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Au clair de la Lune | ||
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Image des paquets de Chocolat Félix Potin
(Collection
Christian Attard)
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Qui n'a pas chantonné, au moins une fois
dans sa vie, "Au clair de la Lune", cette chanson envoûtante.
Tout comme les comptines, ces chansons populaires ont un rôle que nous
souligne l'académie de Grenoble qui les a étudiées : "Les comptines s’accompagnent de mouvements, de balancements, jeux de mains et de doigts. Elles fixent par la répétition des rituels et des connaissances de base. Les sonorités et le rythme aident à la mémorisation. Elles sont souvent soutenues par une mélodie très simple." (1) Bien des chercheurs se sont passionnés pour ces courtes chansons à sens caché. Pour les uns comme Claude Gaignebet (2), repris par Claude Duneton, elles auraient un rôle d'initiation sexuelle, dimension qui n'échappe pas, nous allons le voir, à "Au clair de la lune". Pour beaucoup d'autres, ces courtes chansons véhiculeraient des messages ésotériques, voire alchimiques. Ces derniers se recopiant les uns, les autres sont innombrables et une recherche sur Internet est assez édifiante à ce sujet. |
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Une autre
chromo dont Pierrot est le héros. |
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Mais d'abord, posons les paroles : | ||
1.
Au clair de la lune, Mon ami Pierrot, Prête-moi ta plume Pour écrire un mot. Ma chandelle est morte, Je n'ai plus de feu ; Ouvre-moi ta porte, Pour l'amour de Dieu. |
2. Au clair de la lune, Pierrot répondit : « Je n'ai pas de plume, Je suis dans mon lit. Va chez la voisine, Je crois qu'elle y est, Car dans sa cuisine On bat le briquet. » |
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3.
Au clair de la lune, L'aimable Lubin Frappe chez la brune, Ell' répond soudain : — Qui frapp' de la sorte ? Il dit à son tour : — Ouvrez votre porte Pour le dieu d'amour ! |
4. Au clair de la lune, On n'y voit qu'un peu. On chercha la plume, On chercha le feu. En cherchant d'la sorte, Je n'sais c'qu'on trouva ; Mais je sais qu'la porte Sur eux se ferma… |
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Si, dans un premier temps,
nous nous attachons à l'étude
des personnages présentés, nous ne pouvons commettre l'erreur commune
de voir comme protagoniste principal de l'aventure, Pierrot. Il est
évident, et contrairement à ce que nous montre la majorité des
illustrations, que ce n'est pas lui qui part à la recherche de feu pour
raviver sa chandelle mais un certain Lubin. Toutes les étymologies sont
claires au sujet de ce nom, il provient du mot "Loup". Or nous savons
combien ce loup a été assimilé à la fameuse matière première des
alchimistes. |
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Une carte
postale où Lubin est Arlequin, personnage de la nuit. |
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Quoi qu'il en soit, nous sommes avec
Lubin indéniablement à la recherche de la lumière, tout comme l'est
l'alchimiste. Lubin n'a plus cette lumière et il va la demander
d'abord à Pierrot en qui l'allusion à la petite pierre est
transparente.
Pierrot est un être lunaire, enfant de la blanche Séléné. Mais Pierrot
endormi a laissé s'éteindre son feu. |
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Séléné
tient le feu lunaire |
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Mais, même si la
chanson se fait ici grivoise car Dieu seul sait ce qui va se passer
derrière cette porte qui se ferme, il ne faut pas s'y tromper nous n'en
sommes pas au stade de la grande conjonction, du mariage du roi et de la reine, pas
encore. Car Lubin va devoir tout d'abord obtenir l'eau claire de la
Lune... Christian Attard |
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Notes et
sources 1 - Voir : "Qu'est-ce qu'une comptine ? 2 - Le folklore obscène des enfants, G.-P. Maisonneuve et Larose, 1980 3 - Henri de la Croix-Haute, Du bestiaire des alchimistes, page 116, Mercure Dauphinois, 2003; |
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