Le dragon du 17 janvier

L'apparition de saint Michel de Pacino di Bonaguida vers 1340

Une chapelle de Notre Dame de Marceille est, nous dit-on, dédiée à St Michel, l'archange bien connu et unanimement vénéré dans toute la chrétienté.
Il n'est pas exceptionnel en conséquence de le retrouver vainqueur du démon dans bien des églises du midi aussi.
Chef des armées célestes, revêtu de sa côte de maille ou de son armure étincelante, il est traditionnellement armé de sa lance et selon l'expression "terrasse" le dragon, sans pour autant le tuer. Il n'est pas rare d'ailleurs que le sommet de cette lance soit constitué d'une croix ( par ce signe tu le vaincras ). 
Un des tableaux les plus célèbres représentant cette lutte, non pas sans merci, puisque le démon n'est au fond jamais entièrement tué, est celui d'Eugène Delacroix qui orne le plafond de la chapelle des Saints-Anges de l'église Saint-Sulpice à Paris. 

saint Michel terrassant le dragon par Eugène Delacroix

Je ne m'étendrai pas longuement ici sur les allusions alchimiques que peuvent enfermer de telles représentations. 
Mais, il nous faut quand même retenir que de tous temps le dragon fut assimilé à la matière première à transcender. Certains alchimistes ont pensé voir dans cette matière première le cinabre, ou sulfure de mercure de formule HgS. Cinabre qui tire son nom du latin impérial cinnabaris , lui-même emprunté au grec signifiant « cinabre, sang de dragon», et à un mot possiblement perse.
Et cela, très certainement par allusion à la couleur rouge que nous retrouvons à la fois sur la cape du "dragon" du Delacroix et dans les ailes de celui de Notre Dame.
Ajoutons l'amusante constatation que "Saint Michel" est le presque parfait anagramme d' "alchimiste" à une lettre près le N, trop absent ici, inversé ou pas. Et, que l'on comprend mal pourquoi un archange se voit exceptionnellement qualifié en plus de saint !
Rappelons-nous enfin qu'Hermès fut souvent purement et simplement remplacé par Michel l'archange.
On pourrait ainsi voir dans cette symbolique une allégorie de plus d'une des phases du Grand oeuvre.

Mais ce sur quoi j'aimerai attirer votre attention est tout autre, et je vous convie maintenant à observer la représentation de St Michel et du dragon que l'on peut donc trouver à Notre Dame de Marceille.

La Chapelle de St Michel dans Notre Dame de Marceille

Nous sommes un peu loin et la photo ne vous permet peut-être pas d'apprécier à leur juste valeur l'ensemble des détails, aussi allons-nous zoomer un peu et au passage restaurer légèrement et isoler (il le mérite bien) cette figuration du "terrasseur" de dragon. 

En effet, vous avez bien remarqué comme moi cette étrange anomalie que personne à ce jour n'a pourtant signalée ! La baguette de bois pointée à mi-hauteur du mur de cette chapelle et qui d'ailleurs semble ne rien séparer passe bien SOUS LES GRIFFES du dragon et sur le tableau.
Comment cela est-il possible et pourquoi ? 
Aucune explication logique ne me semble correcte : si la baguette fut pointée (on voit la trace des clous) après la pose du cadre rien n'empêchait de soulever le cadre et de le reposer sur elle, si cette baguette contribue à l'assise du cadre alors pourquoi seule cette griffe passe sur elle !
Il faut bien se rendre à l'évidence : c'est intentionnellement que la baguette fut ainsi placée et cette griffe positionnée dessus !

Et l'on se prend alors à comparer notre représentation locale à celle de St Sulpice, la position des deux démons étant assez similaire, ils semblent tous deux s'agripper à une "horizontalité salvatrice" mais en vain, St Michel va avoir raison d'eux.
 
C'est le 17 janvier que la constellation du Dragon dans nos cieux franchit le Méridien Zéro symbolisé ici par la lance de Michel légèrement inclinée sur son axe, c'est le 17 janvier que ce dragon s'allonge pour finir par disparaître sous l'horizon sonné par le combat et avant son prochain retour en meilleur forme. Il est donc proprement "terrassé", relégué sous terre.

Cette date ne peut m'empêcher de penser que fort symboliquement ce fut celle choisie par Nicolas Flamel pour, dit-il, accomplir - achever le grand oeuvre - un 17 janvier, lui aussi.

Pour faire bonne mesure, je vous invite pour finir à apprécier la succession de roses et de croix qui constituent l'encadrement du tableau et qui se lisent donc Rose-Croix et à remonter un peu plus haut pour mieux regarder les croix pattées qui ornaient autrefois plus brillamment qu'aujourd'hui les murs de cette chapelle, peut-être trop délaissée.

Nous reste à comprendre pourquoi, précisément ici en Notre Dame de Marceille cette ligne est si marquée et si peu remarquée ! 

Doit-on, à s'intéresser si fortement au méridien en délaisser ses parallèles, le paysage représenté derrière serait-il à son tour évocateur de quelques rocher ou monts locaux. 
Pour tout cela d'autres que moi seront beaucoup plus qualifiés.

Christian Attard

Notes :
Je vous prie de ne pas hésiter à me faire part de toute explication plus logique concernant baguette, griffe et tableau et je ne manquerais pas si elle s'avère fondée de retirer ou de rectifier cette page - Merci

Mise à jour le 17/06/08 
Étonnante surprise lors de ma dernière visite au Sanctuaire ! 
Ma baguette par un coup de l'ustensile du même nom, et magique en plus, s'était volatilisée ! Et elle seule pas une autre ! Car la logique voudrait que tout un fatras de morceaux de bois accroché au mur de cette chapelle ait suivi le même chemin mais non ! Seule cette baguette a été ôtée comme le montre ma photo !! 
Vérification faite, elle passait bien sous la griffe du dragon et de manière incompréhensible !

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