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Pierre-Jean
Fabre
Alchimiste et
médecin de Castelnaudary
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Collégiale
Saint-Michel de Castelnaudary
- (photo
Ch. Attard)
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Pierre-Jean
Fabre demeure si peu connu du grand public, même audois (1), que cela en est une
triste injustice pour un homme qui déploya tant de talents.
Né en 1588 à Castelnaudary dans un milieu bourgeois, il fit ses études de médecine dans la très réputée faculté
de Montpellier, celle-là même où enseigna l'alchimiste Rabelais et dont
fut expulsé le futur mage Nostradamus.
Sensibilisé aux idées de l'alchimiste et
médecin Paracelse (1493-1541), il prend parti pour l'utilisation
médicinale de
l'antimoine dans une véritable guerre qui opposa partisans et opposants
de ce violent purgatif. En 1615, il est docteur, commence donc à exercer à
Castelnaudary. Dès 1624, il publie à Toulouse plusieurs
ouvrages ayant pour sujet l'alchimie ou la spagyrie dont le "Palladium
Spagyricum", dédié à Louis XIII qu'il eut l'occasion de
soigner lors de son séjour à Castelnaudary. (2)
Bon nombre d' alchimistes furent médecins et l'élixir de guérison et de
prolongation de la vie, non pas de vie éternelle ce à quoi aucun
alchimiste sérieux n'a jamais cru, leur importait beaucoup plus que la
fabrication de l'or.
Dès ce premier texte, Pierre-Jean Fabre défend donc le principe d'une alchimie, véritable
philosophie de vie, capable d'expliquer les secrets des trois règnes, mais
aussi d'ouvrir l'esprit de ceux qui l'ont comprise au point d'en faire les
seuls et vrais "encyclopédistes" au sens étymologique du
terme, à savoir l'enchaînement des connaissances.
Son traité sur la
peste connaît un grand succès en 1626 et sera réédité et complété en 1652 en
plein cœur d'une terrible série d'épidémies qui ravageront le Midi toulousain. (3)
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Façade
du Grand Bazar de Castelnaudary construit en 1874.
Hermès et Allégorie de l'industrie veillent sur la ville de Pierre-Jean Fabre.
(Photo Ch. Attard)
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En
1632, il fait paraître à Toulouse son ouvrage majeur :"L'Alchimiste
chrétien" (Alchymista Christianvs) dédié au pape Urbain VIII
(1568-1644) dans lequel il explique
comment l'alchimie peut aider à comprendre les mystères et symboles du
christianisme. C'est dans les sculptures de la Cathédrale Saint-Sernin de
Toulouse qu'il trouvera matière à illustrer ses analyses.
Mais c'est aussi dans cet ouvrage qu'il explique comment il réussit sa
première transmutation alchimique le 22 juillet (jour de la
Sainte Madeleine !!) 1627.
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Deux ans plus tard, c'est dans l'analyse des travaux d'Hercule (Hercules
Piochymicus) qu'il retrouve l'illustration symbolique du long
procédé de création de la Pierre Philosophale.
Pour Fabre, le processus alchimique consiste à extraire d'un minéral sa
partie la plus ténue, son "esprit" pour la ramener ensuite en une pierre
fixée. Rejoignant les penseurs grecs, cet esprit de lumière et de chaleur est, pour
lui aussi, la véritable
origine de toute vie. (4)
Adepte d'alchimistes prestigieux comme Jâbir ibn
Hayyân al-sûfi (Geber), le pseudo Arnaud de Villeneuve ou Le
Trévisan, il écrira encore de véritables encyclopédies alchimiques :
"le Panchymicum" en
1653 et le "Manuscriptum
ad Fridericum" (qui ne sera publié lui qu'en 1690) , où il tentera d'expliquer encore les
concepts de la symbolique alchimique.
En
1636, il dédicace à Gaston d’Orléans, frère de Louis
XIII, son "Abrégé des secrets chymiques" dans lequel il
rappelle ses deux rencontres avec le Prince.
L'une se fit à Toulouse et
l'autre à Anvers, patrie des Téniers et des alchimistes. Il est certain que Fabre non seulement voyagea
mais reçut de nombreux alchimistes européens chez lui à Castelnaudary ou à Toulouse.
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Allégorie
de la Science
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Hermès
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Pierre-Jean Fabre réussit-il réellement à produire la légendaire
pierre philosophale ?
Alors, fidèle à la Tradition, il devait avec la
plus parfaite sincérité le dire, fut-ce de manière détournée. C'est
peut-être ses armories qui parlèrent pour lui. Elles se décrivaient
ainsi :
"De gueules
à un forgeron de carnation contourné à senestre, habillé d'argent
avec des ornements d'or et des brodequins de même, tenant de sa main
dextre élevée un marteau d'argent et de l'autre tenant des pincettes
de même, avec lesquels il tient une pièce de monnaye d'or appuyé sur
une enclume d'argent, le tout accompagné de raies de soleil d'or
mouvantes de l'angle senestre du chef " . (5)
Sur la façade de
sa demeure à la campagne figurait aussi la phrase latine : "Hos
lapides erexit alchymia quae reliqua dilapidat pro lapide"
prouvant que son propriétaire ne manquait pas d'humour puisque cela
pourrait se traduire par : l'alchimie a élevé ces pierres alors
qu'elle dilapide tout pour la Pierre" Est-il
nécessaire d'en dire plus ?
Pierre-Jean Fabre s'éteignit en 1658
connut et honoré par les savants hermétistes de l'Europe entière
aujourd'hui oublié dans sa propre ville.
En 2005, des chercheurs britanniques purent remettre la main sur des fonds
d'archives ayant appartenu à l'illustre Isaac Newton (1642-1726), on
le savait très grand alchimiste, on découvrit qu'il lisait et annotait
avec grande
attention Pierre-Jean Fabre, alchimiste et médecin de Castelnaudary,
Aude. (6)
Christian Attard
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A côté
du château, fut érigé en 1554-85 ce Présidial
que connut donc Pierre-Jean Fabre. (Photo Ch. Attard) |
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Notes
et sources :
(1) - Il ne figure
pas sur la page des "chauriens" célèbres du site de sa ville
: http://www.ville-castelnaudary.fr/fr/page23.xml
et l'Office du Tourisme de Castelnaudary ne sait rien de lui.
(2) -Voir ici sa bibliographie complète : http://www.mfo.ac.uk/files/images/BIBLIPJF.doc
(3) - Henry
Ricalens, "Pierre-Jean Fabre, médecin et alchimiste de Castelnaudary"
(1588-1658) et son traité de la peste selon la méthode des médecins
spagyristes.
(4) - Sylvain Matton "Alchimie et philosophie à la
Renaissance"
(5) - Charles d'Hozier "Armorial général de l'Aude" -
Carcassonne chez Pomiès en 1876
(6) - John Harrison " The Library of Isaac
Newton" CUP, 1978
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