La véritable histoire de Christian Rosencreutz





Joahnnes Valentinus Andrea




Maurice Magre (1877-1941) (1) que nous avons déjà évoqué ici, avait certes une imagination très fertile mais de là à réinventer la véritable histoire de la vie du mythique fondateur de la fraternité des Rose-croix !
Et pourtant, dans son ouvrage "Magiciens et illuminés" (2), le romancier toulousain va, pour la première fois, révéler une toute autre histoire au sujet de Christian Rosencreutz. Une histoire qui, à y regarder de plus près, ressemble étrangement à une autre belle histoire, rapportée elle, par le mythomane Pierre Plantard.





Maurice Magre 

Il y a près de quatre cent ans, en 1616, un jeune théologien allemand du nom de Johannes Valentinus Andreä (1586-1654) fait paraître un étrange ouvrage : "Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz". Comme l'indique clairement son titre, il va s'agir là d'Alchimie. Pour l'essentiel en tout cas car l'étrange livre semble cacher bien d'autres choses encore.

Avec la "Fama Fraternitatis" (1614) et la "Confessio Fraternitatis" (1615), ce récit initiatique compléte l'enseignement que veut laisser un groupe mystérieux qui a pris pour nom : Rose-Croix. Andreä prétendra avoir voulu édifier ses lecteurs pour les ramener au christianisme par le biais d'une "farce". Mais cela ne peut faire abstraction des deux autres textes que l'on sait issu du groupe auquel appartenait Valentinus et que l'on a nommé "Cénacle de Tübingen" en raison du lieu de sa formation en Allemagne. Composé de juristes, théologiens mais aussi d'hermétistes et de kabbalistes, il semble évident que ce groupe eut d'autres idées en tête que celle de distraire aimablement leurs lecteurs. Voilà ce que nous apprend l'histoire mais cela semble bien insuffisant à Maurice Magre.


S'est-il inspiré des idées religieuses de ce cénacle que beaucoup dirent proches de celles des cathares, fut-il informé à une source secrète ?
Quoiqu'il en soit, Magre va réécrire à sa façon toute l'histoire de Christian Rosencreutz et des Rose-croix.

Pour lui, c'est un cathare réfugié après l'extermination des siens dans le château de Germelshausen au milieu de la forêt de Thuringe qui va initier la contrée aux idées des parfaits.





Malheureusement, en Allemagne aussi les fanatiques dominicains s'évissent en ce milieu du XIIIe siècle. Conrad de Marbourg s'appuyant sur le pouvoir séculier du langrave Conrad de Thuringe va s'emparer du château et tuer toute la famille Germelshausen.
Toute ? Non !
Car le plus jeune fils, emporté par l'instructeur cathare de la famille, va échapper au massacre pour être abrité un temps dans un monastère. Ce dernier des Germelshausen sera connu, nous dit Maurice Magre, sous le nom de Christian Rosencreutz.

Voilà qui  n'est pas sans nous rappeler les délires de Pierre Plantard et de son rejeton mérovingien, créateur du futur prieuré de Sion.




Agé de quinze ans, Christian va partir en compagnie du frère que la "Fama fraternitatis" appelle P.A.L. vers Jérusalem à la recherche d'un mystérieux groupe d'initiateur puis vers Damas. Là, au sein des lettrés et des érudits de l'Orient, il va étudier Maïmonide, Gazali, Maçoudi Euclide et Khayyam, Naçir Eddin et Mecnevi. Puis pensant avoir achevé ses études à Damas, il prit la route vers un autre lieux d'initiation beaucoup plus mystérieux encore Damcar où il vécut quelques années et où on lui enseigna magie et divination. C'est à la fin de cette longue seconde série d'études qu'il prit le nom de Rosencreutz, résumé parfait de tout ce qu'il avait acquis.

Il était temps de rentrer en Occident, non sans être passé encore par l'Espagne où il cotoya la société secrète des Alumbrados vouée à l'Alchimie et qui sera totalement décimée par l'inquisition. En Allemagne, l'inquisition encore, l'incompréhension surtout obligea Christian a rentrer en clandestinité et à retrouver le couvent qui l'avait accueilli après le massacre de sa famille. Trois moines fondèrent avec lui, la fraternité des Rose-croix, un seul était originaire du Languedoc, il portait les initiales I. A. Cet homme regagna le sud de la France où il tenta de répandre secrètement l'enseignement des Rose-croix allemands.


Joahnnes Valentinu Andrea



La légende ne rapporte rien d'autre que le fait qu'il rendit son âme au créateur en région narbonnaise. Deux siècles plus tard, nous dit encore Maurice Magre, émergeait de l'ombre la fraternité des Rose-Croix.




Sources :

(1) On trouvera sur Maurice Magre sa bibliographie sur l'incontournable wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Magre et un très bon article sur le blog suivant :
http://polymathe.over-blog.com/article-19404614.html
(2) Magiciens et illuminés - Bibliothèque Charpentier Fasquelle Editeurs - Paris 1930



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