Depuis
que Jean-Pierre Garcia et Franck Daffos ont révélé par forum (1) et
livre interposés (2) que le plus ancien tableau présent du sanctuaire
de Notre Dame de Marceille n'était pas comme le croyaient les Monuments
historiques une oeuvre d'Ambroise Frédeau mais plutôt de son frère
Mathieu, une sorte de silence dubitatif s'est glissé sur l'auteur
véritable de ce tableau.
Tour à tour supposé être Ambroise - Antoine (par erreur dans
certaines notices) Frédeau, David Téniers et maintenant Mathieu
Frédeau, bien malin qui sait en vérité le véritable auteur de cette
remarquable peinture et surtout en apportera la preuve solide. |
Certaines études, bien
construites, ont pensé pouvoir démontrer la falsification de la
signature actuelle et y déceler celle modifiée et recouverte de David
Téniers (3).
Mais il convenait surtout de s'assurer auparavant, je crois, que nous
avions bien sous les yeux une authentique signature de Mathieu Frédeau.
Cette démarche fut discrètement réalisée par certains, obtenant
l'assurance orale, uniquement, que cette signature était en tout point
conforme à celles répertoriées de Mathieu Frédeau. Était-ce
suffisant pour affirmer la certitude que le peintre avait bien réalisé
ce tableau ?
J'ai moi aussi en son temps interrogé un des rares experts de l'art qui
connaît suffisamment l'œuvre de Mathieu Frédeau pour pouvoir tenter
une expertise, M. Sylvain Kerspen. Affirmatif, après avoir examiné la
signature que je lui envoyais mais sans portant avoir fait le
déplacement à Notre Dame de Marceille, il me confirmait plusieurs fois
que le St Antoine du sanctuaire limouxin était bien un Mathieu Frédeau.
Il existe cependant des oeuvres de Mathieu Frédeau répertoriées en
France. Une, figure au catalogue du musée des Beaux-arts de la ville de
Tours. C'est sur cette oeuvre que nous retrouvons, et cette fois sans la
moindre contestation possible, l'authentique signature de Mathieu
Frédeau. Il était dès lors, je crois, essentiel de pouvoir
disposer de cette signature.
La voici pour la première fois, je pense, montrée à la
communauté des chercheurs :
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Et
quelques surprises sont au rendez-vous. Car très visiblement si les
deux signatures gardent une certaine cohérence, ressemblance
générale, la signature de Tours parait moins ronde et garde
une certaine raideur du trait.
Celle de Notre-Dame de Marceille est
tracée avec beaucoup plus d'ostentation, elle est presque trop
"luxueuse".
Plusieurs lettres dont le "I" majuscule
du "In" n'ont pas le même profil. Le "Fécit" est
à Tours écrit en toutes lettres. Et surtout le prénom ne
figure pas lui en toutes lettres. A en juger, il s'agit soit d'un
"M" seul, soit d'un ensemble de lettres MTH ?
Enfin la date : 1642 est affirmée alors qu'elle est absente à
Notre-Dame.
Si imitation, il y eut, elle est malgré ces quelques différences
proche de la perfection sur le nom de Frédeau : même forme générale,
même absence de majuscule sur le "F". Le faussaire n'a pu
qu'avoir sous les yeux la signature authentique...
Je me garderai bien cependant de toute conclusion définitive, n'étant pas expert
en la matière.
A ceux qui ont plus de compétences de jouer. Ils ont
maintenant les éléments de base de nouvelles réflexions. Cependant,
tout me laisser penser que nous n'avons pas sous les yeux un tableau de
Mathieu Frédeau mais de son frère Ambroise et je m'essaierai à la
démonstration prochainement.
A la vérité, le tableau qui porte cette véritable signature
m'interroge bien d'avantage que le jeu des différences ou des
similitudes qui renvoie maintenant de l'un à l'autre. Car il s'agit
d'une magnifique "Marie-madeleine pénitente" !
Personnage dont la présence insistante dans notre énigme est
terriblement troublante. Peut-on se laisser aller à supposer une
tentative discrète permettant de nous remettre sur les pas à Notre
Dame de Marceille de la belle pénitente de Rennes-Le Château ?
Christian Attard
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