de M.Constantin Cailhol, à Alet.

Or étrangement, il était exposé dans la grotte principale de Galamus plusieurs fragments de meules anciennes marqués du fameux chrisme !

Ce peut-il que M. Constantin Cailhol ou sa famille aient fait don de ces pièces les plus encombrantes aux ermites de Galamus ?
La question n'est pas à négliger car, à ma connaissance, je n'ai pas vu ailleurs ce même type de meules exposé à côté de ce portrait gravé dans le roc.
Et il faut bien le reconnaître nous avons là bien des éléments récurrents de notre histoire : caverne, ermite de St Antoine cher à Téniers, chrisme et donc signe par lequel tu vaincras ...

Christian Attard.




Meule
Meule

Meules et fragments de meules de Galamus
(Photo Ch. Attard)






Notes et sources :

(1)  Abbé BOUDET: La vraie langue Celtique et le cromlech de Rennes-les-Bains ; Pomiès, Carcassonne, 1886, page 234 et 241.
(2)  Bulletin de la Société des Etudes Scientifiques de l'Aude, tome LXIX (1969) pages 149 à 155.




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