L'A.A de Toulouse ...



On doit au Comte Bégouën, en 1913, un livre très étonnant (1) car il révéla une société secrète qui réussit à demeurer parfaitement inconnue de tous (ou presque) et cela tout au long de son existence.
Elle se faisait appeler l'A.A. ou "Associatio Amicorum" ou encore "Assemblée secrète". Et Il ne faut pas la confondre avec la fameuse Société Angélique. Personne n'a au juste su quelle était la signifacation exacte des ces deux A accolés.
Cette société était bien installée dans le Sud-Ouest et avait des "succursales" dans tous les villes de nos régions : Albi, Carcassonne, Béziers...






Le comte Begouen



Le comte Bégouën (Autochrome, 12 x 9 cm),
Georges Chevalier, Département des Hauts-de-Seine, musée Albert-Kahn, Archives de la Planète, A 26 075 X









Mais avant de nous intéresser à l'A.A., il est bon, je crois, de relever un fait dans l'itinéraire de vie du Comte de Bégouen (2). En effet, comme beaucoup d'autres personnes que nous croiserons tout au long de nos études (voir par ex : Du Mège), Henri Bégouën (1863-1956) est un érudit passionné d'archéologie et de préhistoire. Il dirigea le Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse mais c'est surtout un catholique fervent. 




Revenons à l'A.A., cette "association" regroupait essentiellement des religieux et le Comte Begouën nous apprend qu'elle était "émule" de la compagnie du Saint-Sacrement et en général des associations dévotes qui se créèrent en réaction à la Réforme. Et en cela, nous avons une information primordiale car nous savions déjà à quel point cette compagnie cultivait le culte du secret, elle aussi.

Le comte se base pour son étude sur deux documents rares :
Un écrit intitulé : "Une société secrète d'ecclésiastiques aux dix-septième et dix-huitième siècles. L'AA CLÉRICALE. Son histoire, ses statuts, ses mystères avec l'épigraphe : « Secretum prodere noli ». A MYSTERIOPOLIS, chez Jean de l'Arcane, libraire de la Société, rue des Trois Cavernes, au Sigalion dans l'arrière-boutique. MDCCCXCIII avec permission". Et un autre d'un certain Lieutaud, ancien bibliothécaire de Marseille  : « A et AA, prodrome d'une future encyclopédie provençale ». Il dit avoir pu en outre consulter rapidement les archives de l'AA de Toulouse.

Faut-il voir dans ces A.A. l'archétype d'une association secrète au cœur même d'une autre institution. 

Cette congrégation chrétienne subsista du milieu du XVIIème siècle au milieu du XIXème pour finalement, s'éteindre vers 1845. Cette extinction serait due en grande partie à l'opposition qu'elle rencontra dans la hiérarchie catholique officielle.

Fondée en 1632 par des membres de la tristement célèbre "Congrégation" au collège de La Flèche (en Anjou) par le père Bagot, un jésuite qui selon certains appartenait à la Compagnie du St Sacrement, elle s'étendit très vite à Paris puis à Toulouse dès 1658 par l'action du père Vincent de Meur (1628-1668), un prêtre des missions étrangères et du père Ferrier, jésuite. C'est à Toulouse que s'établirent les bases nouvelles d'une association essentiellement destinées aux ecclésiastiques et où se recrutèrent les sept premiers prêtres qui aller faire prospérer l"AA dans tout le Sud de la France.
 




L'A.A. était composée d'ecclésiastiques qui formaient : "L'A.A. des théologiens" et de laïcs et clercs qui eux entraient dans "l'A.A. des messieurs". Officiellement les buts de cette association étaient l'entraide et le soutien des membres dans leur foi, prières et exercices de mortification mais aussi le soin aux malades et prisonniers (à l'image de St Vincent).

Alors, avec de tels buts pourquoi le culte du secret ?

Par modestie et humilité pour ne point tirer gloire de leur charité !

Quoi qu'il en soit tous promettaient une fidélité absolue à l'association, une grande dévotion à la Vierge Marie et à la défense de l'idée "d'immaculée conception".
Il semble qu'à Paris la paroisse de Sainte-Colombe ait réuni plusieurs membres des A.A., souvent clercs et étudiants qui bien que contestataires (comme il se doit) étaient cependant ainsi maintenus au saint de l'église Catholique.




Malheureusement les A.A. ne s'en tinrent pas à des vœux aussi pieux et soutinrent sous la Révolution et l'Empire la royauté et l'aristocratie religieuse. 
Elles organisèrent la résistance au rattachement civil du clergé et incitèrent les prêtres à ne pas se rallier à la République, favorisant leur fuite vers l'Espagne (Souvenons-nous de Bigou et de Saunière).




Christian Attard
26 juillet 2013







Notes et sources :
(1) - Livre que l'on peut trouver en téléchargement moyennant paiement.
(2) - sur http://www.hominides.com/html/biographies/henri-begouen-comte.htm




Retour vers la Reine