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Ascendance davidique ? | ||||
Faut-il...
peut-on accorder une once de confiance aux récits et livres écrits par
Gérard de Sède ?
Sur cette question, les avis sont bien sûr partagés, mais on doit accorder à l'écrivain des sources le plus souvent très bien renseignées. Même si j'étais porté à prendre ses livres avec des pincettes, je dois dire qu'une énième visite de la Cathédrale Sainte Marie d'Auch dans le Gers m'a conduit à reconsidérer avec plus d'attention ses écrits et à comprendre une fois encore que les lieux de certaines "révélations" sont multiples. Cette série de réflexions sur une des plus belles et des plus méconnues cathédrales de France, je l'espère, vous en convaincra. | ||||
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Dans le livre "La race fabuleuse" (1), c'est un certain marquis de
B. qui joue les informateurs de Gérard de Sède, d'aucuns ont pensé
fortement à Philippe de Chérisey alors que selon d'autres il s'agirait
du grand maître d'une obédience à laquelle Paul Rouelle, auteur de la
photo de couverture de l'ouvrage, ne serait pas totalement étranger.
Allez savoir... Dans un domaine où règnent les manipulations les plus
tordues et les plus stupides rien ne serait plus étonnant. | |||
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Une première constatation simple s'impose ici, même si les intéressées
elles-mêmes le soulignent rarement : il y a à Auch tout autant de femmes que
d'hommes représentées sur vitraux, sculptures ou peintures ! Ce qui
doit à mon sens être d'une extrême rareté dans le monde misogyne de notre
chrétienté. Cette constatation pourrait nous laisser
supposer que ce fut aussi une femme qui veilla tout particulièrement à
l'agencement de cette splendide décoration, nous y reviendrons... | ||||
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La brochure de Raymond Montané (2) sur la cathédrale est peu loquace.
Elle se contente de remarquer : "Dans les ogives, les trois fleurs de lis, sur un fond bleu-ciel tout étoilé, sont une évocation du blason royal." Celle de l'abbé Jacques Fauré (3) n'est guère plus explicite : "Les vitraux de cette chapelle s'organisent autour de Jésus en croix. Ils sont surmontés de monumentales fleurs de lys, paradoxal hommage à ce Jésus, roi crucifié et sacrifié. La fin du parcours nous apprendra que la croix est la voie royale vers la résurrection."
Voie royale bien à propos ici pour justifier
l'incompris.
C'est alors Gérard de Sède, qui note avec justesse que le lys symbole marial n'a jamais été jaune mais blanc et que de toutes manières en héraldisme si on veut montrer le lis, on utilise le lis de jardin qui ne ressemble en rien à ce symbole royal stylisé. Pour lui ce "lys" est plutôt un iris, fleur des marais du Nord. | ||||
![]() Le vitrail de la Crucifixion dans la Cathédrale Ste Marie à Auch |
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Un
peu avant, Gérard de Sède nous indiquait que Clovis, à plusieurs
reprises, était représenté soit portant sur sa cuirasse une blouse jaune
parsemée de crapauds noirs, soit entouré d'étendards chargés de
trois crapauds. Il nous rappelle aussi qu'une histoire de France
éditée au XVIIe siècle aux Pays-Bas porte en frontispice
un écu d'azur chargé de trois crapauds d'or et enfin que Nostradamus
évoque très souvent dans ces centuries les rois mérovingiens sous le
nom de crapauds ! ![]() La Crucifixion du chemin de Croix de l'église de Rennes-le-Château |
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Ce que fait aussi l'abbé Boudet dans "La vraie langue celtique" où dès les premières pages, il fait remonter le peuple des gaulois aux kimris, reprenant en cela des écrits plus anciens comme "l'histoire des Gaulois" d'Amédée Thierry (4). | ||||
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On
peut supposer que tout cela au fond n'est qu'une espèce de
para-histoire plus ou moins fantaisiste, non exempte d'arrières
pensées royalistes et catholiques mais pourtant la Cathédrale d'Auch
va bien étrangement nous conduire à reconsidérer ces jugements
condescendants. Il suffit pour cela de se rendre dans le grand chœur
pour y admirer les stalles de chêne du XVIe siècle. | ||||
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Les brochures à son propos ne nous disent rien si ce n'est qu'on pense
que le roi François 1er est représenté ici sous les traits de l'élu
du Dieu d'Israël. Indication précieuse pour percevoir le grand dessein
de cette oeuvre de pierre, de bois et de verre qu'est la Cathédrale. |
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Il n'y a pas d'explication à cette représentation de roi-crapaud dans les ouvrages traitant de la cathédrale ou dans la Bible en référence à David, alors à chacun maintenant de se forger sa propre opinion et de mesurer l'ampleur des coïncidences qui d'un lys jaune surplombant le Christ à un David-roi de France surplombant un roi-crapaud se calquent si bien sur les écrits délirants d'un Gérard de Sède en mal de sensationnel à bon compte. | ||||
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Outre l'abbé Boudet, un autre personnage semblait lui aussi s'intéresser fortement aux mêmes concepts d'origine antique et juive du peuple gaulois, c'est notre bon Bérenger Saunière. Le petit musée installé dans ses anciennes propriétés présentait ses oeuvres sous vitrine et on pouvait y admirer ceci : | ||||
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Bien
sur, l'homme s'est montré publiquement royaliste, mais ce thème
diversement décliné est bien trop présent dans l'énigme des deux
Rennes pour ne pas être aussi largement pris en considération. | ||||
Notes
et sources : (1) -Gérard de Sède - La race fabuleuse - extra-terrestres et mythologie mérovingienne - Éditions J'ai Lu - L'aventure mystérieuse (2) - Raymond Montané - Stalles et vitraux de la Cathédrale d'Auch - 1996 (3) - Abbé Jacques Fauré -La cathédrale d'Auch - Éditions sud-Ouest (4) - Amédée Thierry - Histoire des Gaulois en trois volumes - 1828-1845 | ||||
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